L'Assomption – Pratiquement personne ne les croyait, certains tentaient même de les décourager allant jusqu'à se moquer d'eux. Mais Pierre Charron et Nicole Vaillancourt sont allés au bout de leur rêve, de leur vision et, 25 ans plus tard, le Centre de Golf Lanaudière s'affiche comme un très, très beau terrain de golf offrant un excellent rapport qualité-prix.
Deux notaires de profession qui se lancent dans la construction d'un parcours de golf dans la couronne nord de Montréal, au milieu des années 90, cela faisait jaser…
«Je me souviendrai toujours de ce jour dans une boutique de linge de Repentigny, raconte Mme Vaillancourt, alors que j'étais dans une salle d'essayage et qu'une employée parlait du «guignol qui était en train de bâtir un terrain de golf». Je suis sortie de la salle d'essayage et j'ai dit à la jeune dame: le «guignol», c'est mon mari. Puis je suis partie, furieuse.»
«Quand j'ai fait les démarches pour l'acquisition du terrain, enchaîne à son tour son mari Pierre Charron, bien des cultivateurs des environs sont venus me voir pour me dire que c'était une erreur, que ce n'était pas une bonne idée, que ces lieux étaient contaminés, toujours inondés et qu'il y avait plein de déchets. Aujourd'hui, tout le monde est bien content que le terrain de golf permette aux terres avoisinantes de mieux se drainer.»
En jouant 18 trous – comme cela nous a été donné de le faire il y a peu – avec ce couple, on ne s'ennuie pas. Volubiles, ils ne se font pas prier pour relater les grands moments ayant marqué la création de ces 27 trous de golf qu'est le Centre de Golf Lanaudière. Car ce ne fut point une tâche facile, dès le départ. Au-delà du scepticisme et des moqueries de certains, les obstacles étaient nombreux.
Disons d'abord que là où s'étend aujourd'hui de belles et vertes allées, il y avait un terrain à l'abandon. Ces hectares de terre avaient été réquisitionnés par l'armée canadienne lors de la Seconde Guerre Mondiale. Quelque 7 voies ferrées y avaient été aménagées pour amener l'artillerie et les munitions jusqu'à la voie ferrée principale. La guerre terminée, l'armée s'est retirée, est repartie avec le matériel utilisé pour construire les chemins de fer mais a laissé les tracés de pierres, sur lesquels les rails étaient posés, intacts.
«Ces tracés surélevés ont fait en sorte, explique M. Charron, que le drainage ne se faisait pas. L'eau y était retenue. Et ça débordait même sur les terres avoisinantes des cultivateurs. Comme leurs terres prenaient des jours à sécher au printemps, ceux-ci ne récoltaient qu'une fois par été. Aujourd'hui, ils récoltent deux fois par été grâce au drainage.»
En résumé, la famille Charron-Vaillancourt a bossé des mois et des mois sur ces lieux pour y éliminer les restes des voies ferrées, y creuser des fossés pour le drainage, y enlever tous les déchets lourds (pneus, appareils ménagers et autres) laissés sur place par des gens qui s'en servaient comme dépotoir, y aménager des lacs, bref à rendre le terrain prêt pour y construire un véritable parcours de golf.
«Comme tout était inondé, rappelle M. Charron, aucun entrepreneur ne voulait y aller avec sa machinerie lourde. Alors on a fait les travaux l'hiver. Une fois le terrain bien glacé en janvier, les pelles mécaniques se sont pointées. Pendant 32 jours, elles ont creusé et creusé le sol à certains endroits. Au printemps, quand le dégel est arrivé, toute l'eau s'est écoulée naturellement dans ces trous qui sont devenus les lacs que l'on voit aujourd'hui sur le parcours.»
27 trous
Non, on ne s'ennuie pas à écouter ces gens relater leur épopée mais aussi à jouer leur parcours. Le club compte trois 9 trous, soit le Bleu, plutôt boisé, le Blanc, très dégagé et difficile lors des journées venteuses, et enfin le Rouge, un mélange des deux premiers. Nous nous sommes élancés sur les allées du Bleu et du Blanc.
Le terrain était en parfaite condition. Nous avons trouvé des fairways bien entretenus, au design (à noter ici le travail remarquable de l'architecte Claude St-Pierre) intéressant, et des verts sans défaut, réceptifs et avec une belle vitesse de roulement même en début de saison. Une belle variété de trous rendent la partie très agréable. Sur le parcours Blanc, même si tout est dégagé, les petits monticules bordant et délimitant les allées donnent un coup d’œil plaisant.
«C'était le but dès le départ, insiste alors Pierre Charron, que de rendre plaisant à jouer ce terrain. Quand nous avons commencé à imaginer chacun des trous, j'ai dit à l'architecte qu'il fallait au moins deux par 5 sur quatre atteignables en deux coups. Je voulais aussi des tertres de départs ajustés pour les golfeuses, pas des jalons rouges seulement à quelques verges devant les blancs. Bref, je souhaitais un terrain convivial pour tous les niveaux.»
L'avenir
Lors de notre passage, avant d'avoir épluché le passé de ce club issu de la volonté d'un homme à la vibre entrepreneuriale très forte et d'une femme décidée et vouée à l'aboutissement d'un tel projet, nous avions parlé de l'avenir avec leur fils Alexandre. Dès l'âge de 7 ans, ce dernier participait aux travaux. Il a vécu lui aussi cette épopée particulière.
«C'était quelque chose pour un gamin de mon âge de pouvoir participer à un tel projet», lance-t-il, le regard nostalgique.
C'est lui qui a pris officiellement les rênes de l'entreprise cette année alors que ses parents se sont décidés de jouir enfin de ce que l'on appelle une retraite. Alors en cette année soulignant les 25 ans du club, non seulement se plaît-il à faire mieux connaître l'histoire du parcours, mais Alexandre Charron tient le cap vers l'avenir. Au moment de notre rencontre, il s'apprêtait à construire un petit parc récréatif (glissades, murs d'escalade, balançoires…) pour occuper les enfants quand les parents vont s'entraîner au Centre Lanaudière.
«Nous avons l'un des plus beaux champs de pratique des environs, dit-il sans aucune hésitation. Quand les gens débutent au golf, ils viennent d'abord frapper des balles et, ensuite pour s'améliorer, ils prennent des cours à notre académie puis jouent en après-midi un de nos trois neuf trous. Notre centre permet de bien débuter dans le monde du golf sans que cela ne coûte une fortune.»
Comme pour le papa, les idées ne manquent donc pas pour Alexandre Charron. Mais lui aussi n'oublie pas le passé.
«Quand le club a ouvert en 1997, se remémore-t-il, les verts étaient déjà très beaux. Mais nous avions pris la décision de semer les allées plutôt que de mettre de la tourbe. Alors avec mon père et d'autres membres de la famille, munis d'un gros clou de 8 pouces, nous nous chargions d'enlever la terre sous les souliers des joueurs qui terminaient leur ronde.»
«Quand on s'est mis à semer, reprend son père Pierre, on a été envahi de chevreuils qui venaient brouter la nouvelle herbe toute fraîche. Et il y avait les amateurs de motocross qui aimaient bien venir essayer les monticules délimitant les allées. On dirait qu'il y avait toujours quelque chose de spécial qui nous tombait dessus!»
«À cette époque, ce n'était pas facile, ajoute la maman Nicole dans un long soupir. Des gens disaient bien des méchancetés sur notre sujet… Mais on a persévéré…»
Et voilà qu'aujourd'hui, 25 ans plus tard, le Centre de Golf Lanaudière apparaît comme un terrain de golf sans aucun complexe, comme un lieu d'agrément, baigné d'une ambiance où les gens qui vous reçoivent le font avec cœur et sourire.
Patrick Gratton
Félicitations à vous tous et merci
Je vous visitent depuis votre ouverture
Un adepte
Merci