Lévis – Il faut croire que le dermatologue Joël Claveau a un penchant pour le golfeur Greg Norman. Et ce n'est pas nécessairement en raison de la qualité de son jeu ou parce qu'il admire les exploits du professionnel australien, mais tout simplement parce qu'il porte un large chapeau lorsqu'il est sur un terrain de golf.
«Au golf, insiste le spécialiste, il faut se couvrir et je dirais que seule la casquette ne suffit pas toujours. Un chapeau à la Greg Norman serait idéal. Car des cancers de la peau sur le nez et sur les oreilles, on en voit en très grand nombre.»
Dans le cadre de la Semaine de prudence au soleil, créée par l'Association canadienne de dermatologie, le Dr Claveau était de passage vendredi au club de golf La Tempête, à Lévis. En compagnie de confrères dermatologues, il a tenu une conférence de presse et une sorte de petite clinique de dépistage du cancer de la peau, ce tueur silencieux comme il l'appelle.
«Ça ne fait pas mal, c'est juste un point de beauté étrange qui se forme, alors les gens ne vont pas aussitôt consulter, rappelle-t-il. C'est dommage car diagnostiqué tôt, cette forme de cancer a un fort taux de guérison. Mais il ne faut quand même pas attendre. Quand tu dois enlever plusieurs couches de peau sur une oreille ou sur un nez pour éliminer le cancer, ce n'est pas très agréable. Après, les patients nous disent toujours que, s'ils avaient été davantage sensibilisés, ils seraient venus plus tôt.»
L'exemple de Jacques Tanguay
L'accompagnaient aussi l'homme d'affaires Jacques Tanguay et l'ex-vedette de la LNH, Patrick Roy, tous deux adeptes du golf.
«Nous sommes contents de pouvoir compter sur une étoile comme Patrick, cela nous aide dans notre campagne de sensibilisation, a précisé le Dr Claveau. Je rappelle que l'un de ses prédécesseurs devant le filet du Canadien, Michel Larocque, est malheureusement décédé d'un mélanome, une forme de cancer de la peau.»

Il a ensuite émis une série de statistiques dont celles disant que dans 70% des cas, les mélanomes sont repérés pour la première fois par les patients eux-mêmes (53%) ou par un membre de leur famille (17%), ce qui fut justement le cas pour l'homme d'affaires Jacques Tanguay dont l'épouse avait remarqué chez lui un point noir apparaissant dans son dos.
«C'est arrivé il y a quelques années. L'opération a eu lieu et 40 jours plus tard, la plaie s'est refermée d'elle-même. Je suis maintenant plus prudent. Au golf, je mets de l'écran solaire et me couvre mieux», nous a-t-il expliqué à l'issue de la conférence de presse, juste avant de se prêter à une petite mise en scène (photo de manchette) d'examen médical, avec le Dr Claveau, question de satisfaire les représentants des médias en quête d'images.
La saison des snowbirds
Était également présente à l'événement, la dermatologue et chirurgienne Marie-Michèle Blouin. Celle-ci vient de terminer sa première «saison de snowbirds» de l'année et entrevoit la seconde en octobre prochain.
«Quelque 40% de mes patients sont des snowbirds, ces gens retraités qui passent l'hiver dans le sud, a-t-elle spécifié. Souvent, à leur retour en avril et mai, ou juste avant leur départ en octobre ou novembre, ils consultent et c'est là que nous devons intervenir.»
Elle a sorti d'autres chiffres pour préciser que 30% de tous ses patients sont des sportifs de plein air tels les cyclistes, les coureurs et, bien sûr, les adeptes du golf.

Non loin d'elle, se tenait, discret comme toujours, l'entraîneur de l'équipe de golf du Rouge et Or, Élie Anquetil. L'occasion était belle de s'informer si ses joueurs et joueuses se protègent contre le soleil, eux qui passent la majorité de leur temps sur les terrains de golf.
«Nous leur répétons régulièrement, a-t-il dit, mais ils trouvent toujours des prétextes pour ne pas appliquer un écran solaire. Cet hiver, en Floride, l'un d'eux a dit qu'il n'en avait pas besoin, ayant séjourné plus tôt au Brésil. Il a pourtant reçu un méchant coup de soleil, tellement sévère qu'il n'a pu faire la compétition le lendemain.»
Il pleuvait fort, lors de cette fameuse conférence de presse rappelant qu'il faut se protéger des effets néfastes du soleil sur la peau. Cela n'a nullement découragé le Dr Claveau qui, bien au contraire, a sauté sur l'occasion pour rappeler que même en temps nuageux, il faut se méfier.
«Les rayons du soleil responsables du cancer de la peau sont de plus en plus violents, compte tenu de la détérioration de la couche d'ozone, a-t-il spécifié. De plus, il arrive que les gens débutent leur partie sous les nuages, alors ils ne se protègent pas, mais au bout de quelques heures, le soleil se pointe et là, ils n'ont pas d'écran solaire.»