Fin octobre, dernière partie, dernier trou et puis soudain, en un simple coup d'œil, toute la beauté de cette année de golf exceptionnelle s'exprime!
Le 18e trou du club Sainte-Marie en Beauce ramenant les golfeurs vers le chalet, longe le premier trou. Au milieu de l'allée, je regarde vers le premier trou pour y voir un couple dans la fin vingtaine avec leurs enfants, un gamin d'environ 11-12 ans et une fillette de quelques années de moins. Wow!, voici l'Année Covid pour le golf, me suis-je dit.
Mais ce n'était pas tout! Sur le tertre du départ du trou #1, attendant patiemment que la petite famille s'approche du vert avant de frapper leur coup de départ, deux jeunes couples dans la vingtaine s'y trouvaient. Encore là, wow!
Quel drôle de hasard! Sur le dernier trou de la dernière partie en 2020, un simple coup d'œil confirmait tout ce que les dirigeants de clubs ne cessaient de me répéter quand j'échangeais avec eux pendant l'été, soit que les jeunes avaient envahi les allées en cette année spéciale, qu'un vent de renouveau souffle sur le golf en raison de la pandémie.
Cette pandémie aura en effet amené son lot de beautés pour le monde du golf. Dans cette rétrospective sur l'Année Covid que nous vous proposons depuis quelques semaines en donnant, entre autres, la parole au gens de notre équipe, à mon tour de vous faire part de ce que je retiens de cette saison de golf pas comme les autres.
Atrocités
La pandémie a donc offert de belles choses pour le golf comme ces journées où les grilles de départ étaient pleines de 6h du matin à 6h du soir. Il y en a eu d'autres aussi, comme le travail exceptionnel des gens de la table québécoise de concertation. Il faut le souligner, les représentations faites par cette équipe ont permis pas seulement la reprise du golf, mais aussi de soulager une foule de personnes qui en avaient marre du confinement.
Je me souviendrai toujours de ce midi du 13 mai dernier posté devant la télé et regardant la ministre Isabelle Charest annoncer que les golfs pourraient ouvrir une semaine plus tard, le 20 mai. Je me disais alors qu'ils devaient être des milliers et des milliers à soupirer comme moi dans leur foyer à ce moment précis.
Oui la pandémie a amené son lot de beautés pour le monde du golf mais la vie ne se résume pas à jouer au golf. D'ailleurs, pour y jouer, il faut quand même de l'argent. Et si l'économie est au neutre, à l'arrêt même, il n'y en aura pas d'argent.
On le rappelle, ce ne sont pas tous les clubs de golf qui ont profité de la manne Covid-19. Certains ont subi des pertes énormes du côté de l'événementiel. Et ça, c'est pas mal moins beau.
Cela m'amène à vous parler des atrocités découlant de cette fameuse pandémie sans pour autant être reliées au golf. D'atrocités comme celle du jeune restaurateur qui doit fermer les livres définitivement,
Ou celle d'un entrepreneur qui s'endette et s'endette pour survivre, pour que perdure dans cette tourmente ce qu'il a créé à bout de force et de nuits blanches des années auparavant mais qui doit, au final, jeter quand même les armes, abandonnant bien malgré lui ses rêves et, bien sûr, des employés qui l'avaient accompagné depuis ses débuts.
Il y a celle aussi des gens du divertissement en salle qui dépriment devant tous ces sièges vides, des responsables de gymnase qui endurent le silence de locaux désertés, sans oublier la situation catastrophique des personnes œuvrant dans le tourisme, les voyages, travaillant comme des forcenés pas pour faire de l'argent, mais pour annuler des contrats et effectuer des remboursements.
D'autres atrocités? Les anges des milieux de soins qui gèrent dans le désarroi une situation périlleuse, qui font de leur mieux en risquant leur propre santé et qui doivent, parfois, dans la tristesse insupportable, implacable, concéder la victoire à ce virus de merde. Et surtout, il ne faut pas oublier les victimes directes, celles qui en ont souffert et qui gardent des séquelles, celles qui n'ont pas survécu et qui ont laissé dans le deuil des proches qui n'ont, dans certains cas, même pas pu leur faire leurs adieux.
Enfin, comme autre atrocité, revenons au golf où peu après avoir perdu ses élections, un milliardaire se rendant sur son terrain privé, fait un détour pour regarder des personnes, dont certaines sont armées, manifester et crier à l'injustice pour lui, donner même de l'argent pour le soutenir dans sa lutte de mauvais perdant! Quelque part, perçoit-on tout le cynisme de cette situation? Se battre pour un milliardaire et même participer à un fonds spécial pour l'aider pendant que lui, tout bonnement, s'en va jouer au golf sur son terrain privé!
Quand on voit tout cela, on se dit qu'il y a quand même bien pire dans la vie qu'un double bogey…