«Certaines journées, l'automne, on peut vérifier les prévisions météo huit fois par jour!»
S'il y a un moment dont craignent le plus les surintendants de terrain de golf, c'est bien celui où il faut retirer les toiles recouvrant les verts au printemps. En général, ils se doutent fort bien, selon l'hiver qu'ils ont eu, ce qu'ils vont découvrir, mais ils souhaitent toujours ne pas avoir de mauvaises surprises.
Pour s'y faire, ils font ce que Michel Tardif mentionne en début de texte: ils surveillent constamment la météo lors des journées d'automne.
«Ça se joue à ce moment-là en très grande partie, explique le surintendant du Royal Québec. Les mesures adéquates doivent être prises à l'automne, si l'on veut bien protéger et préparer le terrain pour l'hiver. Tu ne veux surtout pas être pris par des conditions soudaines, alors tu surveilles toujours la météo.»
Marge de manoeuvre
«Il faut se donner des marges de manoeuvres, mentionne pour sa part Charles Ouellet, surintendant au club de Chicoutimi. On a à l'oeil les prévisions météo des prochains jours et, même s'ils annoncent du beau temps, l'automne, tout peut changer rapidement et il faut être prêt.»
Début de semaine à Québec et dans d'autres régions montagneuses de la province, la neige tombait drue. À plusieurs endroits, elle a fondu les jours suivants. Quelle aurait été la situation si la chute de neige avait été majeure, que le froid se serait mis de la partie pour ainsi installer l'hiver pour de bon et que, par malheur, les employés du terrain n'avaient pas eu le temps de bien préparer le terrain pour la saison froide?
Vous voyez un peu? D'ailleurs, ce qui nous a inspiré cet article, c'est une situation survenue il y a quand même quelques années, alors qu'on avait joué au golf en bermudas un 22 novembre. Cette année-là, c'était comme si l'été ne voulait pas céder sa place à l'automne, comme si l'hiver ne se pointerait jamais. Et pourtant, la direction du club nous prévenait que, malgré le beau temps, il faudrait bien fermer le terrain car on ne voulait surtout pas être pris au dépourvu advenant un changement brusque des températures.
La fameuse glace
«Il faut se laisser un petit jeu, précise Charles Ouellet. On aimerait bien aussi que les membres et les invités profitent du terrain le plus longtemps possible mais on doit être prudents, attentifs, encore là, aux prévisions. Car ce n'est pas mieux d'installer les toiles quand il fait trop chaud. Tout est donc une question de bon timing. C'est préférable de bien faire les choses dans de bonnes conditions que d'être obligés de travailler à la course parce qu'on s'est fait prendre par du mauvais temps.»
Les surintendants et leurs équipes triment toute l'année pour que les conditions de jeu soient idéales. Mais on le voit, l'automne, c'est plus délicat. La besogne effectuée pendant cette période est déterminante pour la saison suivante. Car si jamais il arrive un épisode de glace… Ouf!
«Notre pire ennemi», tranche sans retenue Michel Tardif.
Il donne alors l'exemple d'une pluie qui survient en début d'hiver et qui est suivie d'un temps très froid. Là, une couche de glace se forme et elle peut avoir des conséquences néfastes sur la prochaine saison de golf.
Évidemment, préparer le terrain pour l'hiver diffère d'une région à l'autre. Le travail du surintendant à Chicoutimi n'est pas le même que celui d'un confrère de Québec et encore moins de Montréal. Donc les préparatifs varient, de même que les installations.
«Au Royal Qyébec, rappelle Michel Tardif, on utilise des tubes que l'on met sous la toile (voir photo en manchette). Cela permet aux verts de respirer. Quand la glace se forme, elle étouffe le gazon, il ne respire plus. Elle empêche les échanges gazeux. C'est pour cela que nous utilisons ici cette technique. Mais plus au sud, ce sera différent.»
Certes, au moment où vous lisez ce texte, pour plusieurs la saison de golf au Québec est terminée, on pense davantage à planifier le prochain voyage de golf dans le sud (à moins bien sûr de demeurer proche de l'International 2000 qui semble ouvert à l'année…), mais tant qu'à penser, pourquoi ne pas se rappeler que plus la saison s'étire, plus cela peut devenir compliquer pour les employés de terrain qui souhaitent juste, eux aussi, que le parcours soit toujours en très bon état lorsque la saison de golf reprendra le printemps suivant.