Coral Spring, Floride – En 2015, c'était fini le golf pour Charles Côté. En 2016, le voilà sur le circuit professionnel Latino Tour dont le premier tournoi de la saison se met en branle aujourd'hui à Medelin, en Colombie.
«Il y a un an, je croyais ne plus savoir jouer, ne plus être capable de sortir de bonnes parties, raconte le jeune homme de Thetford Mines. En 2014, je m'étais concentré sur les études, question de terminer mon baccalauréat en administration-comptabilité. Je n'avais donc pas beaucoup pratiqué. Et quand j'ai repris le golf, ça ne marchait plus, je n'étais plus dans le coup. Dans ma tête, plus rien ne marchait avec le golf.»
Quand il nous a expliqué cette étrange situation, il venait d'obtenir sa carte conditionnelle lui permettant de jouer sur le Latino Tour, le circuit donnant accès au web.com, la dernière étape avant la PGA. L'entrevue avait lieu en Floride où il arrivait après d'intenses qualifications à Bogota, en Colombie.
«Sur 84 joueurs, explique-t-il, ils en gardaient 25. J'ai terminé 19e! J'ai joué des rondes de 76, 73, 75 et 69 sur l'un des terrains les plus difficiles qu'il m'ait été donné de jouer.»
Une victoire, enfin!
Donc, en 2015, l'absence d'un entraînement soutenu, en raison des études, l'a fait douter de lui. Mais ses amis pros ne le voyaient pas ainsi, jugeant qu'il avait encore du bon golf en lui. Ce n'était, quelque part, juste lui qui doutait.
Il a accompagné quelques-uns de ses amis sur les mini tours américains (en Arizona et en Floride) jusqu'au jour où il a enfin signé une victoire. C'était au mois d'août, à Orlando, sur le West Florida Tour. Des rondes de 65 et 68 lui ont alors permis de remporter la compétition par deux coups devant Patrick Shehan, un gars qui, dans les années 2000, jouait de façon régulière sur la PGA.
«Ce fut tout un »boost'‘!», s'exclame-t-il, sans excès, certes, mais visiblement enchanté. Puis il ajoute: «C'est là que j'ai bien vu que je pouvais recommencer à croire en mes chances. Je me suis dès lors concentré sur les qualifications du Latino Tour et cela a marché!»
Son père, coach et motivateur
Il a maintenant un pied dans la porte, comme il dit, et veut croire en ses chances. Il précise alors souhaiter bien faire (au moins les coupures à chaque tournoi qu'il pourra disputer) sur le Latino Tour pour obtenir ses chances sur le circuit équivalent, soit le McKensie Tour au Canada, puis de nouveau sur le Latino à l'automne. Cet été, il entend participer aussi aux compétitions de l'AGP, lui qui joue sous les couleurs du club La Tempête à Lévis. Tout cela, espère-t-il, pour ensuite atteindre le web.com et, qui sait, la PGA.
Voilà, telles sont ses intentions comme il nous l'a précisé lors de la rencontre, mais on sent qu'il a encore des choses à dire. Et là il tient à remercier les commanditaires mais aussi et surtout, son père, Pierre Côté.
«Sans lui, insiste-t-il, je ne serais pas rendu là. C'est un gars de 12 de handicap, mais je le considère comme mon coach. Il m'a initié au golf, il connaît mieux mon élan que moi-même et nourrit encore plus que moi mes ambitions. Quand j'ai eu une baisse de régime, il croyait toujours en moi. Quel appui!
«Je suis content de pouvoir compter sur lui et sur mes commanditaires, poursuit-il. Depuis que je suis junior et que je fais de la compétition, j'ai vu plein de gars, bourrés de talent, qui se sont retirés. Je ne connais pas leur situation personnelle, mais peut-être n'ont-ils pas eu un tel support.»
Raoul Ménard
Cinq à six golfeurs canadiens parcourront donc l'Amérique du Sud au cours des prochaines semaines. Outre Charles Côté, un autre pro du Québec y sera, soit Raoul Ménard de Saint-Jean-sur-le-Richelieu. Les deux Québécois ont participé aux qualifications du lundi pour le Colombia Open, mais n'ont pas obtenu leur laissez-passer pour le tournoi. Côté a joué 71 et Ménard, 72, alors qu'il fallait ramener une carte de 68. Ménard est toutefois le premier substitut advenant un désistement de dernière minute.
«C'est bien que Raoul soit aussi sur le Latino, on va pouvoir partager certaines choses, cela va nous aider», de dire Côté qui vit dans ses valises depuis plusieurs mois.
«Je suis habitué, assure-t-il, j'ai toujours eu une vie de nomade. Il me reste juste à acquérir un peu plus de vocabulaire espagnol…»
¡Hola señor Costa!