«Quand je dis à des gens que je suis professionnel de golf, plusieurs me demandent aussitôt pourquoi on ne me voit pas à la télé!»
Stéphane Maltais (photo en manchette) est directeur général au club de golf Saguenay-Arvida. Comme plusieurs de ses confrères, il possède aussi sa carte de pro de golf. Sauf que, fonction oblige, il doit être plus souvent dans un bureau à gérer de nombreux dossiers que sur des allées à s'élancer.
«Les gens ont tendance à croire, dit-il, que dès qu'on est pro de golf, on fait de la compétition et on passe à la télé. Certains pensent également qu'à la fin d'octobre, début novembre, on ferme tout et on va dans le sud relaxer tout en jouant au golf. Pourtant, c'est tout le contraire, une charge énorme de travail nous attend au moment où tout s'arrête à l'extérieur, au moment où l'on ferme le terrain.»
«C'est sûr, enchaîne pour sa part Bruno Chicoine, dg au club Saint-Hyacinthe, que si l'on fait ce métier, c'est d'abord en raison de notre passion pour le golf, parce que depuis notre enfance on aime le golf et on voulait travailler dans ce domaine. Sauf qu'en devenant administrateur, le temps pour aller jouer se fait assez rare.»
Si l'on résume un peu, quand on parle de pros de golf, Stéphane Maltais de Saguenay-Arvida suggère quatre catégories: pro de compétition, pro enseignant, pro de boutique de golf et pro gestionnaire.
«Pour cette dernière catégorie, mentionne M. Maltais, on peut dire qu'elle est très peu connue, que c'est un travail dans les coulisses du golf. Et c'est dommage car le pro gestionnaire est souvent la pièce maîtresse d'un club de golf. C'est lui qui marie les opérations golf à toutes les autres activités reliées au club. Généralement, un club de golf est un OSBL, un organisme à but non lucratif, mais ça demeure une business. Et si tu ne dégages jamais de profits pour réinvestir dans la business, tu ne vas nulle part.»
Donc on est loin de l'image du pro qui ferme les livres au Québec à l'automne et va se la couler douce sous le soleil pendant l'hiver.
«Je te dirais que, dès octobre, on s'attaque déjà à la planification de la prochaine saison, indique Mario Bouchard, directeur général au Royal Québec qui, comme de nombreux pros, a débuté tout jeune dans le golf en lavant les bâtons des membres, en étant cadet puis en devenant assistant-pro jusqu'à obtenir le statut officiel de professionnel en titre.
La majorité des pros gestionnaires œuvrant dans les clubs du Québec sont donc habiles avec un bâton de golf dans les mains. Sauf que le manque de temps pour pratiquer, pour garder la forme sur les allées, fait en sorte qu'ils sont maintenant loin du niveau de jeu leur permettant de se mesurer à ceux actifs sur les circuits.
«Mais on s'impose d'aller jouer le plus souvent possible, précise Bruno Chicoine de Saint-Hyacinthe. Et c'est très agréable de jouer avec les membres, de les côtoyer sur les allées et d'entendre leurs préoccupations ou autres. Cela nous permet aussi de voir ce qu'il en est avec le terrain. Avant tout, on gère un parcours de golf et il faut voir ce qu'il en est réellement sur le terrain.»
Pour ce dernier, d'ailleurs, l'un des aspects préférés de sa profession c'est de faire occasionnellement le tour du parcours avec le surintendant pour constater l'état des lieux et voir aux améliorations possibles. Il parle de ces moments avec le surintendant, de ces moment privilégiés, avec enthousiasme comme le font aussi ses collègues dès qu'on leur demande ce qui leur plaît le plus dans leur travail de tous les jours.
Quand on a affaire à des passionnés, c'est sûr que lorsqu'on aborde ce sujet, une étincelle s'allume et les emporte. En général, conjuguer et amener dans une même direction toutes ces opérations (golf, location de salle, rapports annuels, restauration, réunions avec les directeurs du CA et bien d'autres) semble les stimuler.
«Attaquer les différents dossiers pour bien les mener à terme avec les directeurs du conseil d'administration représente une partie très agréable de mon travail, précise Mario Bouchard. C'est par eux qu'on comprend les attentes des membres. Être à l'écoute des membres reste quelque chose de primordial. Il y a aussi les rencontres avec les employés cadres responsables des différentes sections qui demeurent une tâche majeure pour que tout fonctionne bien. Ici, au Royal Québec, la gestion des ressources humaines représente une activité fort importante avec plus de 125 personnes en saison.»
Décroissance puis Covid…
«On porte plusieurs chapeaux, souligne Stéphane Maltais, mais c'est tellement motivant d'entrer tout cela dans un budget qui se tient, puis d'examiner et ajuster les chiffres avec les membres du CA pour arriver au final à respecter nos prévisions. C'est vraiment gratifiant!»
Ce dernier rappelle qu'un autre chapeau s'est ajouté ces dernières années, celui maintenant de composer avec les mesures sanitaires imposées par la pandémie de Covid-19.
«C'est un autre aspect à gérer, évoque-t-il. De plus, l'engouement que la pandémie a créé pour le golf, fait un bien énorme. Depuis des années, nous gérions la décroissance. Boucler les budgets avec moins de rentrées demeure une tâche énorme et bravo aux gens de notre industrie qui ont travaillé fort pour y parvenir à cette époque.
«Maintenant, conclut-il, on administre dans des conditions de croissance et cela fait tellement de bien! Tout le monde en sort gagnant!»