Boischatel – «Aujourd'hui, j'ai juste essayé de jouer. Je me fichais pas mal de mon score», lance Anthony Richard après avoir signé sa carte de pointage, lundi après-midi, au Duc de Kent.
À ses côtés, son père Donald précise: «Vous savez, pour bien jouer au golf, il faut être concentré. Et dans de telles circonstances, la concentration n'y était pas du tout.»
Puis, il y a la cadette de la famille, Catherine, plus discrète mais bien là, qui acquiesce simplement en hochant la tête. Les trois poursuivent alors lentement, sans presse, avec leur douleur au ventre, leur route vers le chalet du club Royal Québec où Anthony venait de participer à son cinquième Duc de Kent, le premier toutefois, précise-t-il, où il ne fait pas la coupure.
Cette année, les résultats de ce tournoi remporté avec élégance et grâce par Émile Ménard, n'avait guère d'importance pour Anthony Richard et ses fidèles partisans que sont les membres de sa famille. Mais plutôt que de rester peinés à la maison, ils ont écouté le conseil de la maman Nathalie.
«Elle m'a dit: »même si je suis malade, même si je suis très faible et même si je ne suis plus là, il faut y aller ». Alors je suis venu jouer le Duc…», explique Anthony en faisant référence au dernier entretien qu'il a eu avec sa mère quelques jours plus tôt, soit samedi, quelques instant avant son décès.
Le jeune homme, qui fêtait justement lundi ses 25 ans, a donc écouté sa mère. Il a maintenu sa participation au Duc de Kent et, comme d'habitude, son père Donald a agi comme cadet. De plus, sa sœurette Catherine les a accompagnés tout au long du parcours.
Force de la nature
Nous étions au fait de leur situation et nous avons donc choisi de les suivre pendant quelques trous lors de cette première ronde du Duc de Kent. Ils étaient certes trois à déambuler sur les allées du parcours Royal, sans stress et sans attente, mais on a vite constaté par leurs échanges complices et silencieux, leur attitude détendue et cette sorte de béatitude calme dans leurs regards, qu'ils étaient quatre, au final, qu'ils formaient un vrai foursome de golf.
«Oh oui! qu'elle était à avec nous», lance gaiement Catherine en montrant la petite fleur que chacun d'eux portait à sa casquette lorsque nous les avons abordés après la partie.
Nous étions hésitants à leur parler de crainte de les déranger dans leur deuil, dans leur peine qu'ils vivaient en famille, mais c'est avec joie et avec une grande ouverture qu'il nous ont accueillis.La souffrance est là, solide et lourde, et peut-être, en déduisons-nous, que d'en parler libère un peu.
«Nathalie, c'était une force de la nature! Elle s'est battue contre un cancer sévère qui devait venir à bout d'elle à peine quelques mois après le diagnostic, nous avait-on dit. Et pourtant elle n'a jamais abandonné et a survécu trois ans et demi! Elle était si forte!», rappelle Donald Richard d'une voix remplie de fierté.
Le vent qui souffle
En cette première journée de compétition au Duc de Kent, il ventait beaucoup à certains moments. Au lieu de déranger Anthony, cela l'a fait sourire, tout comme son père et sa sœur.
«Nathalie aimait le vent, souligne encore Donald. Alors quand il se levait, on se regardait et on se disait: voilà, elle est là! Elle est avec nous!»
Puis le réflexe de journaliste de golf refait surface et, tout bonnement, nous demandons à Anthony, qui revenait des qualifications pour le US Amateur, quelle est la suite pour lui dans sa saison de compétitions de golf.
«Ouf! je ne sais vraiment pas, lâche-t-il. Je n'ai tellement pas la tête à cela pour le moment. Irai-je à Beauceville pour le Championnat provincial? Je n'en ai aucune idée. Mercredi (hier), on en saura plus sur les préparatifs pour les funérailles. On verra alors…»
Hum, hum… dans un tel contexte, la question était plutôt ordinaire, on en convient, mais Anthony, de même que son père et sa sœur, ne s'en offusquent nullement. Puis tous les trois (euh… tous les quatre) reprennent leur marche vers le chalet du club la tête haute et le corps bien droit malgré le poids de leur souffrance.
Des gens humbles, tristes, évidemment, mais aussi forts que celle qui a lutté longuement contre la maladie. Voici un court extrait du mot d'adieu qu'Anthony a adressé à sa mère sur sa page Facebook:
«C'est avec regret que je vous annonce qu'elle est décédée vers 12h30 aujourd'hui aux soins palliatifs à Saint Sacrement. Tous ses désirs ont été réalisés, et aucune de ses peurs ne se sont concrétisées. Ma mère était une femme extraordinaire. Ceux qui la connaissent le savent, et même sur son lit de mort, sa première préoccupation a toujours été le bien-être de sa famille et de ses proches. Elle savait que son petit gars était vulnérable, surtout après son gros voyage de tournois de golf, et m'a demandé personnellement « est-ce que c'est correct si je pars? » Aussi, l'aide spirituelle en partant lui a demandé si elle désirait autre chose, elle a dit, avec le peu de forces qui lui restaient, « merci madame, et euh.. euh.. la bonté dans le monde ». Une personne comme ça, ça s'invente pas! et j'ai eu la chance de l'avoir comme mère.»
Nicolas Simoneau
Sincères sympathies à toute la famille d’Anthony! Je l’ai suivi lors d’un field day et c’est un excellent joueur.
François Mathieu
Triste comme histoire.
Anthony, mes sympathies les plus sincères.
Je sympathise avec toi parce que j’ai vécu les mêmes événements l’an dernier.
Bonne chance à toi et à ton papa et ta sœur.
François ?
Huguette St-Pierre
Wow…quel beau partage…
Et je vous assure que tout ce qui est dit est très vrai…
Je connais tout ce beau monde et cette grande personne qu’était Nathalie.
Ce fut un honneur de l’avoir côtoyé…
Donald, Antony et Catherine ont déteindus sur cette belle âme.
Merci Mr. Lapointe.
Charlotte Houde
Une grosse perte pour tout monde proche
Avec une force de caractère et une belle famille unis
Un enfant ne devrait jamais décédé avant ses parents
Une belle famille trop jeune pour Decede
Le plus beau temps était à venir alors que la famille était mature
De Michel et Charlotte