Québec – Depuis toujours, les relations entre les responsables de terrains de golf et les météorologues sont, et c'est facile de faire le jeu de mots, plutôt orageuses. La nouvelle réalité de l'industrie du golf n'est pas facile sans qu'en plus, la météo nous mette des bâtons dans les roues, disent les premiers, alors que les seconds répliquent qu'ils donnent tout simplement l'heure juste.
«Combien de fois ils ont annoncé de la pluie et, finalement, il n'est rien tombé et l'on a perdu plein de clients», déplore le directeur général du club Castor, en banlieue de Québec, M. Denis Julien.
«Ils nous font mal, reprend-il en faisant allusion aux gens annonçant les conditions météo. C'est moins pire depuis que nous offrons des rain check, sauf qu'il n'en demeure pas moins que, quand ils prédisent 30% de possibilité de pluie, les gens ne se présentent pas même si pour la majeure partie de la journée, il a fait beau.»
Achalandage sur le site
Dès que l'on aborde ce sujet avec qui que ce soit le moindrement impliqué dans la gestion d'un club de golf au Québec, la corde est sensible. Les longs soupirs précèdent souvent les paroles. Le pro du club Vaudreuil, en banlieue de Montréal, Serge Bernier, trouvent les météorologues très alarmistes.
«Encore tout récemment, confie-t-il en entrevue téléphonique, nous avons eu un très beau samedi. Pourtant, les jours précédents, Météomédia parlait de pluie. Notre terrain était vide même s'il a fait beau.»

Propriétaire du club Le Grand Portneuf, Raymond Carpentier aussi déplore cette façon de faire. «Quand je siégeais sur le conseil de l'Association des terrains de golf, relate-t-il, à maintes reprises nous avons demandé à rencontrer les gens de Météomédia. Ils ont toujours refusé.»
Serge Bernier y voit une explication à ces refus. «Même les responsables des associations de ski ont essuyé des refus, soutient-il. Quand nous travaillons dans un domaine fragile comme celui du loisir, où l'argent des consommateurs est géré avec prudence, faudrait arrêter d'être alarmiste avec les prévisions météorologiques. Nous soupçonnons que ces prévisions de mauvais temps n'ont que pour but d'attirer un plus grand achalandage sur leur site internet.»
Deux prises
Golf Martial Lapointe s'est également vu refuser toute entrevue avec Météomédia. Toutefois, chez Environnement Canada, M. André Cantin n'a pas hésité une seconde à donner son point de vue de météorologue.
«Les gens doivent se fier, explique-t-il, aux prévisions en détail. Oui, nous allons parler de 30% de possibilité d'averse, mais on ne peut pas prévoir un 70% de quelque chose qui n'arrivera pas. Nous parlons de choses pouvant survenir possiblement.
«Lorsqu'on regarde les prévisions en détail, continue le spécialiste, on peut voir les moments de la journée où c'est plus risqué de jouer au golf. Nous offrons aussi le service de radar en temps réel qui permet de voir la progression des nuages. Il y a des couleurs selon l'intensité, ce qui permet de savoir quand cela sera plus sévère. Mon frère joue presque 100 parties par été et jamais la météo n'a été un problème pour lui.»
M. Cantin convient que cet été, les masses d'air au-dessus du Québec sont plus intenses et obligent les météorologues à prévoir souvent des possibilités d'averses. Il ne voit toutefois pas comment modifier la façon de faire pour en venir à plaire aux gens de l'industrie du golf.
«Nous partons toujours avec deux prises, image-t-il. Si l'on annonce du temps chaud sans pluie, ce sont les agriculteurs et les gens des centres d'achats qui ne nous aiment pas.»
Ah la météo! Pas facile! Mais une chose demeure, à notre humble avis: si, au Québec, on attendait toujours après le beau temps pour jouer au golf, on ne jouerait pas souvent…