Harmony, Floride – «Même si je joue mal ces temps-ci, c'est drôle à dire mais, quelque part, c'est bien ce qui m'arrive. Je crois que c'est préférable de vivre cette situation-là maintenant, alors que je débute chez les pros, que lorsque je serai bien établie sur les circuits professionnels.»
Sabrina Sapone, de Montréal, associée au club de golf Le Blainvillier, vit depuis quelques semaines ses premières expériences en tant que professionnelle de golf et, elle ne s'en cache pas, ce n'est pas facile. Sauf qu'elle accepte ce qui se passe, comme une épreuve à vivre pour ensuite aller de l'avant.
«Je prends cela avec philosophie. Je prends un peu de recul pour mieux avancer», dit-elle lors de notre rencontre peu après sa deuxième ronde au tournoi Harmony Golf Preserve, un événement du circuit féminin Suncoast.
Long processus
Elle venait d'ajouter un 82 à sa marque de 80 de la veille. Elle était attablée sur la terrasse du casse-croute du club, seule et rien devant elle (l'appétit n'y était pas), pensive et absorbée par le dernier échange de textos avec son entraîneur Mathieu Paradis. Souriante malgré tout, ce n'était pas une fille démolie même si elle était loin, très loin derrière la meneuse à moins 10, quand on l'a abordée.
«Il n'y a pas si longtemps, mentionne-t-elle, ça bouillirait à l'intérieur après deux journées de golf semblables. Mais c'est là-dessus que je travaille et comme le dit mon entraîneur, c'est un long processus. Je change peu à peu ma façon de voir les choses.»
Puis elle détaille, expliquant que la situation, sur les circuits de pros, n'a plus rien à voir avec la réalité des circuits amateurs au Québec, ce qu'elle avait toujours connu jusque-là.
«Avant, rappelle-t-elle, je savais quelle fille il fallait battre pour l’emporter. Maintenant, j'affronte des joueuses qui peuvent toutes sortir une bonne partie n'importe quand. J'étais habituée de gagner et maintenant, je suis un numéro dans le lot… Et quand tu accumules les parties ordinaires, ça commence à jouer sur le moral. Et c'est cet aspect que je travaille le plus. Ce n'est pas facile, cela va être long, mais je dois passer par là pour retrouver ma game.»
Symetra Tour
Sabrina Sapone a étudié en criminologie à l'Université Laval pour mieux comprendre certains comportements. Mais pour son comportement à elle, sur un terrain de golf et lors des compétitions, elle a recours à d'autres spécialistes.
«Je travaille beaucoup avec la psychologue Hélène Morrissette, précise Sabrina. Comme je l'ai dit, auparavant, sans être désagréable, je gérais mal les émotions intérieures lorsque je ne jouais pas bien. Je travaille donc beaucoup là-dessus et je sais que les résultats vont suivre.
«J'aime mieux vivre cela maintenant, continue-t-elle, alors que je débute chez les pros. Je crois que cela aurait été plus difficile à vivre si ces réajustements obligés étaient apparus alors que ma carrière professionnelle était bien lancée. Je suis en apprentissage, dans le monde des pros, et cela fait partie de mon cheminement, tout simplement.»
Jusqu'à maintenant, elle se positionne vers le début vingtième place d'un tournoi à l'autre. Elle compose avec sa nouvelle vie, celle de pros qui doit aussi gérer les à-côtés tels le logement dans le sud, l'abonnement à un club, les inscriptions et tout. Il lui reste un tournoi sur le Suncoast avant de revenir au Québec où elle s'entraînera au Blainvillier pendant l'été en plus d'envisager une ou deux participations aux rares tournois féminins professionnels au Canada.
Courtes approches
Côté technique, Sabrina Sapone a toujours bien maîtrisé la partie «long jeu» alors que le court était moins au point «Ici, en Floride, explique-t-elle, j'ai beaucoup pratiqué mes courtes approches et il y a une nette amélioration. On dirait qu'avec le type de gazon que l'on retrouve sur ces terrains, on doit absolument s'adapter et s'appliquer davantage. Cela m'a aidé à ce niveau. Par contre, j'ai tellement axé tout là-dessus que j'ai bien peur, maintenant, que mes longs fers et mes bois en souffrent un peu.»
Ses objectifs à court terme: obtenir une place à la fin de l'année sur le Symetra Tour pour plus de stabilité professionnelle. D'ici là, elle va poursuivre son apprentissage.
«Tout est nouveau et il y a plein de choses à négocier. Je ne suis pas stressée et je suis patiente», conclut la jeune femme qui compte à peine 25 années derrière elle mais tout un avenir à l'horizon.