«Où je m'en vais? Je ne peux pas le dire pour l'instant. Mais une chose est sûre, la retraite n'est nullement envisageable.»
Il y a un mois, nous étions dans le bureau de Michel Blier, au Bic, désireux d'en savoir plus sur sa récente décision de ne pas revenir comme directeur et pro de ce club situé à Rimouski. En effet, après 30 ans au Bic, il annonçait en mai qu'il en était à sa dernière saison à tenir les rênes de ce club de golf.
Nous avions insisté: «Oui mais, tu vas faire quoi au juste?», lance-t-on, le crayon sur le calepin prêt à écrire cette réponse tant attendue… Mais cette réponse s'avérera un simple sourire suivi d'un long silence.
On le sait depuis jeudi, Michel Blier sera le nouveau directeur du golf et pro en titre au club la Vallée du Richelieu en 2021. Sauf que lors de notre rencontre, il préférait évidemment garder le silence compte tenu que rien n'avait été officiellement confirmé.
Et justement, à propos du silence… Nous nous attendions, pour cette entrevue, à un court moment d'échanges où, en quelques minutes de questions-réponses, tout serait bouclé. Voilà toutefois que l'on a plutôt devant nous un homme calme, détendu, en somme serein, qui nous parle pendant des minutes et des minutes du «silence pour mieux apprécier les sons».
«Hier (la veille, Michel Blier avait participé au premier tournoi de la saison de la PGA du Québec), j'étais parti pour jouer une game de plus 10 et grâce au silence, j'ai terminé à plus 3», raconte-t-il.
Nous sommes perplexes… que veut-il dire »grâce au silence »?
«Dix secondes de silence avant et après chaque coup, précise-t-il. Cela m'aide à rester bien concentré, à rester dans ma bulle. On entend mieux les sons, de cette façon, et au golf, les sons c'est important. Le son du bâton qui frappe la balle, celui de la touche sur le green, celui de la balle qui tombe dans le trou…
«C'est la même chose quand je joue au hockey, continue-t-il. Quand on embarque sur la glace, au début de la partie… Le silence qui règne dans l'aréna et que les joueurs semblent inconsciemment respecter, comme pour mieux entendre le bruit que font les lames sur la glace. Je crois que, peu importe le sport qu'ils pratiquent, les gens atteignent un meilleur niveau dans le silence.»
Privilège
Pour les besoins de la photo, nous l'invitons à choisir un endroit sur le terrain où il aimerait bien garder un bon souvenir du Bic. Sans tarder, il prend la direction du vert de pratique. À peine quelques pas à faire et le voilà qui s'installe sur le muret entourant le green.
«J'aime venir m'asseoir ici et regarder ce qui se passe, dit-il, sourire en coin. Je me suis toujours dit que si je m'installe ici, où c'est assez achalandé, et que cinq minutes plus tard il n'y a toujours personne qui est venu me parler, c'est que je fais vraiment mal mon travail de directeur et pro des lieux, là je serais dû pour la retraite.»
Bien sûr, pendant la séance de photos, personne ne le dérange sauf que, une fois la caméra serrée, les membres se bousculent pour venir lui parler. Car à Rimouski, Michel Blier n'est pas juste le pro du Bic, c'est un monument! Tout le monde le connaît.
Alors il quitte avec un petit pincement au cœur.
«Je crois que j'ai amené le bateau à bon port», émet-il en parlant de son travail au Bic avant de replonger dans le silence. Que pour quelques secondes, cette fois, car les souvenirs remontent facilement.
«J'arrive souvent ici très tôt le matin, raconte-t-il, et je vais marcher sur le terrain. Wow, c'est quelque chose d'être ici aux premières heures de la journée! Le lynx qui sort du bois, les marées qui s'agitent, l'odeur du varech… C'est comme si le terrain de golf s'était ajusté à la nature! Ce fut vraiment un privilège de travailler ici pendant toutes ces années.»
C'est donc un passionné qui prendra la 20 pour se rendre à Sainte-Julie, près de Montréal, gérer les opérations golf de la Vallée du Richelieu. Au bout de 30 ans de métier, il n'a rien perdu de ce goût intense pour le golf.
«Quand j'étais gamin, rappelle-t-il, et qu'en voiture on roulait près d'un terrain de golf, je disais à mon père de ralentir. Je tenais à voir ce que c'était, j'étais intrigué, je voulais tout connaître sur le golf.
«Un terrain de golf, poursuit-il, c'est un endroit familial, un lieu exceptionnel. Pour moi, le temps de jeu n'est jamais assez long quand on est sur les allées.»
Il est donc confiant à l'extrême face à l'avenir du golf dans le contexte de réajustement que ce sport connaît depuis quelques années.
«Hier, dit-il en revenant sur le tournoi de la PGA du Québec, c'est Jean Laforce qui a gagné. Un gars de 61 ans! On voit ça dans quel autre sport un gars de 61 ans qui l’emporte sur des jeunes de 20 ans? Et jouer au golf nous rend meilleur comme personne.»
Mais encore, insiste-t-il, il faut jouer dans le silence.
«On peut parler à sa balle, glisse-t-il, mais jamais verbaliser du négatif. Ma mère disait souvent que l'important c'est comment on évolue dans le domaine professionnel que l'on a choisi. Si vous vendez des bananes dans la jungle et que vous le faites bien, les singes vont descendre des arbres vous en acheter.»
En terminant, il donne un autre exemple: «Parfois, quelqu'un arrive dans mon bureau et me soumet un problème qui, à première vue, est plutôt compliqué. Alors je m'isole, je m'enferme et reste dans le silence et, bien souvent, au bout de cinq minutes la solution apparaît.»
Bref, tout ce long texte sur Michel Blier pour vous dire que se pointe à la Vallée du Richelieu un pro qui, silence ou pas, devrait plaire aux membres de la place.
Henriette Turbide
Merci beaucoup Martial pour ce beau texte sur Michel Blier. Bonne chance Michel dans ton beau défi ! Tu es à la hauteur!
Jean-Claude St-Pierre
Michel Blier, un « gentleman du golf ». C’est tout dire.
Bonne chance.
Jean-Nil Thériault
Tu vas grandement nous manquer, la meilleure des chances dans ton nouveau défi.