Sainte-Marie, Beauce – «Une coupure devait se faire et pendant deux ans, je n'ai pratiquement pas touché à mes bâtons. L'intérêt n'y était plus. J'ai pris la bonne décision et aujourd'hui, je ne regrette rien, absolument rien. Je suis heureux dans ce que je fais.»

Le Dave Kelly qui nous reçoit dans les locaux de Bizou International, à Sainte-Marie dans la Beauce, ne ressemble plus beaucoup au jeune golfeur presque fougueux, du moins avec cette assurance quasi audacieuse qui, bien souvent, semble la marque des champions. Car il en était un, il y a moins de dix ans. Certes, il paraît toujours sûr de lui, mais lorsqu'il plonge dans son passé de golfeur prometteur, il y a dans sa façon de s'exprimer plein d'humilité et même, de la sagesse.
«La vie est belle, lance-t-il sans un enthousiasme à tout casser mais avec toutefois plein de sincérité. J'ai maintenant l'impression d'être à la bonne place. Et je n'ai pas de remords, pas d'amertume.»
Étirer la décision…
À 33 ans, Dave Kelly a pris une décision qui n'a pas été facile, mais qui s'imposait. Quelque cinq ans plus tard, il vit très bien avec et s'il a peut-être un petit, un tout petit regret, c'est de l'avoir étirée un peu trop, cette décision. Quand même, ce n'était pas évident de mettre fin à une carrière de golfeur professionnel lorsqu'on sait que le talent y est, qu'on sait qu'on est capable de gagner et cela, contre les meilleurs.
«À chaque fois que je me suis retrouvé au milieu de ceux vers qui je souhaitais aller, comme lors du tournoi au Doral avec comme partenaire Camillo Villegas, rappelle-t-il, j'étais peut-être impressionné, mais je savais que j'avais ma place avec eux. J'y croyais, je pouvais évoluer avec ces gars-là, je n'avais pas de doutes.»
D'autant plus qu'à cette époque, soit le milieu des années 2000, Dave Kelly faisait les manchettes du golf continuellement. Ses prouesses remplissaient les pages sportives. Après une carrière amateur du tonnerre où il a, entre autres, été dominant sur le circuit de la NCAA avec son équipe de l'université Clinton State en Georgie, et, ramassé quelques titres provinciaux comme le Duc de Kent, il a entrepris un virage professionnel en accumulant les victoires au Québec.
«En 2006, dit-il, j'avais l'impression que rien ne pouvait m'arrêter! J'avais du succès, je jouais bien, malgré de petites lacunes comme le mental et le jeu court, mais j'y ai travaillé et je me suis amélioré. De plus, financièrement, cela avait du sens… Je veux dire que mes bourses et l'aide de quelques personnes, me permettaient de poursuivre, d'aller de l'avant et de continuer à nourrir le rêve de jouer un jour sur la PGA.
«Je travaillais fort, continue-t-il, mais peut-être pas de la bonne manière. Ainsi, quelques échecs sont survenus, comme rater la coupure lors des qualifications de la PGA, par seulement deux petits coups, qui ont finalement attaqué le moral, qui ont fait en sorte que la confiance a diminué. Et puis il y a eu cette blessure au poignet…»
Vers la sortie
Une blessure qui l'a conduit vers la sortie. Ce n'est pas qu'il lui attribue sa fin de carrière comme golfeur professionnel, mais la douleur l'a aidé à prendre la décision qui devait être prise.
«Quelque part, je voyais bien que ça ne marchait plus comme avant, explique celui qui maintenant occupe le poste de directeur du développement chez Bizou International, une importante firme spécialisée dans la vente de bijoux. Je voyais bien que les résultats n'étaient plus là. Sauf que je voulais encore y croire car en même temps que tu penses que tes chances sont de moins en moins bonnes, tu sais qu'il y a un potentiel en toi et tu veux que les bons coups reviennent. Tu sais que tu es capable mais ça ne vient plus…

«Puis, petit à petit, poursuit-il, d'autres choses s'ajoutent, d'autres problèmes auxquels il faut faire face. Quand, à chaque semaine, tu joues au golf en te disant qu'il faut absolument connaître un bon tournoi et ainsi obtenir une bonne bourse qui paiera certaines factures, ça commence à être lourd à gérer. Quand tu es jeune, tu vis assez bien avec cela, mais plus vieux, ça devient insupportable. À 33 ans, j'ai dit là, c'est assez.»
Structures absentes
Pendant l'entrevue, la neige tombait en gros flocons sur les collines beauceronnes. Est-ce cela qui l'a inspiré dans sa réponse lorsque interrogé à savoir qu'est-ce qui fait que les Québécois n'atteignent pas les circuits majeurs?
«Ce n'est pas facile de développer les athlètes d'un sport d'été dans un pays d'hiver, estime-t-il. Tu joues quatre mois par année et après tu dois être en mesure d'affronter des joueurs qui jouent à l'année longue… Pour y arriver, cela prend de bonnes structures et je crois qu'elles sont absentes. Du moins, dans mon cas, elles l'ont été. J'ai eu de l'aide d'individus, mais pas d'organisations.»
Il croit toutefois que c'est possible de voir bientôt un Québécois se démarquer dans les hautes sphères du golf. Peu importe le climat, d'ailleurs, puisqu'un pays comme la Suède, analyse-t-il, a sûrement un bon programme pour fournir ainsi plusieurs athlètes aux circuits majeurs du golf.
Actuellement, il doit y avoir un peu moins de dix Canadiens possédant leur carte de la PGA et Dave Kelly s'interroge. Il se demande pour quelle raison aucun d'eux ne vient du Québec. Il laisse la réponse à d'autres car pour sa part, s'assurer que les constructions et les nouvelles franchises de Bizou à travers le monde marchent bien, demeure sa principale préoccupation.
«Je n'ai plus beaucoup la tête au golf, émet-il nullement désolé. Le travail et la petite famille, avec le poupon de neuf mois, m'occupent et me comblent. Je crois que j'ai fait de mon mieux, avec ce que j'avais, et cela n'a pas fonctionné. Mais je l'ai dit, je n'ai aucun regret.»
(À lire jeudi, Raoul Ménard veut être le premier.)
Frédéric Côté
Je ne sais pas si ce message se rendra mais je suis tombé sur cet article par hasard alors que je passe quelques jours à Myrtle Beach avec mon père a nous amuser sur les golfs de la région.
J’ai connu Dave au terrain de golf qui la vu grandir à Frampton. J’avais quelques années de plus que lui et certainement plusieurs coups de plus sur un 18.
J’aimerais le féliciter pour la vie qu’il a décidé de choisir. Ce choix ne devait pas être facile. Il était déjà à l’époque tellement impressionnant avec son swing de John Daly. Ou plutôt de Dave Kelly.
Je prends une chance d’envoyer ce message. Si vous avez encore ces coordonnées svp lui transmettre ce message.
Dave, j’ai maintenant 42 ans et je garde encore un bon souvenir de toi. Fougueux, caractère de chien, mais certainement pas un « looser ». Aujourd’hui ta vie est celle que tu décides de faire grandir et je t’en félicite. Tu resteras toujours un gagnant.
PS.: j’ai marié une fille de Sainte Marie et nous avons 4 enfants. Mon plus vieux à maintenant 18 ans et ma dernière 6 ans.
Bonne chance.
Frédéric.
Dave Kelly
Salut Fréderic,
wow, merci pour ton commentaire, j’apprécie énormément.
MERCI
Dave