Lévis – «Peu importe sur quel circuit je vais évoluer l'an prochain, je reviens m'installer au Québec.»
Petite partie de golf au club La Tempête, à Lévis, en compagnie de la pro Sara-Maude Juneau. Dès le début de la ronde, elle dévoile ses intentions, soit de rentrer au bercail après plusieurs années aux États-Unis.
La vie de pro, rappelle-t-elle, ce sont les déplacements et les frais à ne plus finir. Un tel contexte prête parfois à la réflexion. Ce qu'elle a fait ces derniers mois. On continue ou on arrête?
«Pendant quelques mois, raconte-t-elle, au début de l'année, j'ai eu des problèmes avec mon visa de travail, j'ai donc dû passer de longues journées seule à Charlotte, en Caroline, là où j'habite. J'ai eu le cafard. J'ai commencé à m'interroger sur ce que je devais faire. Arrêter la compétition? Changer de domaine? Je ne savais plus.»
British Open
Une fois les problèmes de visa réglés, elle en profite pour revenir à Québec voir ses parents.
«Des proches, dans le milieu du golf, explique-t-elle, connaissaient mes intentions et me disaient d'être vraiment prête, d'être sûre à 100% de vouloir arrêter, sinon je le regretterais. Pendant mon séjour à Québec, je me suis retrouvée seule dans la maison de mes parents à regarder à la télé le British Open féminin. Et c'est là que j'ai allumé, que j'ai compris que je n'étais pas prête, que je devais continuer à faire de la compétition dans le golf.

«Je voyais deux types de golfeuses à la télévision, poursuit-elle. Il y avait celles pour qui cela a marché dès le début, qui ont rapidement fait le saut sur la LPGA et y sont restées. D'autres, par contre, ont dû batailler plus ferme, persévérer. Je pense à Mo Martin que j'ai longtemps côtoyé sur le Symetra Tour. Il y a deux ans, elle a justement remporté le British Open et depuis, elle est régulière sur le circuit.
«Je me suis dit que je fait partie de cette catégorie et que tout est encore possible pour moi. J'ai donc décidé de continuer car je ne suis pas prête à arrêter. Et je sais que je peux avoir ma place sur la LPGA. Quand j'y retourne, comme dernièrement lors de l'Omnium canadien, il n'y avait rien de nouveau pour moi, je connais tout le monde et j'y suis très à l'aise.»
Toujours plus difficile

Sara-Maude Juneau évolue depuis quelques années sur le Symetra Tour, circuit école de la LPGA. En 2014, elle a obtenu sa carte pour jouer sur la LPGA en terminant 10e sur le Symetra. Elle est actuellement classée 35e avec des bourses totalisant environ 21 500$.
Selon la pro de 28 ans, le niveau de jeu sur le Symetra est de plus en plus élevé.
«C'est toujours plus difficile d'être dominante sur le Symetra, évalue-t-elle. Je joue actuellement du très bon golf, je suis meilleure qu'il y a trois ans quand j'ai obtenu ma carte de la LPGA et pourtant, je suis 35e présentement.
«Le Symetra Tour est de plus en plus attrayant, continue-t-elle. Les bourses sont meilleures et c'est une très belle porte d'entrée pour la LPGA. Alors on y compte plus d'excellentes joueuses venant de partout dans le monde pour évoluer sur ce circuit.»
Le coaching
Son rang actuel lui laisse croire qu'elle devra possiblement passer par la deuxième étape de qualification, ce qu'elle n'a pas fait depuis quelques années, se rendant toujours à la dernière étape ayant lieu, début décembre, à Daytona Beach en Floride. Mais elle vit aisément avec cette possibilité.
Dans sa réflexion au sujet de son avenir, Sara-Maude Juneau a songé à orienter sa carrière dans le coaching.
«J'ai toujours aimé aider les plus jeunes, souligne-t-elle. Je suis toujours là, toujours disponible pour conseiller les recrues sur le circuit, c'est tout naturel pour moi. J'ai donc fouillé de ce côté, j'ai contacté des gens, des milieux pouvant être intéressés par mes services en tant qu'entraîneur. Il y avait de l'intérêt mais cela n'a pas abouti. C'est plus difficile, aux États-Unis, de percer dans ce domaine quand tu es Canadienne, à cause des visas de travail.»
Le Canada Pro Tour
Devant tous ces faits, elle a pris la décision de quitter Charlotte et de rentrer au Québec. Payer un appartement où elle s'y retrouve souvent seule alors qu'elle s'ennuie de son chez soi au Québec, représentait finalement une dépense inutile.
«Je reviens donc à Québec et peu importe si je suis sur le Symetra ou sur la LPGA, dit-elle. Je connais tellement de gens aux États-Unis qu'il me sera toujours possible d'y séjourner quelque temps entre les tournois. Et je vivrai dans les hôtels s'il le faut. Mais quand j'aurai de longues pauses, plus question de rester seule dans un appartement et à m'ennuyer, je rentrerai à la maison!»
C'est sûr que tout cela peut occasionner des dépenses assez élevées, d'où l'importance de rappeler que les commanditaires sont toujours les bienvenus. Les athlètes de son niveau ont tellement besoin de ce soutien financier.
Juneau se dit aussi très intéressée par le nouveau circuit professionnel, le Canada Pro Tour, mis sur pied cette année au Québec et en Ontario. Elle ne détesterait pas se mesurer aux meilleurs Québécois. «Si l'on veut bien de moi, mentionne-t-elle, j'aimerais bien jouer quelques tournois.»
Nous en avions déjà jeté quelques mots à la direction du circuit et, pas de doute, la porte est grand ouverte!