Ce week-end, le PGA Tour s’arrête dans l’un des plus beau parcours figurant à son calendrier, le Riviera Country Club. Situé au pied des Santa Monica Mountains quelques minutes à l’ouest de Hollywood et du centre-ville de Los Angeles, ce célèbre parcours comprend l'un des meilleurs trous de golf en Amérique du Nord.
Disons d'abord que le Riviera a ouvert ses portes en 1926 grâce au design ingénieux de Georges C. Thomas. Bien que le site soit entouré d’escarpements aux sommets desquels se situent les propriétés de plusieurs vedettes d’Hollywood, celui-ci n’était pas nécessairement pourvu de grandes particularités pouvant présager un parcours d’une si grande qualité. Ceci donne encore plus de mérite au travail de Thomas qui a créé un parcours composé de plusieurs trous très stratégiques en plus de présenter des qualités esthétiques indéniables.
Plusieurs trous de ce parcours pourraient faire l’objet d’une description approfondie, mais pour aujourd’hui, nous nous attarderons au 10e trou, possiblement l’un des meilleurs trous de golf d’Amérique. Rien de moins!
D’une longueur d’à peine 315 verges, cette courte normale 4 terrorise pourtant les meilleurs golfeurs de la planète qui viennent y jouer chaque année dans le cadre du Northern Trust Open. Situé sur la zone la plus plate du parcours, comment se fait-il que ce trou soit si captivant, et si terrorisant? C’est en fait une combinaison de plusieurs facteurs.
D'abord le coup de départ, avec plusieurs options, crée une confusion chez le golfeur. Par la suite, le coup d’approche fait peur, peu importe d’où il est frappé à cause des obstacles entourant le vert. Finalement, le vert lui-même très peu réceptif aux coups d’approche ne frôlant pas la perfection…
Voyons voir de plus près.
Le coup de départ
À 315 verges, inutile de dire que les professionnels peuvent atteindre le vert avec leurs coups de départ. Plusieurs s’y essaient, mais peu réussissent à cause de la configuration du vert entouré de fosses de sable. Un large complexe de fosses de sable dans l’allée dirige les regards vers le vert, et encourage les golfeurs à prendre la ligne directe vers celui-ci avec leurs coups de départ, même si la stratégie n’est pas la plus payante.
L’allée, étrangement très large vers la gauche, contourne ce complexe de fosses de sable d’une manière peu intuitive, avant d’être amincie par une autre fosse sur son côté gauche. Cette fosse semble positionnée à un endroit à partir duquel il serait idéal d’atteindre le vert dont la forme longiligne est positionnée en diagonale, de l'avant gauche à l'arrière droite.
Tout coup de départ frappé vers la droite sera pénalisé sur le coup d'approche par une cible très difficile à atteindre, malgré la courte distance. Tout coup de départ frappé à gauche ouvrira l'angle d'attaque idéal vers le vert, mais laissera un coup d'approche plus long avec une très faible marge d'erreur à gauche ou à droite.
Une fois dans l'allée
Ce n'est qu'une fois dans l'allée que l'on découvre que l'espace disponible à la gauche de celle-ci est plus spacieux qu'il ne parait à partir des tertres. Plus on approche du vert, plus on découvre qu'un coup de départ positionné à la gauche est avantageux. Par contre, la difficulté est de jauger à quel point on peut risquer de flirter avec la fosse de sable de gauche sur le coup de départ.
Un coup de départ frappé directement devant cette fosse de sable laissera le meilleur angle d'attaque pour atteindre le vert, mais cette ligne n'est pas nécessairement facile à obtenir, nécessitant de frapper son coup de départ au-delà de la pointe formée par le complexe de fosses traversant l'allée. Une balle qui finira sa trajectoire dans cette fosse sera pénalisée par un coup d'approche d'une longueur minimale de 90 à 100 verges, en direction d'une cible très évasive!
Un vert cruel
Ce qui complique la situation davantage, des tertres jusqu'au vert, c'est la configuration même du vert et ses pentes environnantes. En effet, le vert étroit fait en sorte qu’il est préférable de l’attaquer du côté gauche de l’allée. Ce qui rend cette approche encore plus avantageuse, c’est le fait que le vert soit surélevé avec une pente latérale très forte de l’arrière droite vers l’avant-gauche, mais également de l’avant droite vers l’arrière-gauche. Tout cela fait en sorte qu’il est presque impossible de tenir un coup d’approche sur le vert si ce dernier est frappé à partir de la droite de l’allée, et au-dessus de la fosse de sable à l’avant droite du vert.
Ainsi, il n’est pas rare de voir des coups d’approche aboutir dans la fosse arrière, après avoir tombé doucement sur le vert. Depuis quelques années, on a même décidé de couper le gazon très court entre le vert et les fosses de sable, comme on peut le constater sur la photo en plan du trou. Ceci fait en sorte que tous les coups hors-ligne et imprécis roulent facilement dans les fosses, et ce même lorsqu’ils tombent en bordure du vert. Le tout est particulièrement diabolique!
Alors, l’un des meilleurs trous en Amérique ou non?
Évidemment, tout le monde a son idée du trou idéal. Si ce trou n’est pas l’un des meilleurs pour tout le monde, il devrait néanmoins être cité en exemple. En effet, en cette ère où les longs cogneurs dominent outrageusement le jeu, il est particulièrement rafraichissant de voir un trou si court causer autant de problèmes aux joueurs.
À 315 verges, cette normale 4 devrait en théorie être un jeu d’enfant. C’est pourtant un cauchemar pour plusieurs qui le craignent comme la peste. Un golfeur agressif pourra toujours s’approcher du vert avec son coup de départ, voire même l’atteindre et obtenir une chance d’aigle ou un oiselet, mais la stratégie ne sera pas toujours gagnante comme le démontrent les statistiques. En 2014-2015, les joueurs ont obtenu une moyenne de 4.1 coups sur ce trou. Pas mal, non, pour un trou de cette longueur?
En d’autres termes, pourquoi n’y a-t’il pas plus de trous de la sorte au lieu des normales 4 de plus de 500 verges qui sont maintenant monnaie courante dans tous les tournois. Qu’y a-t’il de si excitant à voir jouer les golfeurs sur ces monstres qui ne nécessitent pratiquement pas d’imagination et de savoir-faire, autre que de frapper loin et droit? Personnellement, je préfère de loin un trou comme le 10e à Riviera, et c’est pourquoi je le considère possiblement comme l’un des meilleurs trous en Amérique. Et vous? Qu’en pensez-vous?
Pour une superbe description du parcours (en anglais) sur golfclubatlas.com, cliquez-ici :
http://golfclubatlas.com/courses-by-country/usa/riviera-country-club/