«Malgré les centaines de tournois que j'ai joués dans ma vie, j'ai encore et toujours de gros papillons dans l'estomac à chaque fois que je m'élance au premier trou. Malgré tout, je sais que c'est là, nulle part ailleurs, que je veux être, c'est ma place. Évoluer sur le circuit de la LPGA demeure mon unique objectif et je suis d'attaque pour y parvenir.»
Elle a toujours sa petite voix de gamine mais Josée Doyon s'affirme comme une femme mûre, une athlète de 31 ans déterminée, qui travaille fort sans jamais baisser les bras. La preuve, elle vient de se qualifier pour le deuxième stage du Q-School de la LPGA après être passée, en fin de semaine dernière, à travers la première épreuve qui avait lieu en Californie.
Alors il fallait bien lui parler, ce que nous avons fait mardi. Dès le départ, une petite mise au point s'impose. Contrairement à ce qu'il a été écrit ailleurs, elle n'a pas fini en 82e position, mais à la 70e place, et elle n'a nullement fréquenté l'université américaine Purdue, mais Kent State en Ohio (Maude-Aimée Leblanc a gradué à Purdue mais pas Josée Doyon).
«Aux États-Unis, mentionne Josée Doyon, être identifié à une autre université que celle que l'on a fréquentée, ça ne se fait pas, les gens se font un devoir de rester toujours fidèles à leur université.»
Bon, c'est dit, la parenthèse est fermée car, d'abord et avant tout, il s'agit d'informer sur le parcours de cette athlète décidée d'aller au bout de son rêve… En fait non, il n'est plus question d'un rêve, dans son cas. C'est son travail, son métier de batailler sur les circuits professionnels. Ce n'est pas facile, la montagne est très haute, abrupte, sauf qu'elle entend bien la gravir.
Et elle a les outils pour y arriver. D'autant plus qu'en se qualifiant pour le deuxième tour, elle aura une bonne place sur le circuit Epson, club école de la LPGA.
«C'est un gros défi que de passer à travers cette première étape, soutient l'athlète originaire de Beauce qui a conclu le tournoi à moins 1. Et c'est de plus en plus difficile. Il n'y a pas si longtemps, on pouvait se qualifier en jouant dans les plus 4 ou plus 5 après quatre rondes. Aujourd'hui, c'est la normale ou plus un. C'est toute une différence. C'est énorme, même!»
Tout au long de l'entretien, on perçoit qu'elle est habitée par une détermination sans faille et une confiance bien dosée. Elle navigue dans ce milieu depuis plusieurs années, faisant peu à peu son chemin à travers les succès accumulés et malgré les embûches qui se dressent à l'occasion.
«Oui, dit-elle, j'ai connu du succès pratiquement à chacune de mes années de compétition (juste cet été, elle a signé deux victoires), mais j'ai aussi trébuché. J'ai aussi connu des moments difficiles. Mais je me suis toujours relevée et je n'ai jamais abandonné.
«Et maintenant, poursuit-elle sur un ton ne laissant aucune place au doute, je suis plus mature, je suis très heureuse, je ne regrette vraiment pas mon choix de batailler pour atteindre le circuit majeur. Je sens que tout est possible car autant l'aspect technique de mon jeu, que celui mental, sont à point.»
Elle est donc d'attaque pour la prochaine étape de qualification qui aura lieu à Venice en Floride du 15 au 18 octobre.
«Je viens de réussir la première étape alors que j'avais l'impression de ne pas bien frapper mes coups, souligne-t-elle. Donc j'ai confiance en mon élan. Et je connais bien les parcours où se tiendra la prochaine étape.»
Avec les bons résultats qu'elle a connus ces derniers mois (outre ses deux victoires, elle a régulièrement figuré dans le Top 10 des épreuves du Anika Women Pro Tour, un circuit très relevé aux États-Unis), il est clair qu'elle est en grande forme et, oui, comme elle n'hésite pas à le souligner, elle est heureuse. Elle ne poursuit plus seule sa route vers le sommet, son mari et cadet André Giroux est à ses côtés et elle apprécie tellement cette aide, cette présence.
«Nous formons une équipe, une belle équipe», lance-t-elle joyeusement.
On comprend qu'avoir à ses côtés, dans la vie de tous les jours comme dans les tournois, la personne qu'elle aime, est un atout précieux.
«Il (son conjoint) me motive dans les moments difficiles, raconte-t-elle. Il m'encourage sans arrêt et il sait me ramener à un état plus calme quand il m'arrive de m’emporter après un mauvais coup.»
Établie en Floride depuis quelques années pour, justement, être mieux en mesure de faire de la compétition de haut niveau à l'année longue chez nos voisins du sud, elle va consacrer les prochaines semaines à un entraînement solide en vue du stage 2. Un petit saut au Québec est aussi au programme pour, bien sûr, revoir la famille à Saint-Georges, en Beauce, mais aussi pour retrouver un autre guide, ou plutôt une autre guide, en la personne de Caroline Ciot, une autre pro du Québec qui se démarque.
«Caroline est une grande amie et bien plus, rappelle-t-elle. Elle me guide dans mon golf. Je ne sais comment la situer, quel titre lui accorder si ce n'est, peut-être, celui de conseillère technique. Elle m'aide beaucoup et c'est sûr que l'on va se voir lors de mon passage au Québec dans quelques semaines.»