Dis Savannah, c'est quoi ton emploi?, ose-t-on demander en début d'entrevue. Franche et sans aucune prétention, elle répond solennellement: «Je travaille pour devenir pro de golf jusqu'à atteindre un jour la LPGA.» Et vlan! Comme ça!
À l'aube de ses 26 ans, Savannah Meyer-Clement ne rêve pas. Déterminée et besogneuse, elle s'entraîne activement, avec une discipline de fer, et se lance à fond cet été dans la réalisation de son objectif, celui d'atteindre les sommets, en participant à plusieurs compétitions à commencer par celles du CGC Tour.
C'est d'ailleurs ce qui nous a conduit à elle. Le CGC Tour (Circuit de Golf de la Capitale qui présente pas moins de 11 événements se déroulant surtout les fins de semaine) débute fin mai ses activités et les inscriptions entrent à bon rythme et c'est ainsi que le nom de la jeune femme est apparu. La seule golfeuse à être inscrite pour l'instant et nous voulions connaître ses motivations la poussant à participer à un circuit de ce type.
«Je veux devenir un jour pro de golf mais pas du côté de l'enseignement, plutôt celui de la compétition. Donc je dois en faire beaucoup, voir c'est quoi me mesurer à d'autres, gérer une partie en fonction de la technique et du mental. L'an passé, j'ai participé au Championnat provincial à Lachute et j'ai vraiment aimé l'expérience», explique-t-elle, à la fois enjouée et déterminée.
Pour l'instant, elle ne sait pas encore dans quelle division elle va évoluer sur ce circuit, à savoir la Division GML, où l'on s'en tient à son score final, ou la Division CGC alors que c'est le pointage net (handicap déduit) qui est retenu.
«Je vais y réfléchir, voir cela avec mon père», tranche-t-elle.
Nul doute que ce père pourra la guider quand on sait qu'il s'agit de Shawn Clement, le réputé enseignant de golf qui a travaillé de nombreuses années à Toronto avant de s'installer au Royal Québec, il y a trois ans, et dont la réputation se propage grâce à son académie virtuelle Wisdom in Golf.
Longue drive
En plus de pouvoir compter sur les conseils de son père, Savannah apprécie la collaboration de son compagnon de vie diplômé en kinésiologie. Alors pour ce qui est de l'entraînement physique et l'élan de golf, elle est bien entourée, père et conjoints sont là.
Si elle admet que sa faiblesse réside surtout au niveau mental («J'ai tendance à vite me décourager quand les choses vont mal sur le terrain», souligne-t-elle sans gêne.), elle est cependant fière de ses coups de départ.
«C'est ma force, lance-t-elle, les yeux brillants. Tout l'hiver je m'entraîne sur simulateurs avec mon père et, lors d'une séance, nous avons mis tout le setting (les indicateurs) au neutre puis, avec mon driver, j'ai obtenu un coup de départ de 328 verges. Mon record!»
On a donc affaire à une athlète complète. Et cet intérêt marqué pour la pratique professionnelle d'un sport n'est pas récente, loin de là. Cela remonte à aussi jeune que 6 ans.
«À cet âge-là, relate-t-elle, j'ai eu le coup de foudre pour le soccer. J'ai évolué dans cette discipline jusqu'au niveau universitaire. Mais là, j'ai subi deux commotions cérébrales. Alors une fois diplômée, je ne pouvais plus poursuivre dans le soccer. Et quand tu as un père spécialiste de l'enseignement du golf, tu trouves vite quel autre sport vers où te diriger!»
Telle une gamine fébrile et ravie de se pointer à son camp de vacances, Savannah Meyer-Clement se prépare avec enthousiasme à sa saison de compétitions toute proche.
«J'ai hâte de mettre en application sur le terrain, pendant une épreuve, tout ce sur quoi j'ai travaillé pendant l'hiver, dit-elle. Quand on m'a parlé du CGC Tour, je m'y suis aussitôt inscrite. Dans le contexte actuel de la pandémie, avec tout ce qui arrive avec la Covid-19, c'est bon de voir qu'il se passe quelque chose près de nous au niveau de la compétition. Je vais aussi participer à des épreuves du ECPT (Circuit Professionnel de la Côte Est), je pense à Bromont, Lac Saint-Jean et St-Georges.»
On va donc la regarder aller. Et pas juste cet été… qui sait?