Boynton Beach, Floride – À l'été de ses 16 ans, Yohann Benson se cherchait un emploi. Même s'il ne connaissait rien au golf, il avait postulé pour nettoyer les bâtons des joueurs au club de Vaudreuil. L'année suivante, il se retrouvait sur l'équipe amateur du Québec!
«On avait le droit de jouer seulement à la fin de la journée. Il faisait noir quand on quittait le terrain», relate-t-il, sourire en coin et l'air songeur; pas vraiment nostalgique, c'était davantage comme s'il prenait soudainement conscience de tout le chemin parcouru depuis ses débuts modestes au Vaudreuil.
Assis un peu à l'écart du champ d'exercice du club Indian Spring, en Floride, où il enseigne le golf pendant l'hiver, nous passons près de deux heures à échanger, à ressasser des souvenirs, à discuter avec ce pro qui, à l'aube de ses 4o ans, a été témoin de nombreux exploits sur la grande scène mondiale du golf, qui a côtoyé l'élite et qui encore aujourd'hui, lorsqu'il se pointe à des tournois en terre québécoise, est souvent l'homme à battre.
Yohann Benson a un parcours atypique. Parfois, on a plus l'impression d'avoir affaire à un vagabond qu'à un pro de golf. Et pourtant, c'est tout un golfeur! Un talent immense! Il déambule sur un parcours de golf comme s'il prenait une petite marche matinale alors qu'il dispute un championnat. «Ma routine, c'est de ne pas avoir de routine», se plait-il à dire.
Au moment de notre rencontre, il venait de participer à un tournoi d'un mini-tour professionnel.
«C'est important pour moi, insiste-t-il, de jouer ces tournois. Car quelques-uns des golfeurs qui sont là en ce moment, on va bientôt les voir sur les circuits majeurs. Je veux donc les côtoyer, comme j'ai côtoyé ceux que l'on voit actuellement, pour savoir de quoi je parle quand je commente et fais des analyses à la télé.»
Oui, un vagabond ce Yohann Benson qui roulait sa bosse au milieu des années 2000 sur le circuit canadien, qui s'est qualifié pour le US Open à Torey Pines en 2008, que l'on suit maintenant à la télé alors qu'il commente les tournois en studio quand ce n'est pas directement sur le terrain lors d'événements aussi majeurs que le Masters, qui a agi (et le fait encore occasionnellement) comme cadet de joueurs du PGA Tour (Mark Hubbard, Adam Hadwin, Russell Knox…), qui a vu à l’œuvre les plus grands enseignants du golf (Harmon, Leadbetter, Foley et autres) et a appris d'eux et qui fait maintenant partie de l'équipe de pros du club Le Mirage.
Avec cette feuille de route, pas surprenant que l'on passe près de deux heures en sa compagnie pour survoler son parcours. Un parcours atypique, comme on l'a déjà dit, et qui, croyons-nous, a fait en sorte qu'il a été le Québécois ayant passé le plus près de jouer sur le PGA Tour.
«Je dirais que c'est Julien Trudeau, précise-t-il toutefois, le Québécois qui a été le plus proche. Il a connu des qualifs exceptionnelles au début des années 2010. Pour ma part, à cette période, les blessures sont survenues. J'ai des vertèbres au bas du dos qui enflent et qui me torturent.
«Quand la douleur est devenue insoutenable, poursuit-il, j'ai ralenti et c'est là que mon ami Mark Hubbard m'a demandé d'être son cadet sur le Tour. J'ai accepté de faire une croix sur mon cheminement vers les circuits majeurs, j'ai vu dans le travail de cadet mon avenir financier. Je n'ai aucun regret.»
Après avoir côtoyé l'élite comme cadet, il s'est retrouvé analyste à RDS. Un job qu'il adore!
«C'est vraiment dans ce domaine que je veux me diriger, souligne-t-il, que ce soit pour la télé ou pour les relations publiques des circuits majeurs. Les relations de presse, les relations médias, j'aime œuvrer là-dedans.»
Est-ce à dire qu'il fait un trait sur la compétition?
«Pour l'instant, pas du tout, déclare-t-il, mais je dois voir avec mon horaire au club Le Mirage et mes participations à RDS.»
Donc bonne nouvelle pour les amateurs suivant les tournois québécois, Yohann Benson sera encore à l'occasion parmi les pros qui s'affronteront sur les parcours de la province. Il affrontera entre autres des jeunes marchant dans ses traces, visant un jour de se retrouver sur le PGA Tour. Mais quelles sont leurs chances, avons-nous demandé à celui qui a flirté avec les circuits majeurs?
«La marche n'est pas aussi haute qu'on peut le croire, répond-il avec assurance. L'important c'est d'y croire et d'éviter les erreurs. Des gars comme Patrick Cantley, Kevin Na ou Kevin Kisner ne sont pas aussi flamboyants que les grandes vedettes du circuit, mais ils ne font rien de mal, ils ne compliquent jamais la situation, ils gardent cela simple.
«Quand j'ai participé au US Open à Torrey Pines, continue-t-il, j'avais l'impression d'être un intrus, de ne pas avoir ma place dans ce groupe même si j'avais remporté une qualification pour y être. C'est pour cela que je dis qu'il faut y croire. Croire que c'est possible d'atteindre un tel niveau.»
Dans quelques semaines, les vedettes mondiales débarqueront en Floride pour quelques épreuves de la PGA. Ce sera une occasion de renouer avec Yohann Benson à la télé puisqu'il devrait accompagner les compétiteurs dans les allées et commenter leurs exploits. Ce sera aussi le cas lors du Masters. Pour le voir à l’œuvre en personne, toutefois, il faut être en Floride où il offre justement ses services pour donner des leçons. Cela se passe au club Indian Spring. Voir sa page Facebook: Yohann Beson Golf Community.
François Mathieu
Lâche pas Yohann. Bonne chance dans tes projets futurs.