Berthierville – «Si je n'avais pas été obligé de réparer cette bévue, je ne serais plus là pour te raconter ça. Je t'en parle, là, et j'en ai encore des frissons!»
Le directeur du Club de golf Berthier, à Berthierville, Martin Genest, va se rappeler longtemps du 8 juin 2021. Ce jour-là, un golfeur qui a décidé de ne pas respecter la consigne en passant carrément avec sa voiture électrique sur un cordage bloquant l'accès à l'allée du trou numéro 1, lui a fort probablement sauvé la vie. Sans le savoir, bien sûr.
Nous venions de terminer notre partie sur ce parcours, jeudi dernier, et attendions sagement M. Genest pour lui poser quelques questions. Nous l'attendions parce qu'il était sur le terrain occupé à ramasser avec son équipe la quarantaine d'arbres rabattus au sol ou foudroyés à la suite du violent orage du 8 juin, vous savez celui dont on a vu des images assez frappantes et en provenance de Trois-Rivières.
Alors le dg se pointe et on n'a pas le temps de lui poser la moindre question qu'il enchaîne sur l'incident vécu deux jours plus tôt. Il en parle avec des trémolos dans la voix, visiblement encore sous le choc. Voici son récit:
Il était environ 15h, mardi le 8 juin, et il faisait 39 degrés! Pas un nuage au ciel! Alors Martin Genest se dit qu'il fallait donner une douche à ses greens, il fallait absolument les arroser pour éviter qu'ils brûlent. Il débute avec le vert de pratique puis s'engage dans le sentier longeant l'allée du premier trou pour aller en faire autant sur le vert quelque 400 verges plus loin.
Mais à peine est-il engagé sur le sentier qu'il remarque que le piquet retenant la corde bloquant l'accès au fairway est par terre, couché ainsi à la suite du passage d'une voiturette. Alors il immobilise son cart et se rend en marchant jusqu'au cordage pour redresser le piquet.
«Je venais de corriger la situation, relate-t-il, quand un bruit d'enfer a éclaté. La foudre venait de s'abattre sur un arbre un peu plus loin. J'ai tout de suite vu que cet arbre était justement à la distance que j'aurais parcourue, si je ne m'étais pas arrêté, et que j'aurais été frappé moi aussi.
«Quelque part, poursuit-il, hésitant et de toute évidence encore ébranlé par ce récent souvenir, si la personne qui a roulé sur le piquet et la corde ne l'avait pas fait, je…(court silence) je ne sais pas ce qui me serait arrivé.»
Les habitués de longue date des allées de golf savent très bien que les pires dangers dans la pratique de ce sport viennent souvent du ciel. La foudre est un ennemi redoutable. D'ailleurs, selon le site web d'une entreprise espagnole spécialisée dans la sécurité contre les orages électriques: Il y a deux données très significatives à prendre en compte lorsqu'on évalue le danger que constitue la foudre sur les terrains de golf. Le premier est que le nombre annuel moyen de décès sur les terrains de golf dans le monde est de 13 personnes, dont la majorité est due aux décharges électriques causées par les orages. Le second chiffre est que 5% de tous les décès dus à la foudre aux États-Unis surviennent sur les terrains de golf, peut-on lire sur ce site.
Selon Martin Genest, photo à l'appui, l'arbre qui a été touché par la foudre a pris feu. Puis, peu après, le ciel s'est rapidement couvert et ce fut le déluge.
«Il est tombé en moins de 30 minutes environ 50 millimètres de pluie et des vents violents se sont déchaînés, estime-t-il. On a perdu une quarantaine d'arbres.»
Terrain étroit
Mais les arbres, sur le parcours de Berthier, ce n'est pas ce qu'il manque. Nous lui en faisons part et il confirme que les ravages, d'une certaine manière, restent assez minimes. «Toutefois, enchaîne-t-il, l'an passé, le 11 août, encore un mardi, une tornade est passée sur le terrain et en l'espace de 5 minutes, elle a fait plus de ravage que l'orage électrique de mardi dernier. La tornade a détruit plus de 140 arbres dont celui qui se dressait au milieu de l'allée du 10e trou à portée de drive.»
C'est ainsi que l'on s'est mis à parler, justement, du parcours de Berthier. On l'a dit plus tôt, nous avions des questions à propos du terrain dont l'une concernant l'étroitesse des allées. Il y a longtemps, très longtemps, nous y avions joué au printemps et étions restés avec l'impression que, si les feuilles avaient garni les arbres délimitant les allées, nous aurions trouvé le terrain très, très étroit.
Et jeudi dernier, évidemment qu'il y avait des feuilles et, oui, oh que oui!, c'était étroit, vraiment étroit.
«Sérieusement, avance le directeur Martin Genest, s'il se joue ici 5 parties sous le par en un été, c'est beaucoup. L'étroitesse des allées oblige la précision. C'est très rare que quelqu'un joue sous la normale sur notre parcours. C'est un bon défi.»
Belles normales 3
Pour cette raison, d'ailleurs, nous avions choisi de partir des jalons Bleu plutôt que des jalons Or. Malgré tout, une normale 71 à près de 6200 verges et des allées étroites ont fait en sorte qu'il n'y avait rien de gagné.
Mais on a quand même apprécié. Le design du parcours offre une belle variété de trous. Certes, il y a plusieurs normales 4 jouant dans les 370 verges, mais elles ont chacune leur cachet.
L'entretien est bon malgré que l'on a joué peu après un orage démentiel ayant laissé des traces, et les verts ne nous ont pas déçus.
Nous avons particulièrement apprécié le décor des normales 3. À chacune d'elle, il y a toujours un petit quelque chose agréable à l’œil. Et ce n'est pas parce que c'est joli que c'est pour autant facile.
«Les verts ne sont jamais faciles d'accès ici, rappelle M. Genest. Pas juste pour les normales 3. Tous les verts sont bien protégés par des obstacles ou sont surélevés.»
Quand tu as mis les pieds sur ce terrain la première fois à l'âge de 8 ans, que tu y as fait tes classes avant de devenir pro puis que tu agis à cet endroit à titre de directeur général de nombreuses années plus tard, c'est clair qu'il le connaît bien ce parcours.
«J'aime cela être ici, j'y suis chez nous, dit-il. J'ai toujours plaisir à y jouer, au moins deux à trois fois par semaine.»
Attente d'une décision
En terminant, rappelons qu'il y a encore 4 ans, le club comptait trois neuf trous. Le parcours Blanc a été fermé pour faire place à un parc pour véhicules récréatifs haut de gamme.
Sauf que le dossier bloque à la Commission de Protection des Territoires Agricoles. Au cours des dernières années, bien des organismes, telles la municipalité et même l'UPA, ont fait des représentations pour donner leur aval au projet, mais ça ne passe toujours pas. La MRC est récemment intervenue et une décision est attendue.
«Ce projet sera profitable pas uniquement pour le club de golf, insiste Martin Genest. Toute la région pourra profiter de ce projet qui amènera des visiteurs aisés.»