Québec – «Le jour où quelqu'un du Québec va percer sur la PGA ou la LPGA comme peut le faire actuellement Eugenie Bouchard au tennis, cela va être très profitable pour le golf au Québec. Les performances d'Eugenie créent un engouement envers le tennis et je suis convaincu que le même phénomène se produira si un joueur ou un joueuse du Québec atteint les mêmes sommets au golf.»
Rémi Bouchard n'en démord, si c'est bon pour un, çà l'est pour tous. En ce sens que celui ou celle en provenance du Québec, qui un jour brillera sur la scène mondial du golf, ne sera pas le seul à goûter de cette expérience, mais le golf québécois en général.
«Tout le monde va en profiter, insiste-t-il. Que ce soit le propriétaire d'un terrain, le coach qui a une école de golf, les détaillants d'articles… tous vont connaître des retombées si jamais on voit un jour l'un ou l'une des nôtres se rendre dans les tops 10 mondiaux ou encore si jamais quelqu'un se démarque lors d'un tournoi majeur. Le golf vogue sur des vagues; il y a eu celle de Tiger, puis ici, au Canada, on a eu celle créée par Mike Weir quand il a remporté le Masters. Actuellement, Rory McIlroy crée un certain engouement, mais rien ne pourrait être plus prometteur et profitable pour le golf au Québec, qu'une ou qu'un athlète d'ici se démarque.»
Les bourses
Rémi Bouchard, qui occupe maintenant le poste de directeur régional pour le membership, Est du pays, chez Golf Canada, sait de quoi il parle car il est, comme on dit, passé par là. Il sait ce que c'est de travailler, de lutter continuellement pour atteindre les rangs majeurs. Dominant sur la scène québécoise à une certaine époque, il a rêvé de la PGA longtemps.

Aujourd'hui, il croit comme bien d'autres que c'est de plus en plus possible de voir un Québécois ou une Québécoise rivaliser avec les meilleurs au monde. Des mesures, comme celle mise en place par Golf Canada pour supporter la transition entre le statut d'amateur et celui de professionnel et dont bénéficie actuellement six jeunes (trois gars, trois filles) au pays, ne peuvent qu'aider.
«Au golf, dit-il, contrairement à d'autres sports, on a besoin d'un soutien financier à toutes les semaines, pas juste en prévision de trois ou quatre gros événements au cours des trois prochaines années comme les Olympiques ou les championnats du monde. Je crois qu'on devrait envisager de donner moins de bourses aux golfeurs, mais avec des montants plus élevés.
«Au Québec, continue Rémi Bouchard, on a un circuit professionnel qui offre d'excellentes bourses. Peut-être est-ce une lame à deux tranchants pour nos athlètes. En remportant de bonnes bourses en compétition ici, ils évitent d'aller se mesurer à ceux qu'ils affronteraient en accédant aux circuits majeurs.»
On a donc posé la question au grand patron de l'AGP, le directeur Jean Trudeau. Ce dernier soupire en l'entendant. Ce n'est pas la première fois que quelqu'un l'interroge à ce sujet mais il veut bien expliquer son point de vue.
«Mon mandat, c'est de mettre sur pied un circuit de compétitions pour les pros du Québec, rappelle Jean Trudeau. Nous avons le meilleur au Canada. Je suis bien conscient qu'avec les bourses que l'on remet, plusieurs sont tentés et ils se joignent à nous. Mais quand je vois un jeune qui, dès le départ, accumule les victoires chez nous et qu'il rêve fortement de joindre la PGA, je lui conseille sans hésiter de changer de circuit, d'aller plus haut, soit au PGA Canada. C'est là qu'il va pouvoir se frotter à ceux qu'il combattra un jour.»
Le nombre
Du côté de Golf Québec, on mise sur la force du nombre, de dire le directeur du développement du sport, Patrice Clément.
«Nous mettons le plus de monde possible tout en bas de la pyramide pour que, justement, explique-t-il, il y en ait davantage qui sortent du lot, qui se rendent au sommet. Et nous les aidons, nous mettons en place des structures, des programmes pour que le plus grand nombre ait la chance de se démarquer.»
Selon M. Clément, avec la Fondation de l'athlète d'excellence, Golf Québec gère un programme de bourses sur cinq ans. La première année, avec 68 000$, quelque 25 bourses de 2000$ à 4000$ ont été versées. Ces sommes permettent aux athlètes de payer entraîneurs, préparateurs physiques, ajustements de bâton, nutritionniste, etc.
Mais en plus de l'argent, il y a aussi les programmes de compétition. Et le taux de participation fait croire à Patrice Clément en la possibilité de plus en plus grande de voir des Québécois se démarquer bientôt sur les circuits mondiaux.

«On donne des outils aux jeunes pour les préparer à ce qui les attend si jamais ils font le saut chez les pros de compétition de haut niveau, mentionne-t-il. Nous avons créé des circuits pour eux dans le but de les initier de même que des circuits leur permettant de vivre pleinement la compétition pendant tout l'été. Et ces programmes sont très, très populaires, nous avons un taux record de participation d'une année à l'autre.
«Plusieurs de ces jeunes sont souvent pris en charge par des entraîneurs chevronnés, tels Daniel Langevin et Fred Colgan, poursuit-il. Nous les guidons également vers d'autres services, comme ceux offerts par le groupe Entourage qui les conseille sur ce qui les attend si jamais ils font le choix d'une carrière de golfeur professionnel.»
(À suivre, jeudi, avec le témoignage de Mathieu Rivard.)