L’arrivée exceptionnellement hâtive de notre saison de golf est aussi propice aux risques plus élevés de blessures. En effet, pour bon nombre d’entre nous, la pandémie a limité de beaucoup nos activités habituelles. Si cela est votre cas, la préparation et la lecture de ces conseils de prévention vous aideront à prévenir les blessures.
Même s’il n’est pas un sport de contact, le golf comporte aussi ses risques de blessures. Au cours de leur vie, environ 60 % des golfeurs subiront une blessure associée à la pratique de leur sport et 20 à 30 % de ces blessures deviendront chroniques.
Du côté des golfeurs professionnels, le stress biomécanique engendré par l’action répétitive de frapper une balle à quelque 175 km/h est suffisamment intense pour occasionner des blessures. Prenez par exemple Tiger Woods qui a connu son lot de blessures ces dernières années.
Par chance, il est possible de diminuer significativement les risques de blessures. La préparation physique, l’échauffement, l’élan et l’ajustement de l’équipement, sont quelques-uns des facteurs à prendre en ligne de compte par les golfeurs.
Blessures les plus fréquentes
Selon les données probantes, il est important de différencier les blessures subies par les golfeurs amateurs, de celles subies par les professionnels. Effectivement, à cause de la puissance, du niveau et de la fréquence de jeu, les professionnels font plus souvent face à des blessures de surmenage. Ce sont les muscles, tendons et ligaments des articulations et autres parties du corps qui, par surutilisation, ont tendance à se blesser. Cette situation peut faire partie de votre quotidien. Évitez de vous entraîner quand vous ressentez de la fatigue, des douleurs ou des courbatures.
Chez les amateurs, les blessures sont plutôt des blessures de compensation ou des blessures dites traumatiques.
Les blessures de compensation
Le golfeur amateur passe généralement sa semaine de travail au repos, sans nécessairement fournir d’effort physique particulier. Lors de sa partie de golf, il demande soudainement au corps d’effectuer un mouvement répétitif et rapide de torsion au niveau du dos. Ce mouvement impose un stress biomécanique considérable sur cette fragile partie du corps qu’est le bas du dos.
Les blessures traumatiques
Bien que le golf ne soit pas un sport de contact, des blessures traumatiques peuvent tout de même survenir. Par exemple, un impact violent avec le sol qui occasionne une blessure au poignet ou une racine sur laquelle on marche et qui provoque une torsion de la cheville. Le sac de golf peut aussi être à l’origine de blessures.
Porter un tel poids durant plusieurs heures en entrecoupant cet effort par des mouvements rapides en puissance n’est pas ce qu’il y a de mieux pour le dos. La voiturette produit aussi son lot de dommages principalement en raison de la posture courbée vers l’avant et des nombreuses bosses sur le terrain. Idéalement, je vous suggère de pousser votre voiturette à main au lieu de la tirer. Vous minimisez ainsi le positionnement torsionnel de votre corps.
Les facteurs de risque
Au golf, les facteurs de risque varient selon l’âge. Un adolescent n’aura pas les mêmes aptitudes physiques qu’une personne plus âgée. Aussi, comme l’élan de golf requiert une grande amplitude de mouvement, des manques de souplesse, de stabilisation et de préparation pourraient être des facteurs aggravants.
Chez les femmes
Les femmes possèdent une moins grande masse musculaire que les hommes et ont souvent tendance à bouger en bloc lors de l’élan. En effet, elles effectuent l’élan en un seul mouvement de corps, alors qu’un élan optimal devrait plutôt être un enchainement de mouvements sollicitant différentes parties du corps. Comme peu d’énergie a été emmagasinée lors de la prise d’élan arrière, les épaules et les bras devront forcer davantage pour générer la puissance nécessaire, ce qui augmentera les risques de blessures.
Chez les hommes
Pour les hommes, la force n’est généralement pas un problème. C’est plutôt la souplesse qui fait défaut et c’est de plus en plus vrai à mesure qu’ils avancent en âge. Comme mentionné plus haut, l’élan de golf requiert beaucoup d’amplitude de mouvement et donc de souplesse. Pour compenser cette carence, les hommes ont tendance à compenser en sollicitant davantage leur colonne vertébrale, ce qui peut causer des douleurs au bas du dos.
Chez les jeunes
En pleine période de croissance, les jeunes doivent pouvoir s’adapter à leur perte de souplesse et à leur musculature en développement. C’est davantage le port du sac de golf qui est considéré comme facteur de risque. On dit souvent qu’il ne faut pas surcharger le sac d’école des enfants parce qu’ils sont plus susceptibles de se blesser au dos. Imaginez un instant l’impact du port d’un sac de golf pesant plusieurs kilos durant plusieurs heures!
De manière plus générale, on retrouve aussi comme facteur de risque:
1) Un équipement mal ajusté
Il est important d’avoir un équipement adapté à sa grandeur, ses aptitudes physiques ainsi qu’à son niveau de jeu. À titre d’exemple, la tige de bâton d’un homme de 30 ans sera beaucoup plus raide que celle d’une femme de 55 ans. Parce que l’homme de 30 ans peut générer beaucoup de puissance, il n’aura pas besoin d’autant de souplesse dans sa tige qu’une femme qui, elle, devra compenser l’absence de puissance par la souplesse. Il en va de même pour l’ensemble des éléments composant l’équipement de golf.
2) L’absence d’échauffement avant une ronde
Il n’est pas rare de voir un golfeur arriver au terrain et commencer sa partie sans trop d’échauffement. Or, un échauffement de 30 à 45 minutes avant une ronde peut diminuer significativement les risques de blessures. Idéalement, les golfeurs devraient suivre cette méthodologie simple:
· Activation : Afin d’échauffer vos muscles et d’activer votre circulation sanguine, stationnez votre voiture loin de l’accueil et marchez rapidement jusqu’au terrain.
· Étirements : Je vous recommande des étirements, non seulement avant une ronde, mais aussi au quotidien. La souplesse étant un élément essentiel de l’élan, tout golfeur devrait prendre le temps de s’étirer convenablement pour optimiser ses performances et diminuer les blessures. Avant une ronde, les étirements balistiques et en imitation du mouvement de golf sont à privilégier pour réchauffer et lubrifier votre corps.
Les étirements statiques sont à éviter avant une pratique ou une ronde car ils réduisent la capacité du corps de se protéger si vous allez trop loin dans un mouvement. En effet, dans vos muscles et tendons, ils existent des récepteurs qui donnent de l’information au corps sur le degré d’étirement des structures et la vitesse à laquelle elles se font étirer afin de vous protéger. L’inhibition de ceux-ci par les étirements statiques a été prouvée comme sources primaires de blessures.
· Le champ de pratique : un passage d’avant ronde au champ de pratique est aussi un élément essentiel de l’échauffement. Commencez par les fers courts, puisqu’ils requièrent moins de puissance que les bâtons longs.
Comme pour plusieurs autres sports, les conseils et ajustements d’un professionnel de la physiothérapie peuvent devenir un facteur crucial dans l’optimisation de votre jeu. Tel un entraineur, ce dernier peut, par l’analyse de votre biomécanique, déceler des limitations physiques qui sont ou seront à l’origine de blessures et ainsi les rapporter à votre entraîneur afin de modifier au besoin certains aspects de votre élan afin de tirer parti du meilleur de celui-ci.
En ciblant la bonne zone musculaire ou articulaire sur laquelle travailler, il sera par la suite plus facile d’aborder globalement la structure de l’élan de golf. L’entraineur de golf travaillera l’aspect technique de votre jeu, tandis que le professionnel de la physiothérapie travaillera sur l’amélioration des aspects physiques de celui-ci.
Depuis mon association avec Keven Bergeron et Mathieu Paradis du Rouge et Or golf, il a toujours été important de faire comprendre aux athlètes l’importance de bien s’entourer d’une équipe de professionnels pour le bien de ceux-ci.
Pour ma part, l’aspect biomécanique et correctif des douleurs est important pour la qualité de votre jeu. Autant en situation traumatique que non-traumatique, une blessure qui persiste et qui est non adressée peut augmenter les risques de compensations dans la qualité de votre élan.
À la moindre sensation problématique, n’hésitez pas à le dire à votre entraîneur. Celui-ci a déjà des bases dans le correctif des blessures mineurs et il pourra au nécessaire vous référer vers un physiothérapeute si cela se fait sentir.
De plus, la présence dans votre équipe d’un massothérapeute pourrait définitivement vous aider à prévenir les courbatures causant des blessures potentielles.