L’industrie du golf vit un profond changement depuis quelques années. Après quelques décennies avec l’ouverture de plusieurs parcours à travers la province, on vit maintenant un ressac. Plusieurs parcours ont fermé leurs portes au fil des dernières années, dont les clubs de Brossard et Laprairie sur la rive-sud, et Deux-Montagnes et Le Boisé, sur la rive-nord. Malheureusement, la tendance se poursuit encore cette année, alors que les parcours de Chambly et Rougemont (photo manchette) ont récemment annoncé leur fermeture définitive.
Évidemment, toute fermeture de parcours constitue une perte importante. C’est une perte importante pour les joueurs qui y jouent régulièrement, mais surtout, une perte pour les employés qui y travaillent souvent depuis plusieurs années. La fermeture d’un parcours est également une tragédie pour les résidents des municipalités qui hébergent ces parcours; une tragédie environnementale, doit-on préciser. Car les parcours de golf sont bien souvent d’énormes poumons au cœur des villes, d’immenses espaces verts contribuant à réduire le phénomène d’îlots de chaleur et les effets de la pollution urbaine. Le redéveloppement de ces grands espaces se fait bien souvent au profit de l’étalement urbain et pour le bénéfice des municipalités qui voient ainsi leurs revenus augmenter grâce aux nouvelles taxes générées par les nouveaux projets résidentiels ou industriels.
Qui blâmer?
Mais peut-on blâmer les propriétaires et opérateurs de parcours pour la vente de leurs installations? Les perspectives de profits d’opérations étant de plus en plus incertaines, comment ceux-ci peuvent-ils refuser les offres alléchantes de promoteurs qui lorgnent ces vastes étendues, bien souvent dézonées et à proximité de grands centres urbains?
Cette situation est souvent exacerbée par le fait que les terrains développables se font de plus en plus rares à proximité des grands centres. Peu de municipalités sont intéressées à acquérir les parcours pour les opérer eux- mêmes, et encore moins pour les transformer en parcs urbains. En effet, les coûts d’entretien de tels espaces sont beaucoup trop importants pour les municipalités qui peinent déjà à entretenir les quelques installations de parcs et espaces verts qu’elles possèdent. Il est davantage alléchant de laisser un promoteur redévelopper la majorité d’un site pour ne garder que quelques parcelles de terrains résiduels qui viendront s’ajouter à leurs réseaux de parcs existants.
Un équilibre?
Dans ce contexte, la situation de plusieurs parcours semble précaire. Toutefois, au-delà des pertes sociales et environnementales que peuvent représenter la fermeture de parcours de golf, est-il possible de voir une lumière au bout du tunnel? Si la construction de parcours a vécu une apogée au cours des années 1990 et 2000, où plusieurs parcours ont ouvert leurs portes au-delà du rythme de croissance de la popularité du sport, n’est-il pas normal de retrouver aujourd’hui un équilibre? Est-il logique d’espérer que les golfeurs qui fréquentaient les clubs qui ferment aujourd’hui leurs portes, continueront fort probablement de jouer au golf dans les parcours environnants qui demeurent actifs, contribuant ainsi à leur survie et leur prospérité. Permettons-nous d’y croire.
Une meilleure rentabilité financière des clubs demeurant en opération aura sûrement un impact bénéfique sur l’industrie. Cependant, il est probablement futile de croire que cette redistribution des parties jouées dans les parcours toujours actifs se fera naturellement et sans efforts afin que l’industrie ne fasse face à ses difficultés. Notamment, la clientèle vieillissante de bien des clubs devra bientôt laisser une plus grande place aux jeunes sans qui il deviendra impossible de survivre dans le marché de plus en plus compétitif du secteur des loisirs. Un adoucissement des règlements, des traditions et des formats de jeu semblent aussi une belle avenue à explorer en vue de pouvoir aborder le futur avec optimisme.
Quatre saisons
De la même manière que les centres de ski tentent aujourd’hui de devenir des destinations quatre saisons pour retenir leurs employés et soutenir l’industrie de villégiature voisine de leurs installations, les parcours de golf pourraient adopter une attitude semblable et viser à devenir une destination de loisirs plus inclusive pour les communautés dans lesquelles ils sont établis.
Plusieurs avenues s’offrent à l’industrie, mais celle-ci devra fort probablement se renouveler et s’ouvrir davantage sur le monde. Chaque parcours est unique, tout comme les sites sur lesquels ils sont situés. Chaque site recèle donc des opportunités uniques nécessitant une profonde réflexion. Il n’est certainement pas illusoire de croire que l’industrie est capable de relever un tel défi.
Et vous, qu’en pensez-vous? Faites-nous part de vos commentaires.
Yannick Pilon Golf © 2018
Robert Massé
La clientèle vieillissante de bien des clubs est déjà prête à laisser une plus grande place aux jeunes, mais ceux-ci sont absents et même un adoucissement des règlements, des traditions et des formats de jeu ne les ferons pas adhérer à ce merveilleux sport. C’est le membership qui fait la force d’un club et malheureusement celui-ci diminue à chaque année. Le membre vieilli et décroche. Les jeunes dépensent leurs dollars loisir de différentes façons et dans le monde d’aujourd’hui, c’est normal.
Chaque Club, doit faire preuve de stratégie,( pour attirer la clientèle d’un jour), pour survivre et en même temps s’assurer un minimum de dépenses tout en offrant un produit de qualité qui fera revenir la clientèle.
Pas facile comme défi.
Yannick Pilon
Robert,
Je ne sais pas à quel point les clubs sont prêts à faire une place appréciable pour les jeunes, et en particulier les jeunes enfants. Par exemple, je connais bien un club – que je ne nommerrai pas ici – qui organise une « journée famille » par été, avec des jeux gonflables, un bbq, etc, mais les enfants ne sont pas admis sur le parcours avant la fin de l’après-midi…. Des initiatives du genre sont un début, mais tant que les enfants sont vus comme une nuisance sur les parcours, on manque notre coup. À mon avis, ce sont eux qu’il faut attirer et retenir sur les parcours, même s’ils ne « rapportent » pas beaucoup financièrement à court terme….
Daniel Belanger
Je suis membre du Blainviller et suite à la dernière réunion des actionnaires je constate qu’effectivement le nombre de joueurs de golf diminue. Les clubs qui ne veulent pas fermer se font concurrence pour les joueurs qui ont le désir de jouer. La baisse des frais d’adhésion sont parfois sous le seuil de rentabilité. Il est impossible de continuer à opérer ainsi à long terme. J’ai entendu lors de cette réunion une suggestion semblable à la vôtre c’est à dire opérer 12 mois par ans. Possible mais est-ce que celà va produire des revenus importante? Permettez-moi d’en douter. Tant que certains clubs ne reverrons pas leur pratique de prix les fermetures continueront à se faire. Pour revenir au Blainviller, je crains qu’il ne puisse continuer à opérer sans changements importants.
Alain Chaput
Des fermetures de clubs de golf il y en a eu des dizaines au Québec depuis aussi loin que le début des années 1900. Ce n’est pas un phénomène « récent » contrairement à ce que plusieurs pensent.
Les causes de fermeture sont aussi nombreuses que diverses et le sujet pourrait faire l’objet d’un article en soit pour bien décortiquer la question. En gros, c’est cyclique et lié à certains phénomènes sociaux-économiques ou autres (étalement urbain, économie, guerres, etc.).
Ce qu’il y a de différent aujourd’hui avec les autres époques, c’est que le nombre de golfeurs est en déclin et ce déclin n’est pas terminé. Les fermetures de clubs vont se poursuivre jusqu’à ce que l’équilibre soit atteint. À quel rythme les fermetures vont se poursuivre? Bien malin celui qui peut le prédire…
Yannick Pilon
Bonjour Alain,
C’est bien vrai ce que tu dis. Si quelqu’un en sait quelque chose, c’est bien toi! Les parcours ouvrent et ferment/déménagent au fil des décennies. Nous sommes présentement dans un cycle de fermetures, après un grand bond dans le nombre d’ouvertures dans les années 90 et 2000. Peux-tu nous énumérer. IL serait intéressant de répertorier les fermetures survenues dans les années 1980, ou même voir un graphique illustrant le nombre de parcours en fonction selon les années, question de visualiser l’évolution du marché. Est-ce envisageable avec tes vastes connaissances sur le sujet?
Alain Chaput
Salut Yannick, je vais communiquer avec Martial afin de voir si je peux poster un article plus élaboré sur le sujet. Ça va me demander un peu de travail mais mes bases de données sont quand même pas mal à jour alors ça ne devrait pas être compliqué. Et toi, comment se présente l’avenir pour un architecte de golf dans un contexte si difficile?
Yannick Pilon
Un architecte de golf œuvrant au Québec de nos jours ne peut plus vivre uniquement de son art, si tu veux mon avis. Il faut pouvoir se diversifier. Pour ma part, je suis chanceux car j’ai un diplôme en architecture de paysage, ce qui me permet de travailler également dans le domaine de l’aménagement paysager, avec la firme Agence ReliefDesign. Les parcours continuent à vouloir améliorer leurs infrastructures, mais à un rythme moins soutenus que lors des années 90 et 2000.
Francois Mathieu
Le golf, c’est un sport de générations. La génération actuelle n’a pas le temps et les sous pour jouer au golf. Je jase avec mes clients et 3 points ressortent régulièrement:
– Le golf, c’est trop long.
– Le golf: trop difficile à apprendre. les gens n’ont pas le temps de mettre des années à performer.
– La conjointe, la maison, les enfants, etc.
Un autre élément important: on dirait que les équipementiers n’ont rien compris.
C’est dispendieux l’équipement. Un driver à $ 575, 00; un set de fers à $ 1300, 00; un putter à $450, 00…Des balles à $ 60/douz.
Les gens bougent énormément mais aux heures qui leur plait et aussi pour une durée limitée.
La fermeture des clubs de golf: ce n’est qu’un début.
Yannick Pilon
Robert,
Je ne sais pas à quel point les clubs sont prêts à faire une place appréciable pour les jeunes, et en particulier les jeunes enfants. Par exemple, je connais bien un club – que je ne nommerrai pas ici – qui organise une « journée famille » par été, avec des jeux gonflables, un bbq, etc, mais les enfants ne sont pas admis sur le parcours avant la fin de l’après-midi…. Des initiatives du genre sont un début, mais tant que les enfants sont vus comme une nuisance sur les parcours, on manque notre coup. À mon avis, ce sont eux qu’il faut attirer et retenir sur les parcours, même s’ils ne « rapportent » pas beaucoup financièrement à court terme….
Yannick Pilon
La Presse+ propose un article sur la question ce matin….
http://plus.lapresse.ca/screens/8130939e-a179-4cc3-aded-0b4446a2b96b%7C_0.html?utm_medium=Facebook&utm_campaign=Internal+Share&utm_content=Screen
Le tout est accompagné d’un dossier de la Communauté Métropolitaine de Montréal sur l’avenir des terrains de golf dans la grande région de Montréal:
http://cmm.qc.ca/fileadmin/user_upload/periodique/32_Perspective.pdf
Pour ceux que ça intéresse!
MA Sanscartier
Faisant partie de ces ‘jeunes’ (j’ai 35 ans), le golf devient de plus en plus secondaire avec la famille, les vacances et le rythme de travail.
Je ne suis pas seul dans cette situation, comment priorisé un abonnement annuel de 4000$ pour un été, un ‘bar’ bill de 800$ pour jouer 20 parties à 200$/partie. Le golf devient donc un happening avec quelques parties ici et là au Québec et un voyage entre amis à l’extérieur pour un autre 3-4 rondes.
Il n’y a pas de solution miracle malheureusement, la population active des membres de 60 ans et + va se retirer de plus en plus et la relève n’a plus le même intérêt, $$$ à consacrer à être membre d’un terrain.
Excellent commentaire François Mathieu! De plus, c’est long, c’est dispendieux pour bien jouer, et pour le même prix les options sont maintenant trop variés considérant notre vie familiale active. Les priorités ont changé et malheureusement, le golf et son ‘conservatisme’ n’a pas su ‘innover’. On ne veut voir que de bons golfeurs avec étiquette irréprochable sur les terrains ne faisant pas trop de bruit, alors que maintenant, les gens aiment se rassembler autour d’un happening…