«Avec plusieurs joueurs qui ont signé une première victoire en carrière, pas de doute, 2024 est l'année du virage jeunesse sur le PGA Tour. Une année où l'on a également constaté que, pour évoluer sur ce circuit, même dilué avec le départ de joueurs du côté du LIV, il faut être puissant et très talentueux. Cela en est même impressionnant à quel point le niveau de jeu est de plus en plus élevé!»
Yohann Benson demeure l'un des meilleurs pros de golf au Québec tout en étant analyste à la télé. De plus, plusieurs des joueurs dont il parle quand il est en ondes, il les connaît très bien, les ayant déjà affrontés ou côtoyés, étant même un ami proche de quelques-uns lui qui, il y a quelques années, agissait comme cadet à temps plein sur le PGA Tour.
«La première fois que j'ai été cadet sur le PGA Tour, précise-t-il justement, c'était pour Adam Hadwin.»
Donc en cette fin de saison du plus grand circuit de golf au monde, en ces jours suivant le triomphe incontestable de Scottie Scheffler, il était donc normal de se tourner vers Yohann pour faire un petit bilan, pour obtenir ses commentaires à propos de cette saison du PGA Tour qui a entre autres connu un autre départ d'un joueur d'importance vers le LIV, en l'occurrence Jon Rham.
C'est d'ailleurs sous cet aspect premier que nous l'avons abordé. Est-ce que le circuit de la PGA offre maintenant un spectacle dilué compte tenu du départ de grands noms? Est-ce que des joueurs (que l'on ne nommera pas) que l'on a vus dans les dernières semaines des playoffs, auraient pu se hisser aussi haut n'eut été l'absence de certaines vedettes ayant préféré se tourner vers le circuit de Greg Norman?
«C'est sûr qu'il y a une dizaine de joueurs qui ont profité de cette situation, qui n'auraient probablement pas leur carte cette année», admet-il sans détour. Sauf que…
«Sauf que l'on a vu cette année des jeunes se démarquer, ajoute-t-il, et qu'ils vont être encore là dans bien d'autres années. Ce qui m'impressionne le plus avec ce virage jeunesse, c'est de voir à quel point c'est rendu difficile de se retrouver sur le PGA Tour. Je me souviens qu'à l'époque où je tentais ma chance, il était parfois possible d'avoir sa place pour un tournoi, à l'issue d'une qualification, en jouant au-dessus de la normale. Maintenant, on parle de moins 5 et moins 6 au minimum!
«Vraiment, continue Yohann, les jeunes qui atteignent aujourd'hui le PGA Tour sont déjà très performants, très puissants et talentueux. Nous assistons à une nouvelle ère.»
Une nouvelle ère euh… disons une ère Scottie Scheffler, osons-nous lui demander?
Admiratif, il répond: »Oui, Scheffler est impressionnant, dans une classe à part. Je dirais même qu'il est à la hauteur de Tiger Woods sauf que Tiger, à son époque, il était seul. Scheffler, quant à lui, il a une compétition pas mal plus relevée.»
Il tient aussi à souligner la personnalité particulière du nouveau grand champion.
«Scheffler est un gars simple, très simple, dit-il, un gars qui aime juste jouer au golf. Il n'est pas du tout flamboyant comme Tiger. Malgré les millions accumulés au cours des dernières années, il roule encore avec sa vieille bagnole et il va encore au petit resto du coin, celui qu'il a toujours fréquenté, pour y déjeuner. Il n'a nullement une tête enflée. D'ailleurs sa femme est comme lui et si jamais il lui prenait de vouloir s'enfler la tête, ce ne serait pas long qu'elle le rappellerait à l'ordre.»
Coupe de Présidents
Donc l'impact du départ de certaines vedettes vers le LIV sur le PGA Tour n'est pas si majeur compte tenu de l'émergence de jeunes talents prometteurs. Toutefois, du côté de la Coupe des Présidents, qui aura d'ailleurs lieu dans quelques jours à Montréal, l'équipe internationale risque d'être pénalisée de l'avis de Yohann Benson.
Signalons d'abord que cet événement est la propriété du PGA Tour contrairement au US Open (géré par la USGA), la Coupe Ryder (propriété de la PGA of America) ou encore le British Open appartenant à la Royal and Ancient et le Masters qui lui est contrôlé part la direction du Augusta National. Donc comme la Coupe des Présidents appartient au PGA Tour, pas question que les joueurs évoluant maintenant sur le LIV y participent.
«L'équipe internationale sera privée de joueurs de la trempe de Cameron Smith, Marc Leishman ou encore Abraham Ancer, déplore-t-il. Ce sera plus difficile sans ces joueurs.»
Et du côté de Papi?
Pour revenir à ces jeunes qui se pointent et menacent, comme le Ludvig Aberg, Sam Burns, Nick Dunlap et autres, est-ce que notre Québécois Étienne Papineau, qui évolue sur le Korn Ferry Tour, aura un jour sa place?
Demain vendredi, Yohann Benson passera justement quelques heures en compagnies de Papi. Ce dernier est au Québec alors que le circuit est en pause avant les séries éliminatoires de trois semaines débutant bientôt.
«Étienne est en bonne posture, évalue-t-il. Il est déjà assuré de continuer sur le Korn Ferry en 2025. De plus, il est qualifié pour les séries éliminatoires. Et là, tout est possible pour lui. Je crois même que, plus le niveau de compétition sera élevé, mieux ce sera pour lui. Car plusieurs craquent quand la pression est trop forte. Étienne connaît le niveau de ses adversaires. Il a croisé et affronté plusieurs d'entre eux alors qu'il jouait pour une université américaine. Et il a tellement une belle frappe de balle, c'est sa force. S'il connaît un bon début de playoffs, il pourrait aller loin.»
Les séries éliminatoires du Korn Ferry tour débutent la semaine prochaine au Tennessee avec le Simmons Bank Open for the Snedeker Foundation, suivi la semaine suivante du Championnat Nationwide Children's Hospital en Ohio et, enfin, du Korn Ferry Championship en Indiana au début d'octobre.