Sainte-Pétronille – «Je prends de l'air frais avant que l'air bête me prenne…»
Après cette légère boutade, un sourire taquin se dessine. Les yeux brillent aussi; Monsieur J-J semble très fier de son petit jeu de mots.
«Je vous sers un petit café, Monsieur J-J?», lance ensuite l’employée du resto du club Orléans, à Sainte-Pétronille. Le patriarche décline poliment, il n'a pas le temps, la courte séance de photos, pour accompagner l'article, approche et tout de suite après, c'est la partie de cartes avec les amis.
«Pas de golf aujourd'hui, Monsieur J-J?», relance alors la serveuse. «Demain, sans faute», de répondre promptement celui qui, depuis 70 ans, pratique ce sport qu'il considère comme le plus beau de tous.
«Il n'y a pratiquement pas un sport que je n'ai pas essayé et, de tous, c'est le golf qui m'a le plus apporté. J'aime tout de cette activité: sa structure, les lieux où on la pratique, l'ambiance, l'air frais, il n'y a pas de plus bel endroit au monde qu'un terrain de golf», soutient Jean-Jacques Côté, vénérable golfeur de 97 ans.
Le plus âgé des golfeurs?
Rencontrer Jean-Jacques Côté pour parler de golf, donne encore davantage le goût de plonger dans ce sport et de le pratiquer encore et encore. Le patriarche du club situé sur l'Île d'Orléans inspire. Il joue en moyenne quatre fois par semaine.
«Des neuf trous, précise-t-il. Je n'ai pas beaucoup de bobos, juste un peu d'arthrose au bassin. Mais je marche mal… comme une vieille bonne femme et cela me gêne. Alors je prends une voiturette.
«De plus, la direction du club m'a réservé un espace de stationnement près de tout et cela m'aide beaucoup», ajoute celui qui est membre au Orléans depuis près de 40 ans.
Après une courte vérification auprès de certaines instances du golf, il n'a pas été possible de trouver un autre golfeur québécois aussi âgé que Monsieur J-J. Serait-il le plus vieux, à son avis?
«Je n'en ai aucune idée, glisse-t-il, songeur. Non, probablement qu'il y en a d'autres plus âgés. J'ai récemment lu une entrevue avec un golfeur américain de 104 ans! Le journaliste demandait au type en question, qu'est-ce qu'il faisait après sa partie. Et il a répondu qu'il disait merci à Dieu.»
Et vous, Monsieur J-J, est-ce que vous parlez avec Lui? «Bien sûr!, lance-t-il. Et Il m'écoute… Il y a quelques semaines, nous allions déposer en terre les cendres de mon épouse. Il pleuvait et pleuvait, c'était pas possible. Je Lui ai demandé d'intervenir. Et bien au moment de la petite cérémonie, la pluie a cessé! Nous avons pu rendre hommage à ma femme sans nous faire mouiller!»
Lee Trevino
M. Jean-Jacques Côté a pris sa retraite de la compagnie Molson en 1981. Il était aux ventes avant de passer aux relations publiques. Avec une telle carrière et quelque 70 années de golf en banque, il s'est retrouvé dans des biens des événements marquants le golf dans la région de Québec. Il a aussi, à quelques occasions, côtoyé de grands noms de ce sport. Il a entre autres eu l'opportunité de jouer avec la légende québécoise Jules Huot.
«J'étais très proche de son frère Emmanuel, mentionne-t-il. M. Huot m'a beaucoup impressionné, il avait de grandes qualités athlétiques malgré sa petite taille.»
Il a aussi disputé une partie amicale avec le célèbre Lee Trevino, lors de son passage à la Classique Labatt.
«Ce fut vraiment un beau moment, se souvient le patriarche. Il était tellement comique, les blagues n'arrêtaient pas. Il avait aussi un côté très humain. Je crois qu'il aimait tout le monde. Nous avons échangé une correspondance pendant quelques années par la suite.»
On s'entend qu'au Québec, au cours des 50 ou 60 dernières années, il s'en est ouvert des terrains de golf. Et quand tu travailles aux relations publiques d'une importance brasserie, comme c'était le cas de M. Côté, les cérémonies d'ouverture figuraient souvent à l'agenda.
«Le Alpin, le Saint-Laurent, Courville… pratiquement tous les nouveaux terrains créés dans ces années-là, et bien j'étais sur le quatuor d'honneur lors de l'ouverture.»
Le plaisir d'abord
Et sur ces terrains, Monsieur J-J, y a-t-il quelques exploits dont vous êtes fier? «Bah… soupire-t-il, je n'ai jamais été un très bon joueur. Pas un mauvais, tout de même. Je vous l'ai dit, j'aime avant tout l'atmosphère, le fait de me retrouver sur un terrain, de voir les oiseaux et de fumer mon cigare tout en m'adonnant à un sport.
«Il y a une fois, à Saint-Hyacinthe, lors d'un tournoi, poursuit-il, où j'ai eu une agréable surprise. Je n'ai jamais été du genre à surveiller mon pointage pendant la partie et cette fois-là, après avoir remis ma carte de pointage, le responsable me dit que j'avais joué 75! Je me doutais avoir bien frappé la balle, mais pas à ce point. Ce fut ma meilleure marque à vie!»
Au cours de tant d'années, il a «souvent passé proche» mais jamais réussi de trou d'un coup. Il aurait bien aimé, mais ce «n'est pas grave». Il a toujours joué pour s'amuser, il n'a jamais pris le golf au sérieux, ce n'est surtout pas un mauvais score qui allait gâcher sa journée, loin de là!
«Je ne frappe pas loin, sauf que c'est bien droit, dit-il de son ton calme. Mon putter ne va pas très bien ces temps-ci mais, au moins, mes petits coups d'approche sont bons…»
On n'en saura pas plus sur la qualité de son jeu car des membres du club s'approchent et tiennent à le saluer. Les «bonjour, Monsieur J-J» et les «comment ça va, Monsieur J-J» retiennent son attention. Bien sûr, il leur répond, il en a tellement le goût, il aime cela, comme lui-même nous donne le goût d'aimer le golf encore plus…
Lise Malouin
La plus belle histoire
Martial Lapointe
Merci! Et merci de nous suivre, c’est très apprécié!