«Jules Huot disait d'Adrien qu'il n'avait pas peur de gagner. Il avait tellement de talent et une confiance inébranlable dans ses capacités. Il n'était jamais intimidé par qui que ce soit. Par surprenant qu'il ait signé par moins d'une centaine de victoires chez les pros.»
Le professionnel de golf André Maltais se rappellera longtemps de ce mardi 1er novembre 2022. Il a passé cette journée en ressassant des souvenirs chers et précieux tout en les partageant avec ses confrères de la profession ou les journalistes lui demandant de commenter le décès du légendaire Adrien Bigras. Celui-ci s'était éteint quelques heures plus tôt, soit dans la nuit de lundi à mardi. Il avait 84 ans.
Adrien Bigras n'aura pas survécu à la Covid-19, succombant peu après minuit à l'hôpital de Saint-Eustache où il avait été admis en soins palliatifs. Dans les heures qui ont suivi, les hommages à ce grand golfeur qui a dominé la compétition au Québec, tout en s'illustrant également au niveau national, ont inondé les réseaux sociaux. Jeunes et moins jeunes pros québécois tenant à témoigner de l'influence que ce golfeur a eue sur eux.

Les bons mots et sympathies pleuvaient sur le web mais, pendant ce temps-là, le cellulaire d'André Maltais ne dérougissait pas.
«J'ai reçu tellement d'appels de plusieurs de mes collègues, pas juste ceux qui ont côtoyé Adrien, mais des jeunes me racontant qu'ils s'étaient lancés dans le golf pour suivre ses traces. Plusieurs aussi avaient plein d'anecdotes à raconter à son sujet comme, entre autres, ceux et celles ayant déjà participé aux camps de golf qu'il tenait à son club Le Manoir», d'exprimer, la voix tremblotante parfois, André Maltais lors d'une entrevue téléphonique.
Éloquent, M. Maltais rappelle qu'il était du groupe, en août dernier, ayant joué avec Adrien Bigras la dernière partie de golf de sa vie. Il a aussi été de ceux qui ont permis à ce que soit devancée son entrée au Temple de la renommée de la PGA du Canada, la semaine dernière, alors qu'il se trouvait dans un couloir de l'hôpital.
«Il était sur une civière, raconte, désolé, M. Maltais, plein de patients tout autour et du bruit à n'en plus finir pendant qu'on lui rendait hommage. Tout cela se passait au téléphone! Adrien ne parlait plus mais il entendait. À un moment donné, ses yeux ont brillé, un petit sourire est apparu puis il a levé le pouce… C'était… c'était tellement triste de rendre hommage à ce grand homme de cette façon. Il a mérité sa place au Temple de la renommée mais cela aurait été bien de la lui donner dans de meilleures circonstances.»
Cette dernière image peu joyeuse n'efface toutefois pas celles plus nombreuses associées aux exploits de M. Bigras et que conserve précieusement dans son cœur et sa mémoire André Maltais.
«Je me souviendrai toujours de ce moment où je suis arrivé à son club alors qu'il travaillait à la création d'un autre neuf trous, relate-t-il. Adrien avait les deux pieds dans la bouette et travaillait aussi fort que tous les autres ouvriers. Deux jours plus tard, il participait à un tournoi qu'il avait facilement remporté. Entre le tournoi et les heures passées à travailler sur le terrain, il était allé seulement une fois au champ de pratique. Il était tellement bon!
«Mais, tient-il à ajouter, derrière ce conquérant tout à fait spécial, il y avait un homme sensible, au grand cœur, généreux comme ça ne se peut pas.»
L'équipe de GML tient à exprimer ses sincères condoléances aux proches de M. Bigras, de même qu'à tous ceux et celles touchés par le départ de ce golfeur d'exception.