La tragédie a frappé… difficile à croire, difficile à vivre, difficile à subir. Puis elle a réveillé des souvenirs, ravivé la douleur… L'accident mortel survenu il y a quelques jours au Texas et qui a décimé une équipe de golf universitaire a ébranlé, secoué violemment le golfeur québécois Jeffrey Lebeau.
«J'ai joué 36 trous en compagnie de Maurico et de son entraîneur. On a parlé, échangé et, une fois les deux premières parties terminées, on s'est dit à demain pour la ronde finale. Mais le lendemain, il n'y a pas eu de ronde finale… L'entraîneur et Maurico faisaient partie des victimes. Il n'avait que 19 ans! C'est tellement injuste», d'exprimer le Québécois sous le choc.
Volubile, comme si le fait d'en parler le libérait un peu de cette charge émotive d'impuissance face au drame, Jeffrey a expliqué que joueurs, joueuses et entraîneur de l'équipe Southwest, au Nouveau-Mexique, rentraient dormir à la maison après la première journée d'une épreuve du circuit universitaire. Demeurant à environ 45 minutes des lieux de la compétition, soit Midland au Texas (non loin d'où réside Jeffrey Lebeau alors qu'il étudie à l'université texane Odessa), l'équipe roulait à ce moment-là vers le campus. Puis le face-à-face mortel s'est produit.
Neuf personnes, dont le coach et six joueurs et joueuses, ont péri. Les deux autres décès sont le conducteur et le passager de l'autre véhicule. Seulement deux membres de l'équipe (deux Canadiens natifs de l'Ontario) ont survécu et, selon Jeffrey, leur vie est toujours en danger.
«Il y en a un qui est dans le coma, brûlé à un très haut niveau, et l'autre est parfois conscient mais ses blessures sont très graves», raconte le joueur originaire de l'Estrie.
La cruauté du destin le dépassait quand nous lui avons parlé environ 36 heures après la tragédie. La veille, il avait donné une entrevue à la radio et les mots lui manquaient, il n'arrivait pas à répondre aux questions comme il aurait souhaité le faire, tellement il était bouleversé.
«Ce fut encore le cas aujourd'hui», confie-t-il alors, désireux néanmoins de s'exprimer comme pour évacuer, se sentant si démuni devant l'ampleur du drame.
La triste réalité trottait dans sa tête, obsédante, dérangeante et tellement inconcevable…
«C'est une équipe que nous affrontions souvent et on s'appréciait, précise le jeune homme. Et vivre maintenant avec le fait que l'on a joué en leur compagnie leur dernière partie de golf avant qu'ils trouvent la mort est quelque chose très pénible, quelque chose de tragique, d'invraisemblable. Ça me dépasse!»
L'équipe masculine était composée de 2 Canadiens, Hayden Underhill et Dayton Price, ceux qui ont survécu, d'un Mexicain (Maurico Sanchez, l'advesaire de Jeffrey lors de cette épreuve universitaire), d'un Portugais et, bien sûr, d'Américains, soit Jackson Zinn, Karisa Raines et Laci Stone.
Édouard Grondin
«Depuis que notre coach nous a annoncé la nouvelle, explique Jeffrey Lebeau, je ne pense qu'à cela. J'ai voulu conduire mon auto aujourd'hui mais rien à faire, c'était trop dangereux, la concentration n'y est pas. Et je pense aussi souvent à Édouard…»
Édouard, c'est Édouard Grondin. Ce dernier est aussi décédé dans un accident de la route. Cela se passait en septembre 2017. Lui et Jeffrey Lebeau étaient très proches.
«Nous avions grandi ensemble dans le golf, nous avions le même entraîneur et nous nourrissions les mêmes rêves. Et aujourd'hui, alors que je me retrouve face à un drame identique, c'est sûr que je repense à Édouard…»
Tout au long de l'entrevue, on perçoit son désarroi, on devine facilement toutes les émotions qui le bousculent, le déchirent. Et parmi celles-ci, l'impuissance semble dominante.
«Je ne cesse de penser aux parents, aux proches de ces jeunes qui ne seront plus là, jamais… La vie tient à si peu…»
Il voudrait faire quelque chose, voudrait aider, mais on fait quoi? On peut aider de quelle manière pour que la peine soit moindre? Pour soulager tant de souffrance, que peut-on faire?
«On a appris que Bryson DeChambeau, raconte Jeffrey, a tout de suite communiqué avec les familles des survivants quand il a appris la tragédie et a offert de régler toutes leurs dépenses. C'est remarquable et tout ce que je peux dire, maintenant, c'est que si on peut faire quelque chose dans ce genre pour aider un peu, à notre façon, il faut le faire. S'il y a un Go Fund Me quelque part associé à cette tragédie, il ne faut pas hésiter à donner. ce serait tellement un beau geste.»
Go Fund Me, on le sait, est une manière de lever des fonds en ligne pour soutenir une cause. Nous avons trouvé une initiative de ce genre pour l'un des Canadiens survivants: Hayden Underhill – University of Southwest Tragedy .