Dimanche dernier, vers la fin du US Open, Mary-Lee Cobick vivait un stress intense. Un pro qu'elle a vu grandir, qu'elle a connu alors qu'il n'était pas plus haut que trois pommes, était en voie de remporter, pour une deuxième année de suite, ce tournoi majeur. À l'issue de l'événement, elle était à la fois ravie et peu surprise.
Pourtant, Brooks Koepka a dû batailler dur pour cette victoire, ayant à réaliser d'importants coups roulés pour sauver une normale ou, encore, comme au 18e trou, y aller d'une délicate approche.
«On connaît Brooks comme un joueur puissant, rappelle Mary-Lee, mais vous n'avez pas idée à quel point il est fort avec son jeu court. Enfant, quand il débarquait chez nous – et ce pratiquement à tous les jours – il jouait 36 trous de suite et, après, il passait son temps autour du vert de pratique.
«D'ailleurs, poursuit-elle, quand il venu ici en mars dernier rencontrer les jeunes de nos cliniques juniors, il leur a confié qu'à leur âge, l'entraînement au niveau du jeu court représentait 85% de son temps. Alors je ne suis tellement pas surprise qu'il ait pu aussi bien maîtriser ses approches et ses coups roulés pour remporter une deuxième fois de suite le US Open.»
Milieu modeste
Quand elle parle de «chez nous», Mary-Lee Cobick fait référence au club de golf Okeeheelee dans le secteur de West Palm Beach, en Floride, là où elle est professionnelle depuis plus de 20 ans (À lire également: D'Abitibi à Okeeheelee).
La Québécoise d'origine se rappelle très bien de ce gamin qui passait ses journées entières, pendant les vacances scolaires, à jouer et à pratiquer, inlassablement, sur les allées du Okeeheelee alors qu'il avait à peine 6 ou 7 ans.
«Sa mère le déposait au club tôt le matin et revenait le chercher en toute fin d'après-midi, relate-t-elle. Brooks provient d'un milieu modeste et comme notre programme junior était abordable, il a pu s'inscrire ici.
«Au début, continue la pro, cela lui en coûtait moins de 150$ pour participer au programme. Sauf que dans ce prix, les balles au champ d'exercice n'étaient pas incluses. Et comme il n'avait pas les moyens de se payer des paniers de balles, après ses parties, plutôt qu'aller au champ d'exercice, il allait au green de pratique. Je le répète, pas surprenant que son jeu court soit aussi à point!»
Calme et concentré
Une autre chose qui n'a guère surpris Mary-Lee, c'est le calme et la concentration dont semblait faire preuve Brooks Koepka lors de sa victoire de dimanche dernier.
«C'est là toute sa force, sa grande force, insiste-t-elle. En anglais on dit: even level. Brooks demeure toujours au même niveau, au même état d'esprit, peu importe ce qui se passe autour de lui. Peu importe si les conditions de jeu sont difficiles, comme ce fut le cas encore cette année au US Open, cela ne le sort pas de sa bulle, il sait qu'il faut composer avec cela, alors il suit son plan de match à la lettre.»
Quand elle nous énumère les qualités du champion, on sent bien que la professionnelle a beaucoup de respect envers lui et qu'une pointe de fierté (celle d'avoir contribué à sa manière au succès du jeune homme), s'affiche chez elle.
«Dès que c'est possible pour lui, il vient nous voir et n'hésite pas à rencontrer les jeunes. Il est venu en mars dernier, avec son trophée de 2017, et il a été très généreux envers les juniors. J'espère qu'il va revenir prochainement avec son trophée de 2018!»