Il aura fallu attendre jusqu'au lundi pour compléter le Championnat BMW sur le parcours Aronimink, en Pennsylvannie. La journée additionnelle rendue nécessaire à cause d'une météo non clémente n'a fait que prolonger une attente déjà trop longue pour le nouveau champion de ce tournoi, Keegan Bradley.
Car voyez-vous, Bradley n'avait pas gagné un tournoi du PGA Tour depuis le mois d'aout 2012. Une longue disette marquée par une période de transition passablement difficile pour ce golfeur maintenant âgé de 32 ans.
Bradley n'est qu'un des 4 golfeurs à avoir remporté le premier tournoi Majeur auquel il a participé. Les 3 autres étant Ben Curtis, Willie Park Sr et Francis Ouimet. Il l'a fait en remportant le Championnat de la PGA en 2011 au Athletic Club d'Atlanta, en Georgie.
Âgé de 25 ans à l'époque, on parlait de Bradley comme d'une vedette montante sur le PGA Tour.
Affaire de famille
Le golf a toujours fait partie de la vie de Keegan Bradley. Son père Mark est un professionnel de golf et sa tante Pat a connu une brillante carrière sur le circuit féminin, le LPGA Tour.
D'ailleurs, c'est le golf qui a amené la famille Bradley à voyager à travers les Etats-Unis. Du Wyoming au Massachusetts, en passant par le New Hampshire, le père Mark déménageait toujours avec la petite famille.
Athlète naturel, Keegan s'est développé une passion pour le ski dans les montagnes du Vermont au début des années 2000. Il a même remporté quelques compétitions dans cet état. Mais le golf était toujours présent et le jeune Keegan a finalement décidé de choisir le golf pour exploiter au maximum son talent.
C'est donc à l'université St John's, dans l'état de New York, qu'il a évolué pendant quelques années, le temps de remporter 9 tournois au cours de sa carrière universitaire.
Professionnel
Bradley a fait le saut chez les pros en 2008. Des débuts plutôt modestes. Se promenant dans quelques mini tours aux États-Unis, il récolte quelques bonnes performances, mais n'arrive pas à faire le saut sur le PGA Tour. Quelques excellents résultats sur le circuit Web.com, à la fin de la saison 2010, lui permettent finalement d'accéder au prestigieux circuit de la PGA.
Il fait donc son entrée sur le PGA Tour en 2011. À son premier tournoi, il réussit à faire la coupure. Et plus tard en saison, il remporte deux tournois dont le Championnat de la PGA. Il connait ce qui est encore à ce jour sa meilleure saison en carrière chez les pros.
Décision significative.
En 2012, Bradley continue sur sa lancée. Et au mois d'août il remporte l'Invitation Bridgestone pour ainsi récolter sa troisième victoire en 15 mois sur le PGA Tour.
Puis arrive le 28 novembre 2012. Cette journée-là, l'Association de Golf des États-Unis (USGA) annonce que les putters ancrés ne seront plus permis à compter du premier janvier 2016. «Je savais, cette journée-là, que je devais remplacer un de mes meilleurs bâtons dans mon sac», a déclaré Bradley en entrevue il y a quelques mois.
Effectivement, Bradley est un des golfeurs qui étaient directement visés par cette nouvelle règle. Il est un de ceux qui utilisaient le long putter appuyé sur le corps pour effectuer ses coups roulés. Et, vous le savez si vous êtes golfeurs, quand on commence à se poser des questions sur un bâton aussi important, notre jeu en souffre.
Statistiques
On peut certainement faire dire ce que l'on veut aux statistiques. Mais dans le cas présent, les chiffres sont assez éloquents concernant le jeu sur les verts de Keegan Bradley. Sans être parmi l'élite du Tour, Bradley trouvait sa place parmi les 25-30 meilleurs sur les verts régulièrement.
Sa glissade au niveau des statistiques sur le putting l'a fait passer de 35e, en 2012, à 49e en 2013 et à 182e à la fin de l'année 2016. Évidemment que les résultats suivaient ces stats et, l'an dernier, il n'a réussi que 3 top 10 en 24 tournois sur le PGA Tour.
Travail
Practice makes perfect est une expression que j'aime bien. Particulièrement au golf, il n'y a pas beaucoup de secret. Pratiquer et frapper des balles demeure le meilleur moyen pour s'améliorer. Et c'est donc à force de travail que Keegan Bradley a amélioré son jeu sur les verts.
Il n'a pas encore atteint le niveau de jeu qu'il avait en 2011 et 2012, mais il s'en approche. L'hiver dernier, j'ai eu la chance de jouer une ronde au Bear Club en Floride et le hasard a voulu que Keegan Bradley y était cette journée-là. Je suis parti sur le terrain en fin d'avant-midi et 4 heures plus tard, je suis revenu au chalet. Avant et après ma ronde, Bradley était sur le vert de pratique.
L'attente a été longue mais en vaut certainement la chandelle. Avec sa victoire, lundi, Bradley grimpe au 6e rang du classement et lui permet de prendre part au Championnat du Tour.
Francois Mathieu
Keegan Bradley: un talent assuré, un style bien à lui (les mains égales aux genoux…) et une routine qui rendrait fou le golfeur le plus calme au monde.