Deerfield Beach, Floride – Quelque part dans la vie de Denise Lavigne, il y a peut-être eu deux balles à l'eau de trop et qui ont fait la différence. Deux balles qui ont abouti dans l'eau, sur une normale trois, et qui l'ont obligée à inscrire un score de 9, ce qui l'éliminait d'une place sur la LPGA. Adieu le rêve de jouer sur le grand circuit.
«J'ai vécu de beaux moments au golf mais aussi un mauvais, un très, très mauvais et c'est vraiment celui-là», raconte-t-elle en riant. Mais à l'époque, la situation n'était pas drôle du tout.
«J'étais parmi les 25 premières lors des qualifications et ma place était pratiquement assurée pour la saison suivante sur la LPGA, lorsque j'ai commis cet affreux plus 6! Qui sait ce qui serait arrivé par la suite?»
Peut-être n'aurait-elle pas été là, une vingtaine d'années plus tard, dans le champ d'exercice du club Deer Creek, en Floride, à nous raconter sa vie de coach au golf, une vie dévouée à l'enseignement de cette discipline à la fois belle et souffrante comme c'est le cas lorsqu'on commet un plus 6 sur une normale trois dans les derniers instants d'une qualif pour la LPGA…
Elle sait quoi faire
Bon, il faut bien oublier cette histoire et passer à autre chose. Ce qu'a bien sûr fait Denise Lavigne, une personne dont la jovialité inspire, et aujourd'hui, elle n'a aucun regret et se plaît grandement dans son choix de carrière, soit celui d'être enseignante et entraîneur de golf.
«Je regarde cela, 30 ans plus tard, et je referais exactement la même chose, dit-elle avec assurance. J'aime tellement cela!»
Et on n'en doute pas une seconde tout au long de l'entrevue qu'elle nous accorde. Une entrevue qui défile à un bon rythme, tel un fluide élan de golf! Et s'il y a un temps mort entre deux questions, elle en profite pour lancer: «Allez, viens, frappe quelques balles, je vais te regarder. Et si je peux te donner un conseil… tant mieux!»
Au premier élan elle détecte facilement le moindre petit défaut et explique déjà quoi faire pour le corriger.

«Je crois que j'arrive facilement à faire une bonne analyse de l'élan d'un élève, estime-t-elle modestement. Il faut vraiment s'adapter à la personne d'abord et avant tout. C'est jamais la même chose pour tout le monde, que ce soit dans l'enseignement ou dans le coaching. La communication entre ensuite en ligne de compte pour mieux s'ajuster à chacun.»
Leblanc, Mills, Sapone et les autres…
Cette passion pour l'enseignement du golf l'a mené un peu partout. L'hiver, depuis quelques années, elle travaille au Deer Creek, mais l'été, elle rentre au Québec où elle partage son temps entre le club Le Mirage et celui de Pinegrove.
Elle a aussi travaillé pendant plusieurs années comme entraîneur de l'équipe nationale de golf en Suisse. Et depuis, plusieurs des athlètes dirigés là-bas à cette époque, débarquent régulièrement en Floride pour la consulter.
«Quelques-uns sont sur la veille d'arriver, je les attends d'ici quelques jours», précise-t-elle alors que nous sommes justement en train d'attendre une athlète à qui elle prodigue des conseils et pas la moindre, soit Maude-Aimée Leblanc.
Celle qui a terminé en 24e position lors du premier tournoi de la LPGA en 2017, fait effectivement confiance à Denise Lavigne pour poursuivre ses objectifs parmi les grandes golfeuses de la planète. Et elle n'est pas la seule, Danielle Mills et Sabrina Sapone, entre autres, font aussi appel à ses services.
Base solide
Que ce soit pour le golfeur débutant ou le professionnel avancé, Denise Lavigne se plaît dans son travail.
«C'est tellement revalorisant de constater que l'on peut aider une personne à s'améliorer, lance-t-elle. Certains veulent juste réussir à avoir un bon contact et à soulever la balle convenablement alors que d'autres veulent passer à un niveau supérieur. Pour les uns ou pour les autres, parvenir à les aider est quelque chose de formidable.»
Pour elle, tout repose sur une base solide.
«C'est là que ça se passe, suggère-t-elle. Quand tu as une bonne technique, une solide base, cela aide à répéter le mouvement longtemps, ce qui permet de tenir le coup sous la pression.»
Quand on rencontre une passionnée depuis tant d'années, on ne peut s’empêcher de lui demander son avis sur la situation du golf, actuellement. Le premier mot qui lui vient alors à la bouche est: plaisir.
«Il faut s'amuser, faire la promotion du plaisir à jouer au golf. Et je crois que les clubs devraient davantage s'ouvrir aux juniors, leur donner de meilleurs moyens pour qu'ils se développent», termine-t-elle en revenant auprès de son élève improvisé (l'auteur de ces lignes) pour corriger sa main droite mal positionnée sur la prise du bâton. C'est plus fort qu'elle, elle aime «trop» enseigner…