Québec – Il s'en passe et s'en dit des choses sur les terrasses des clubs de golf après une partie. S'il y en a un qui peut le confirmer, c'est bien Édouard Rivard. Combien de fois, alors qu'il sirotait un petit drink après ses 18 trous, l'a-t-on abordé pour trancher un débat et ainsi fermer les livres d'une gageure entre amis?
«Les gens hésitent parfois à m'aborder mais cela me fait tellement plaisir!»
Plus souvent qu'autrement, quand quelqu'un aborde Édouard Rivard sur une terrasse après une partie, c'est pour «régler le cas des règles». Cela concerne presque toujours les règlements de golf. Car ils savent qu'ils ont affaire à un expert, à quelqu'un qui cumule les titres tels Officiel de niveau 4 (le plus haut) chez Golf Canada, Officiel des règles pour la USGA et la PGA, Président du comité des règles chez Golf Québec et Directeur des règles district de Québec.
Ils savent qu'ils ont devant eux quelqu'un qui arbitre tous les tournois des pros du Québec, la plupart des tournois amateurs et qui, l'hiver, se retrouve dans l'équipe d'arbitres lors d'événements comme la Classique Honda de la PGA ou lors des compétitions des mini-tours masculins et féminins dans le sud des États-Unis. Quelqu'un qui a les compétences pour arbitrer des tournois européens, bref, quelqu'un pour qui les règlements de golf, avec toutes leurs nuances, n'ont plus de secrets.
Éternel étudiant
Et tout cela a justement commencé, comme il se doit, sur une terrasse de club de golf, soit celle du Royal Québec où il est membre.
«Il y a une dizaine d'année, raconte Édouard Rivard, André Gagné m'a abordé en sachant que je venais de prendre ma retraite. Très actif chez Golf Québec, André m'a simplement dit qu'il me verrait très bien arbitrer des tournois. J'en doutais mais il m'a remis un livre contenant plein de décisions rendues sur des points litigieux au golf. Éternel étudiant, j'ai toujours aimé apprendre. Alors j'ai plongé dans ce livre et j'ai tout de suite eu la piqûre!»
Depuis, il a rapidement gravi les échelons et quiconque suit le moindrement les compétitions de golf au Québec, a sûrement remarqué cet homme plutôt discret qui se promène en voiturette, l'air attentif et qui intervient de temps à autre auprès des joueurs pour servir un avertissement ou pour expliquer un règlement.
«Parfois, c'est très délicat, souligne-t-il. Surtout quand il s'agit du temps de jeu.»
Ah le fameux temps de jeu! Édouard Rivard en fait une priorité et il y tient.
«Aucune compétition ne devrait durer plus de cinq heures, insiste-t-il. Alors on a décidé de prévenir les compétiteurs dès le premier trou et de les rendre eux-mêmes responsables de leur temps de jeu. S'ils ne respectent pas ces normes, dès leur passage du trou numéro neuf au dixième, on les avise qu'ils sont pénalisés. Au dernier Duc de Kent, on a agit de la sorte à deux reprises avec des trios différents. Les golfeurs concernés n'ont pas aimé mais c'est avec de telles mesures qu'on en est venu, lors des compétitions majeures, à établir une moyenne de temps de jeu à 4h20 par partie.»
Femmes respectueuses
Selon lui, les règles concernant les hasards d'eau sont celles qui compliquent le plus la vie des officiels au Québec.
«Dans le sud, dit-il, sur le tertre de départ, on voit l'allée et le plan d'eau. Alors quand la balle n'est pas dans l'allée, on sait qu'elle est à l'eau et les joueurs peuvent prendre l'allégement de deux longueurs de bâtons à partir du point d'entrée. Au Québec, c'est plus compliqué. Car il y a souvent des arbres près des points d'eau. Et pour avoir droit à l'allégement en question, il faut être sûr à 100% que la balle se trouve dans l'eau. Ce qui n'est pas toujours évident et ce n'est pas du tout la même règles si la balle est perdue et non à l'eau.»
Édouard Rivard considère qu'en général, les joueurs collaborent bien. Parfois, certains viennent lui rappeler que la position des fanions était douteuse, parfois il le concède volontiers, mais à d'autres occasions il tient son bout et là, certains échappent de gros mots. Souvent il en rit.
«Vous n'avez pas idée le nombre d'heures que l'on peut passer avec un surintendant, avant un tournoi, pour déterminer la position des drapeaux pour chacune des rondes, précise-t-il. On doit tout prendre en considération dont, entre autres, la météo des prochains jours. Si le vent se lève et qu'il assèche les verts, les rendant très, très rapides, notre choix de position de drapeau peut créer de méchants problèmes.»
Quelques minutes en sa compagnie et on devine vite qu'il aime ce travail, qu'il se plaît à se retrouver dans le feu de l'action. Il dit trouver délicat certaines situations, comme celle d'hésiter, lors de tournois juniors, entre informer ou pénaliser, de même que rappeler aux parents qu'ils ne peuvent s'adresser à leurs enfants pendant l'épreuve. Les compétitions féminines, par ailleurs, sont ses préférées. »Les femmes sont très respectueuses et c'est vraiment agréable de travailler avec elles », émet-il sans hésiter.
Collaborateur
Golf Martial Lapointe a maintenant la chance de compter sur ce virtuose de l'application des règles comme collaborateur. À partir d'aujourd'hui, les lecteurs retrouveront sa chronique sur les règlements en page d'accueil de notre site. Édouard Rivard invite d'ailleurs les gens à lui poser des questions sur les règlements.
«J'aimerais que cela devienne un véritable forum, un lieu d'échanges intéressant», dit-il.
Dans la mesure du possible, ses chroniques seront liées à l'actualité du moment. Sa première concerne justement celle relative aux bâtons brisés et qui a fait en sorte qu'un joueur de la trempe d'Hugo Bernard se soit retiré du tournoi Alexandre de Tunis, l'été dernier, alors qu'il menait. «Hugo aurait dû recevoir le trophée de l'honnêteté, cette fois-là», tranche Édouard Rivard.