Québec – Oui, ça promet! Au train où vont les choses, ces temps-ci, quelques jeunes golfeurs et golfeuses du Québec risquent davantage de se blesser à force de soulever des trophées qu'à pratiquer leur sport…
Si l'on se fie à ce que l'on voit et constate depuis quelques semaines, les jeunes athlètes du Québec s'affirment, pour ne pas dire qu'ils dominent, lors de tournois de golf aux États-Unis, s'approchant de leur rêve et, du même coup, nous faisant rêver nous aussi de voir un jour l'un des nôtres atteindre les ligues majeures.
Il y en a une qui colle (trois de suite) les victoires sur le circuit féminin de la NCAA américaine, division 1, pour permettre du même coup à son université, soit Kent en Ohio, de remporter pour une dix-septième année de suite le championnat de sa conférence. On parle ici de Josée Doyon, de Saint-Georges en Beauce, membre du club Beauceville, qui ne cesse de faire les manchettes avec ses victoires impressionnantes: «Lors de ma dernière victoire, j'ai joué 74 la première journée. C'était la première fois que je jouais au-dessus de la normale en huit parties de compétition!», précise la jeune douée.
Il y a ce jeune homme de Montréal qui s'en va en Floride fracasser un record de terrain et ensuite remporter son premier tournoi professionnel même s'il est toujours amateur. Hugo Bernard, qui a «mangé» le terrain Abacoa avec des rondes de 61 et 63 (moins 20 sur deux jours!!!) n'a rien d'autre en tête que de joindre un jour les rangs de la PGA. «Un jour à la fois. Oui, j'ai gagné un gros tournoi avec un field extrêmement relevé, mais je ne suis pas rendu à mon but ultime encore. Sauf que j'avance dans la direction que je me suis fixée», mentionne-t-il dans un échange de courriels.
Il y a cet adolescent de 15 ans, Charles-Éric Bélanger de Québec, qui vient encore de porter à bout de bras un trophée, soit celui de la victoire, dimanche dernier, lors de l'Omnium printanier junior dans l'état de New York. Le dimanche du Masters, il se démarquait à nouveau en remportant en prolongation le tournoi de Jekyll Island en Georgie . «J'étais vraiment en confiance, je me surprenais moi-même de la qualité de mes coups», nous faisait-il part au lendemain de sa victoire en prolongation à Jekyll Island.
Et puis il y a des filles comme Noémie Paré, de Victoriaville, qui a elle aussi gagné en fin de semaine à l'Omnium printanier, ou Sarah-Ève Rhéaume qui, en Georgie, avait pris la deuxième place dans la catégorie 15-18, alors qu'elle n'a que 14 ans. On peut aussi parler de Francis Berthiaume, de Valleyfield, qui vient d'aider Alabama State à mettre la main sur un quatrième titre de suite du Championnat de la Southwestern Athletic Conference.
La joueuse à battre

En avril, Charles-Éric Bélanger avait perçu, en prolongation, une certaine nervosité de son adversaire qu'il avait défait au deuxième trou. Cela est assez révélateur, ou du moins démontre quelque chose de très spécial qui est en train de se passer avec les jeunes Québécois qui s'affirment sur les circuits de golf. Coach de pros talentueux qui visent les sommets, Mathieu Paradis spécifiait cet hiver que «c'est sûr que l'on va voir un jour un Québécois sur la PGA». Et voilà qu'on a un adolescent de 15 ans qui rend nerveux des joueurs américains.
«Ça me fait tout drôle, confiait récemment en entrevue téléphonique Josée Doyon. Il n'y a pas si longtemps, j'abordais les tournois en espérant bien faire. Aujourd'hui, j'arrive sur les lieux de la compétition en sachant que je suis maintenant la joueuse à battre!»
Et cela se passe sur un circuit qui compte des centaines de jeunes filles cognant à la porte de la LPGA! La petite Beauceronne est maintenant classée 92e meilleure amateur au monde. En moins de deux mois, grâce à sa domination sur la NCAA, elle est passée du 270e rang au 92e! Au Canada, elle se trouve en troisième place!
«Je ne sais pas pourquoi, dit-elle, peut-être est-ce parce que je me sens en confiance, mais j'ai gagné beaucoup de distance. En gagnant cette distance sur mes coups de départs, j'attaque plus facilement les verts avec mes fers courts. Même chose pour mon jeu autour des greens. Je le maîtrise très bien ces temps-ci.»
Il reste une autre année scolaire à Kent à Josée Doyon qui étudie en criminologie. En passant, parmi tous les titres qu'elle accumule depuis quelques temps, elle a reçu celui de meilleure étudiante universitaire! «J'aime cela étudier», lance-t-elle tout bonnement, sans forcer, quoi!
Force mentale
Du côté de Hugo Bernard, jouer moins 11 puis moins 9 sur un terrain inconnu, lors d'un tournoi de mini-tour professionnel, demeure un exploit à souligner. «Je n'avais jamais mis les pieds sur le terrain Obacoa Golf Club, dit-il, même pas en ronde de pratique. Il y avait eu de forts orages la veille et le terrain était inaccessible.»
Dans l'échange, le jeune homme explique qu'il se sent habité par une force mentale, actuellement, qui l'aide grandement: «Mentalement, je n'ai pas peur de faire beaucoup de birdies et ainsi me retrouver à moins 5 ou moins 6 tôt dans la partie. Je ne deviens pas nerveux lorsque je suis dans cette position. Et je crois que ça prend des pointages comme ceux-là pour passer au prochain niveau.
«Lors du tournoi Major 2 (le tournoi qu'il a remporté à Obacoa), poursuit-il, je jouais ma partie un coup à la fois en n'ayant pas peur de prendre des risques. Quand je joue ainsi, je les réussis ces coups-là. Je deviens encore plus en contrôle de ma partie.»
Hugo Bernard joindra à l'automne les rangs de l'équipe les Volunteers de l'Université du Tennessee. Cette dernière a d'ailleurs fait grandement état de «cette acquisition» lorsque le jeune homme a accepté l'offre. Donc, beaucoup d'espoir est permis si une prestigieuse école américaine prend la peine d'aller chercher au nord de sa frontière un jeune qui promet, alors qu'autour d'elle, bien souvent dans sa propre cour, le talent ne manque pas.
Tout cela, c'est sans compter sur quelques joueurs qui vont bientôt graduer aux États-Unis (entre autres Raoul Ménard) et ceux qui s'aventureront prochainement sur la PGA Tour Canada. En effet, ça promet!