Toute une histoire que celle entourant la victoire signée James Colin Davis et Vaita Guillaume à l'Invitation Sept-Îles, vendredi, lors de l'avant dernière étape du Circuit professionnel de la Côte Est (ECPT).
En effet, s'il n'avait jamais trouvé un sac de golf dans la poubelle du voisin à l'adolescence, James Colin Davis n'aurait jamais pu soulever le trophée de la victoire, une vingtaine d'années plus tard, en compagnie d'un jeune pro originaire de Tahiti et avec lequel il n'avait jamais parlé auparavant, ni encore moins joué.
En fait, oui, le deux comparses ont échangé quelques mots une semaine plus tôt lors du match play au Balmoral mais guère plus. James raconte:
«On se connaissait de vue seulement parce que l'on évolue sur les mêmes tournois. Lors du tournoi match play, au Balmoral, on s'est retrouvé en même temps sur le vert de pratique et c'est là qu'on a jasé un peu, Vaita et moi. Tout comme moi, il se cherchait un partenaire pour le tournoi en équipe à Sept-Îles. Alors on a convenu de le faire ensemble même si nous ne nous connaissions pas et nous n'avions jamais joué ensemble.»
Et ils ont remporté la compétition après trois rondes avec la marque de moins 30, devançant par trois coups le duo de Kevin Fortin-Simard et Max Gilbert.
«Lors du skin game du mardi après-midi, reprend James Colin Davis, nous avions remporté deux trous et on a tout de suite vu que l'on s'entendait bien sur le terrain. Le lendemain, après le pro-am, nous avons comparé nos scores. On a constaté que si l'on avait joué ensemble une partie en formule meilleure balle, on aurait joué moins 16! Alors on était confiants pour la suite.»
Donc un pro natif d'un département français à l'autre bout du monde, Vaita Guillaume, gagne un tournoi de golf professionnel avec un gars de 34 ans qui a grandi à Hudson et a appris à jouer au golf après avoir fouillé dans les poubelles du voisin, avouons que c'est quand même une histoire peu banale.
Encore là, James Colin Davis n'hésite pas à raconter son parcours:
«Personne dans ma famille ne jouait au golf, explique- t-il. Moi je voyais à la télé Tiger Woods commencer à accumuler les victoires et cela m'allumait. Sauf que mes parents ne voulaient pas m'inscrire à un club, ni m'acheter des bâtons. Et voilà qu'un jour j'ai vu que notre voisin avait jeté dans les poubelles le vieux sac de golf de son épouse, de même qu'une cassette de Jack Nicklaus. J'ai tout ramassé et je me suis au golf.
«Pendant des heures et des heures, après les classes et pendant les vacances, poursuit-il, je frappais des balles avec ces vieux bâtons de femme. Finalement, j'ai atteint un bon niveau. Ado, je pouvais jouer des parties entre 73 et 75. Et comme mon père était invité de plus en plus à des tournois, dans le cadre de son travail, il s'est finalement mis à jouer avec moi.»
La bonne décision
Toutefois, pendant une dizaine d'années, il ne touchera plus au golf, son travail comme technicien dans le monde de la télé prenait tout son temps.
«Je n'étais pas heureux dans mon travail, rappelle-t-il. J'ai recommencé à jouer au golf et même après 10 ans sans avoir touché à mes bâtons, je jouais encore des 73 et 74. Alors j'ai décidé de quitter mon emploi et de me lancer dans le golf de compétition.»
Et cela a marché puisque d'année en année, depuis son retour au golf il y a 4 ans, on le voit s'approcher de la tête du classement régulièrement. Puis est arrivée cette victoire à Sept-Îles.
«Je vais m'en souvenir longtemps, garantit-il. C'est comme une libération. Et cela me donne confiance plus que jamais en mes moyens. Je sais maintenant que je peux gagner. C'est encourageant pour l'avenir, pour la suite de ma carrière dans le golf.»
James Colin Davis est associé au club Windmill Heights, sur l'Île Perrot, où il donne des cours aux membres. En plus de faire de la compétition, il enseigne aussi au champ d'exercice Golf Pincourt où, assure-t-il, toutes ses cases horaire de cours sont bien remplies. Et dire que tout cela a commencé par la trouvaille d'un sac de golf dans la poubelle du voisin…