On a tous vu et apprécié la victoire de Hideki Matsuyama. Tout s'est fait dans l'ordre, la discipline et la sobriété.
Au lendemain de ce Tournoi des Maîtres présenté presque dans la normalité, c'est surtout ce mot, «sobriété», qui nous vient en tête. Quand un joueur s'applique autant, maîtrise à la perfection son jeu – je dirais même, son art -, c'est sûr que les coups d'éclat, comme nous en sert régulièrement le Masters, sont plutôt rares.
Avant d'aller plus loin, par coups d'éclats on entend coups spectaculaires tels celui de Phil Mickelson dans les aiguilles de pins au 13e en 2010, l'incroyable crochet de Bubba Watson pour la victoire en prolongation en 2012, sans oublier, évidemment, le petit coup d'approche mémorable de Tiger en 2005 au 16e trou.
On pourrait en mentionner d'autres mais on s'est rappelé, en fin de semaine, que le Masters, ce n'est pas juste cela, des coups sensationnels, c'est aussi de la classe, de la grande classe qui s'exprime souvent dans la sobriété. Une sobriété qui peut justement devenir spectaculaire comme ce fut le cas du jeu appliqué du Japonais Matsuyama.
Ce grand spectacle s'est déroulé cette année devant une foule réduite qui a ajouté à ce côté sobre du Masters 2021. Certes, une foule réduite, mais qui en a eu plein la vue. Pas juste grâce à la maîtrise parfaite de leur discipline par les athlètes présents, mais aussi par le décor printanier du Augusta National qui, cette année encore, flamboyait.
Mais revenons à la compétition comme telle. Parfois, dans la vie, il suffit de peu pour vivre des moments de grâce: le câlin d'un petit-fils, la courtoisie soudaine d'un inconnu, un chaud matin d'été sur des allées fraichement coupées, un souper entre amis dans la détente… En début de soirée, ce dimanche, après des heures passées devant l'écran à voir évoluer des athlètes d'aussi haut niveau bataillant contre un parcours intraitable et, au final, être témoin d'une victoire parfaite, ce fut aussi un de ces moments de grâce qui fait du bien à l'âme.
On se réjouit alors pour le vainqueur et on compatit avec les autres, pas les perdants, non ceux qui derrière ont tout donné sans toutefois parvenir à enfiler le fameux veston vert.
Oui, ce fut un Masters sobre, mais ça demeure le Masters. Ce tournoi qui, d'une année à l'autre, nous en met plein la vue avec un niveau de compétition exceptionnel dans un décor de rêve – d'ailleurs, on connaît tous quelqu'un qui ne joue pas au golf mais qui ne veut, malgré tout, jamais rater le Masters.
En somme, le titre de ce texte est Un Masters sobre comme il aurait pu être Un moment de pure grâce. Mais ça, à chaque année, c'est le cas, le Masters nous fait vivre quelque chose de grand et j'ose même proposer, de divin!