Beauceville – La poignée de main est ferme, vigoureuse. Puis, sur le premier tertre de départ, les élans de pratique le sont tout autant: c'est fluide et vif. Et quand la balle quitte le tee pour se retrouver 200 verges plus loin, le jeunot se met en marche d'un pas décidé et même, rapide… Jouer au golf avec François Giguère, un jeunot de 91 ans, inspire, ramène à notre mémoire à quel point ce sport est agréable et bienfaiteur!
Cela se passait au club de golf de Beauceville, il y a quelques jours. Ses partenaires de jeu, Claude Rodrigue et Line Marcoux, nous avaient invité plus tôt en saison à rencontrer ce joueur de golf que rien ne semble arrêter et d'une vigueur exemplaire.
Alors nous avons joué tous les quatre une belle partie de golf. Vous savez, ce genre de partie où personne ne se plaint, où chacun est satisfait de son score (oui, bien sûr, on aurait préféré quelques coups en moins…) et où la sérénité et la camaraderie s'installent une fois attablés sur la terrasse du chalet. C'était tout simple, c'était ludique, c'était agréable à souhait!
«J'ai joué 88», émet alors François Giguère, les yeux sur la carte de pointage. Puis, il fronce les sourcils: «Euh, non, c'est plutôt 87!», lance-t-il en relevant la tête, tout sourire.
On lui demande alors c'est quoi son handicap, sa moyenne en général. «Dix-huit, répondit-il sans la moindre hésitation. Alors je joue pratiquement toujours en bas de mon âge.»

Celui qui a œuvré toute sa carrière comme directeur d'une caisse pop, est un athlète dans l'âme. Pendant qu'on déambule avec lui sur le terrain, il précise qu'il a pratiqué tous les sports, ou presque. Il s'arrête alors, fouille dans son sac et en retire une coupure de presse.
«En 1954, précise-t-il, j'ai terminé champion marqueur de la ligue de hockey de Beauce.» Il nous tend la copie de la page d'un journal où il est photographié, tout jeune hockeyeur en uniforme, et où l'on mentionne que lors du dernier match de son équipe, remporté 6 à 1, en plus d'un tour du chapeau il a aussi été crédité de deux assistances.
Ses souvenirs l'animent, il en parle avec passion. Même chose quand il est question des autres sports auxquels il s'est adonné, notamment le ski où il a déjà fait une mauvaise chute lui disloquant l'épaule et lui fracturant le bras.
«C'est le seul problème de santé que j'ai eu, souligne le nonagénaire. Je n'ai pratiquement jamais eu de maladie. Mes parents étaient eux aussi en très grande forme. Mon père était fort, solide comme un arbre, ça se peut pas! J'ai donc hérité cette bonne santé d'eux.
«J'ai travaillé jusqu'à l'âge de 60 ans, poursuit-il. J'ai travaillé fort mais je me suis toujours gardé du temps pour faire du sport, pour me tenir en forme. Et j'ai toujours eu une discipline de vie que je m'imposais pour, justement, être bon dans les sports que je pratiquais.»
Et le golf, M. Giguère? Vous aimez cela autant que les autres sports? Vous êtes tout autant passionné?
Ses yeux s'allument alors, brillent du même éclat que ceux d'un bambin à qui on apporte son merveilleux gâteau d'anniversaire plein de chandelles! Il est passionné de golf, pas de doute, la question ne se posait même pas.
«Je joue en moyenne 80 parties par été au Québec, 80 parties que je marche la majorité du temps, dit-il, plein de fierté dans le ton. Avant la pandémie, j'allais séjourner quelques mois en Floride où je jouais entre 40 et 50 rondes. Maintenant, je vais plutôt m'élancer dans les centres de golf intérieur pendant l'hiver.»
Il a commencé le golf à 35 ans quand des gens d'affaires l'ont initié. Ce fut dès lors la piqûre.
«J'ai aimé cela tout de suite, mentionne-t-il. Un de ceux qui m'ont initié était un très bon joueur et il m'a montré quelques rudiments de l'élan. Je n'ai jamais suivi de cours. Mon épouse Jeanine aussi s'est mise au golf et on a depuis passé vraiment du bon temps à jouer ensemble ou avec des amis.»
Nous lui demandons alors ce qui l'attire dans le sport de la petit balle blanche.

«Plein de choses me plaisent dans ce sport, affirme-t-il, convaincu et convaincant. Le golf demeure le sport le plus difficile à maîtriser. Il y a 14 bâtons dans ton sac que tu dois savoir bien frapper si tu veux bien jouer. Cela, c'est tout un beau défi!
«Et il y a tout ce qui entoure la pratique du golf qui m'enchante, ajoute-t-il. La température du moment, les conditions de terrain, les lieux sur lesquels le parcours a été construit, sa géographie… Il faut toujours analyser tout cela.
«Bien sûr, il y a aussi le côté social! Ah! quel beau sport!», s'exclame-t-il en terminant.
Dans notre tête, on a juste envie de lui répliquer: ah! quel beau sportif de 91 ans que l'on a devant nous! Mais on le questionne plutôt sur ses exploits au cours d'une si longue carrière de golf qui, visiblement, n'est pas prête à s'arrêter.
«Ma meilleure partie est de 78, avec un premier 9 trous de 36, relate-t-il. J'ai aussi deux trous d'un coup!»
Le premier trou d'un coup, apprend-on, il l'a réussi à l'âge de 72 ans et le second est survenu tout récemment cet été au trou numéro 4 de Beauceville. On le félicite donc sauf qu'il nous glisse à l'oreille: «Merci, mais ma femme en a réussi trois, elle…»
Michel Rouleau
Bravo François pour ta détermination et ton désir de poursuivre ton sport préféré avec ce bel enthousiasme. Toute une leçon de vie que tu partages aux plus jeunes générations. Bravo aussi à Jeannine pour sa performance et son encouragement à ton égard.