Saint-Bernard-de-Lacolle – «Si l'on avait le malheur de dire à M. Guay qu'un trou quelconque sur son terrain était assez facile à jouer, ce n'était pas long que les jours suivants le trou en question était modifié pour qu'il soit plus difficile.»
Bob Gill est capitaine au International 2000 et quand il parle de M. Guay, il parle d'André Guay, celui qui a créé ce club de golf de 27 trous il y a 25 ans. Il y a quelques jours, en compagnie de Bob et du marshall François Pazzi, de même que du directeur Sylvain Patry, il nous a été donné de jouer 18 trous sur ce parcours de golf particulier.
Oui, particulier. Certes, une allée de golf demeure une allée de golf, mais on perçoit tout au long de notre ronde quelque chose de spécial avec ce terrain. Il a un cachet bien à lui. Et au fil des discussions avec ces trois personnes vouées à ce club, on comprend que cette impression découle du fait que ce parcours dévoile l’empreinte particulière d'un homme passionné par la création même si celui-ci n'était pas designer ou architecte de golf et même pas un adepte de ce sport!
On ne peut pas parler du club International 2000 sans relater les débuts de ce terrain de golf collé sur la frontière Canda-USA à Saint-Bernard-de-Lacolle. Il y a 25 ans, André Guay ouvrait sur les terres familiales 18 trous de golf conçus par lui-même, dont quelques-uns d'entre eux bien souvent dessinés d'abord sur l'endos d'un napperon ou sur un feuillet traînant sur son bureau.
«M. Guay était spécialisé dans l'excavation, rappelle le directeur général Sylvain Patry. Il a souvent travaillé sur des terrains de golf. C'est fort de cette expérience que l'idée lui est venue de créer son propre terrain de golf sur les terres de la famille Guay en 1990. Cinq ans plus tard, 18 trous, soit le parcours Champlain et le parcours Saint-Bernard, étaient ouverts au public.»
Aujourd'hui, le club compte 27 trous avec l'ajout, en 2005, du neuf trous appelé América.
Lors de notre passage, nous avons joué les deux neufs originaux. Comme l'explique M. Patry, on a affaire à un terrain «sculpté dans les dénivellations naturelles des lieux et tout cela dans un beau boisé». Et c'est effectivement le cas; tout au long de la partie on déambule sur des allées bordées à souhait de majestueux feuillus (comme cela doit être magnifique à l'automne, pense-t-on alors) tout en sautant d'une colline à l'autre. Mais attention, ces vallons ne signifient pas pour autant qu'ils compliquent la marche. Bien que l'on ait joué en voiturette, on a vite constaté que ce terrain peut facilement se marcher sans être trop éreintant.
Dans les particularités marquantes de l’œuvre d'André Guay, il faut noter la multitude de trous coudés. Il y en a neuf coudés vers la droite, neuf vers la gauche et neuf bien droits.
«C'est ce qui fait le charme de ce terrain à mon avis, mentionne Sylvain Patry. C'est une très belle variété de trous, ce n'est pas ennuyant de jouer ici, nullement monotone. De plus, il y a quelques beaux plans d'eau qui ajoutent au décor.
«Et rappelez-vous, poursuit-il, M. Guay ne voulait pas construire un terrain facile. Il voulait que ce soit un terrain des années 2000, justement, et qu'il soit éventuellement possible un jour d'attirer la PGA.»
Nous avons disputé une ronde des plus agréable avec ce temps si propice au golf que l'on connaît depuis le début de la saison et les conditions de jeu étaient parfaites. Défier les allées coudées pour être sûr d'avoir un deuxième coup satisfaisant, éviter les pièges telle une entrée au vert étroite bordée d'étangs sur certains trous, bref, comme nous avait prévenu M. Patry, on ne s'est pas ennuyé du tout.
Les verts étaient toutefois un peu lents et toujours selon Sylvain Patry, les agents mouillants déversés ce matin-là pour contrer l'effet désagréable et naissant de certaines taches sèches (dû aux temps très chaud des derniers jours), en était l'explication. Donc des verts peut-être lents mais très beaux et avec la difficulté, nous a-t-il semblé, d'être plutôt difficiles à lire. Car les dénivellations étaient très discrètes, peu perceptibles. À moins que ce soit nos qualités de golfeurs amateurs qui rendaient cette lecture difficile? Mais voilà, soulagement, François, le marshall complétant notre quatuor, confirme qu'il faut avoir l’œil pour bien lire les lignes des roulés sur les verts de l'International 2000, que même un habitué des lieux comme lui trouve cela plutôt difficile.
América
Après la partie, Sylvain Patry nous amène découvrir le troisième neuf trous, soit l'América. On circule alors dans un lieu beaucoup plus dégagé mais avec quelques trous, quand même, assez boisés à l'occasion.
Pendant la balade, le directeur rappelle que le club se fait un devoir, d'une année à l'autre, d'être dans les premiers à ouvrir au printemps, au Québec, et dans les derniers à fermer à l'automne.
«Cela fait en sorte, je crois, que les gens nous découvrent, dit-il. En débutant ou terminant leur saison ici, ils constatent la qualité du parcours et ils reviennent en saison régulière.»
Cela fait six ans que M. Patry s'est joint à l'équipe des frères Stéphane et Hugo Guay qui ont pris la relève de leur père décédé accidentellement il y a cinq ans. Et c'est sans hésitation qu'il affirme se plaire beaucoup au sein de ce club.
«Tout me semble facile et guère compliqué ici, assure-t-il. Quand nous nous réunissons, Hugo, Stéphane et moi, c'est toujours simple et efficace.»
Et voilà, serait-ce encore quelque chose ajoutant au cachet particulier de l'International 2000?