L'Assomption – On voit parfois à la télé quelques pros qui le font et on ne sait pas trop ce qu'ils ont à s'immobiliser ainsi entre leur balle et le trou ou, encore, à lever quelques doigts en regardant la coupe. On devine alors qu'ils appliquent ce qu'on appelle la technique du Aim Point et, de l'avis de l'entraîneur québécois Martin Whelan, il s'agit là de l'une des meilleures façons de dompter les verts.
«Avec le Aim Point, soutient-il, peu importe le terrain de golf où vous vous trouvez, c'est plus facile d'améliorer votre lecture des verts. On voit souvent des golfeurs être très talentueux sur les verts du club où ils sont membres, mais n'arrivant pas à bien putter sur un autre terrain. La technique du Aim Point règle ce problème.»

Si cela est si efficace, pourquoi ne voit-on pas plus de professionnels l'utiliser? Adam Scott ou Lydia Ko, entre autres, ont adopté cette manière particulière de lire les verts, et les habitués du Circuit Canada pro Tour ont sûrement remarqué le pro du Portage, Billy Houle, l'appliquer en compétition (c'est d'ailleurs au Portage que nous avons rencontré Martin Whelan qui y tenait alors une clinique). De façon plus classique, on voit surtout les pros faire une sorte de triangle se résumant à regarder en bas du trou, puis en haut et enfin sur le côté pour deviner la trajectoire, la ligne de leur roulé.
«C'est encore assez nouveau comme méthode, rappelle Martin Whelan, et il faut vraiment que les joueurs et joueuses éprouvent de grandes difficultés sur les verts avant de changer leur technique. De plus, à la télé notamment, on a longtemps dénigré cette méthode en estimant qu'elle retardait le jeu. Pourtant, c'est tout le contraire. C'est plus rapide de lire les verts avec le Aim Point.
«Le problème, poursuit-il, c'est que Lydia Ko, à l'époque numéro un sur la LPGA, continuait de faire le fameux triangle en plus d'y aller du Aim Point. Elle a cessé depuis, elle s'en tient seulement au Aim Point. Et il y a même d'autres pros qui le font et on ne s'en rend pas compte. Ils maîtrisent tellement bien la technique qu'ils en viennent à ne plus lever les doigts pour repérer le point qu'il faut viser.»
Une question de mathématiques
On ne vous donnera pas ici un résumé de la clinique de deux heures qu'offre Martin Whelan, seul entraîneur certifié au Québec pour dispenser des cours sur le Aim Point, mais on peut résumer qu'il s'agit en gros d'une question de mathématiques. Et les maths, on le sait, ça ne trompe pas!
Celui qui a inventé cette technique s'appelle Mark Sweeney, un employé à la Bourse de New York, maniaque justement des mathématiques et golfeur passionné.
«Mais il était pourri sur les verts, explique M. Whelan. Alors il s'est dit qu'il doit sûrement exister une façon de calculer la lecture des verts en tenant compte des dénivellations et de la vitesse. C'est ainsi qu'est apparue la fameuse ligne sur les verts, lors de la diffusion des tournois, pour montrer la trajectoire de la balle.»
Sweeney a mis au point ensuite des tableaux avec pleins de cercles, de lignes et de chiffres résumant la technique. Mais c'était plutôt compliqué jusqu'à ce qu'il adapte le tout à une simple évaluation, avec les pieds, de la dénivellation guidant ensuite le nombre de doigts qu'il faut aligner juste à côté de la tige du fanion. Grosso modo, si l'on estime la pente sous nos pieds à un degré seulement, il faut alors lever un seul doigt. Si c'est 2 degrés, donc deux doigts, et ainsi de suite, jusqu'à 6 maximum car il n'y a aucun vert construit avec des pentes plus prononcées que 6 degrés.
Simple et compliquée…

Alors voilà, nous avons suivi la clinique de deux heures, à la fois comme golfeur intéressé et comme journaliste ayant à relater l'expérience. Si on joue au commentateur qui, depuis cette clinique tente de maîtriser le Aim Point, on estime que cette technique est aussi simple qu'elle peut paraître compliquée.
C'est sûr que, d'une partie à l'autre, vos compagnons de jeu vont blaguer, vont vous taquiner en vous imitant et en dressant un doigt (et on sait lequel, celui du milieu, bien sûr!), ou encore ils vont marcher comme un canard pour imiter votre démarche lorsqu'il faut évaluer les différentes dénivellations entre la balle et le trou, mais on doit rester dans sa bulle malgré tout.
Le plus difficile, personnellement, c'est justement de juger avec les pieds le degré de dénivellation. J'y arrive difficilement mais quand je le perçois bien et que je lève le bon nombre de doigts donnant ainsi le point à viser, ça marche à tous les coups! Un bon golfeur amateur croisé occasionnellement et qui a adopté le Aim Point m'a expliqué qu'il ne se fie maintenant qu'à cela, «surtout pour les roulés à double casse», a-t-il précisé.
Pour régler la difficulté liée à l'évaluation avec les pieds du degré de dénivellation, Martin Whelan suggère d'utiliser de petits niveaux affichant les degrés. «C'est pratique au début, dit-il, lors des premiers entraînements.»
Ce dernier remet, à la fin de la clinique, une petite carte du genre aide-mémoire avec d'autres précisions comme celle voulant qu'il faut réduire ou augmenter le nombre de doigts si notre roulé est en montant ou en descendant.
S'il y a de l'intérêt, si le putter est votre bête noire, l'entraîneur vous invite à assister à ses cliniques. On peut le joindre au courriel : golfmw@hotmail.com .
carroll roy
J’ai utilisé un petit niveau digital pour évaluer la pente. Mais j’ai trouvé cela compliqué (s’accroupir à chaque fois…).
Le «must» des lecteurs de green demeure le BREAKMASTER, digital green reader. Voir sur http://www.exelys.com.
Carroll Roy