Québec – «Je ne l'ai jamais caché, mon rêve n'est rien d'autre que de jouer sur la PGA et je vais tout faire en sorte pour y arriver. Je veux être le premier au Québec à jouer sur ce circuit.»
Quand Raoul Ménard a lancé ces mots, lors d'un entretien téléphonique, il n'y avait aucune arrogance, aucune prétention dans sa voix, juste de la détermination. De l'assurance aussi car la veille, au Texas, il avait terminé deuxième à un tournoi de la NCAA, division 1, en jouant 71, 69 et 71.
«C'était du gros calibre, a-t-il émis. Celui qui a gagné, on ne l'a pas vu venir, il n'était même pas dans les meneurs au début de la dernière ronde. mais il a joué moins huit cette journée-là!»
PGA Canada
Il n'y a pas de doute, quand on songe à des espoirs du Québec qui pourraient percer sur les circuits majeurs, le nom de Raoul Ménard s'affiche très vite. Il est parmi les jeunes loups qui ont dominé les circuits juniors avant d'en faire autant au niveau amateur.
Deux fois champions du Duc de Kent, entre autres exploits, Ménard se démarque par sa constance et il est très solide entre les deux oreilles. Il se décrit lui-même comme étant un bon compétiteur avec une bonne attitude. «J'aime toujours me prouver que je peux réussir et gagner, précise-t-il. Côté technique, je dirais qu'avec mon fer droit, je suis plutôt fort, je fais de bons coups roulés sur les verts.»
Celui qui a grandi à Ange-Gardien, en Estrie, et qui faisait de la compétition au Québec en représentant le club de Pinegrove, étudie actuellement en Caroline du Nord, à Charlotte, plus précisément. Il en est à sa dernière année en administration des affaires, spécialisation marketing, puis devrait faire le saut chez les pros dans les semaines, sinon les mois, suivant la fin de ses études.
Dans ses plans, la PGA Canada arrive en tête de liste.
«Je veux me frotter à ceux qui souhaitent aller à la même place que moi et je crois que c'est sur le circuit PGA Canada que cela se passe, dit-il. Je vais essayer de me qualifier et d'y obtenir un bon statut, question d'être solide pour les qualifications du Web.com, le circuit école de la PGA.»

Il a déjà connu l'expérience du circuit des pros du Québec, ayant obtenu des invitations à l'occasion comme amateur, mais ne croit pas joindre les rangs de l'AGP.
«J'ai quelques tournois de ce circuit en tête, mentionne-t-il. Je pense à la Coupe Canada et à l'Omnium du Québec. J'aimerais bien pouvoir jouer ces deux gros événements.»
Y croire
Raoul Ménard est bien conscient que la marche est haute mais il croit en son rêve et tout, ou presque, est axé sur cet objectif.
«Pour l'instant, spécifie le jeune homme de 23 ans, l'obtention de mon diplôme universitaire est primordiale. Mais en même temps, je chemine pour atteindre un jour la PGA. Je sais que ce ne sera pas facile mais je vais travailler fort et je vais être patient. Prenez l'exemple de James Hahn, il a roulé sa bosse plusieurs années sur les circuits écoles et il a même pensé abandonner, à un certain moment. Pourtant, il y a quelques semaines, il a remporté en prolongation le tournoi Northern Trust à Los Angeles.
«D'accord, continue-t-il, la marche est haute, je suis réaliste, mais peut-être pas si haute que cela, tout de même. Au Québec, on a plus cette impression parce qu'on joue au golf même pas six mois par année. Mais ici, aux États-Unis, je vis la compétition à l'année longue et je sais de plus en plus ce qu'il faut pour accéder au grand circuit.»
Et la pression reliée au fait que l'on est un bon espoir, que plein de gens nous voient au sommet… La pression aussi du financement, de trouver les fonds pour avancer sur cette route qui n'est pas donnée… Est-ce que tout cela n'en ajoute pas trop sur ses épaules?
«La pression, constate Raoul Ménard, c'est relatif. C'est très flatteur de savoir qu'on me voit comme un bon espoir, mais je dois quelque part en faire abstraction. Les motivations doivent venir de moi et non des autres, sinon je n'irais pas loin.
«Pour le côté monétaire, ajoute-t-il, j'ai la chance d'être au sein d'une famille qui gère une belle entreprise en Montérégie mais je ne dois pas voir cela comme une sorte de plan B. J'en ai parlé avec mon mentor Rémi Bouchard et il m'a conseillé d'agir comme si cette possibilité n'existait même pas, de l'oublier. Car je dois me concentrer uniquement sur le golf et les objectifs que je me suis fixé. Je ne dois pas compter sur la possibilité de faire autre chose advenant que cela ne fonctionne pas avec la PGA. Je dois continuer en me disant que je n'ai pas le choix de travailler toujours plus fort pour atteindre la PGA, rien d'autre.»
Déterminé de la sorte, il y a de fortes chances qu'un de ces jours on voit ce jeune homme à la télé le dimanche après-midi…