Nous y voici, le premier tournoi majeur de la saison est à nos portes. Le Tournoi des Maîtres, toujours disputé au même endroit, soit sur les terres sacrées du Augusta National en Georgie. L'attente crée le désir et l'édition 2016 promet plus que jamais. Place à la tradition et à la beauté d'un évènement annuel qui ne cesse de nous intéresser.
Le Masters c'est avant tout une affaire de traditions perpétuées année après année. Le veston vert remis au champion, le parcours paradisiaque sur lequel est disputé le tournoi, le souper des champions, le concours par 3, les azalées en fleurs, CBS, le petit nombre de joueurs invités, les salopettes blanches des cadets, les coups protocolaires et le respect voué à ce tournoi autant par les joueurs que les amateurs (que l'on appelle aussi patrons).
Contrairement aux trois autres tournois majeurs, celui-ci est toujours présenté sur le même parcours. Et cette réalité crée un certain sentiment d'appartenance. On s'y reconnaît, on a l'impression de côtoyer un bon ami avec lequel on se sent bien. Plus que ça, on le connaît par cœur! Et il nous fait vivre des moments inoubliables!
Sur invitation
Pour participer au Tournoi des Maîtres, il existe 18 façons différentes. La majorité de ces possibilités sont évidemment reliées à des victoires antérieures ou à des performances parmi les meilleures. Par exemple, les gagnants de tournois de la PGA depuis le dernier Masters sont invités d'office. C'est aussi le cas pour tous les anciens champions de ce prestigieux tournoi (c'est ainsi que Mike Weir y sera).

Au total, 89 golfeurs prennent le départ en ce jeudi. Il s'agit du plus petit nombre depuis 2002. Des représentants de 24 pays différents fouleront donc le terrain mythique cette semaine. Les États-Unis avec 40, l'Angleterre avec 8, l'Afrique du Sud et l'Australie avec 5 chacun seront les plus représentés.
Les dirigeants du Augusta National ont de tout temps accordé une importance capitale aux golfeurs amateurs. Et 2016 n'y fera pas exception, bien sûr. C'est ainsi que six joueurs amateurs font partie de cette 80e édition. Il faut se souvenir que Bobby Jones, un des meilleurs joueurs amateur de l'histoire, est un de ceux qui ont mis sur pied le Tournoi des Maîtres au début des années 30.
Un phénomène
Et le joueur amateur le plus connu et populaire est sans aucun doute Bryson DeChambeau. Ce jeune homme âgé de 22 ans fera le saut chez les pros une fois le Masters terminé. «Je me sens prêt. J'ai pris beaucoup d'expérience dans les derniers mois à force de jouer avec les professionnels», a-t-il mentionné mardi lors d'un point de presse très couru par les médias.
Voyez-vous, ce DeChambeau sort de l'ordinaire. C'est lui qui joue avec des fers tous de la même longueur (37 pouces et demi). «Je suis ici pour une raison», a aussi dit DeChambeau lorsque questionné sur sa façon de voir les choses, ses bâtons de golf et sa vision du jeu de golf en général. Il jouera aux côtés de Jordan Spieth et Paul Casey lors des deux premières rondes jeudi et vendredi.
Spieth
Seulement trois fois dans l'histoire du Masters, le champion a défendu son titre l'année suivante. Jack Nicklaus en 1966, Nick Faldo en 1990 et Tiger Woods en 2002 sont les seuls à avoir réussi cet exploit. Parce que les joueurs se préparent précisément pour ce tournoi dans les premiers mois de la saison, plusieurs y arrivent en très bonne forme et sortent leur meilleur golf. C'est une des raisons pour lesquelles répéter l'exploit est extrêmement difficile.
L'an dernier, Spieth avait mené le tournoi du début à la fin. Il a terminé la compétition avec un cumulatif de 270 (-18) pour égaler le meilleur pointage de l'histoire du tournoi (Tiger). Pour avoir du succès à Augusta, il faut frapper la balle haut et la placer à des endroits précis sur le terrain, pas toujours viser uniquement le trou. Éviter les verts de trois coups roulés permet aussi de limiter les gros chiffres sur la carte de pointage.
Spieth excelle dans la gestion du parcours. Il en sera à sa troisième présence au Tournoi des Maîtres (une 2e place et une victoire). Son fer droit l'a aussi bien servi. D'ailleurs, c'est ce bâton qui est moins performant jusqu'ici en 2016. Tout comme ses coups d'approche.Rien de dramatique, mais pas au niveau de l'an passé.
En début de semaine, il a passé plusieurs heures dans le champ de pratique avec à ses côtés son entraineur depuis 10 ans, Cameron McCormick. Cet Australien a rencontré Spieth alors qu'il était à Dallas. Une complicité s'est développée et le champion en titre a senti le besoin de passer un peu de temps avec lui.
Héritage
Plusieurs golfeurs n'hésitent pas à parler de Tiger Woods comme source de motivation pour leur carrière professionnelle. Il leur a donné le goût, la passion du golf par ses performances et sa domination (entre autres au Masters). «C'est incroyable de penser que Tiger était favori à 3 contre 2 et à 2 contre 1 dans le passé lorsqu'il se présentait ici à Augusta», a dit Spieth en entrevue cette semaine. Tiger ne jouera pas cette année. Sa 4e et dernière victoire à ce tournoi remonte à 2005!
Mais lorsqu'on parle de modèle, les Australiens aiment bien parler de Greg Norman comme source de motivation. Et à chaque année, au moment du Masters, il est impossible de ne pas penser à 1996. Cette année-là, Norman a amorcé la dernière ronde en avance par 6 coups sur Nick Faldo. Après une ronde catastrophique de 78, il a vu Faldo l’emporter par 5 coups, une journée marquante dans la carrière de l'Australien Norman. Golf Channel a préparé un reportage pour les 20 ans de ce tournoi, Norman a refusé d'y participer. Clairement, il n'a pas oublié, c'est important le Tournoi des Maîtres et Norman ne l'a jamais gagné.
«Greg a été important pour moi et pour le golf en Australie», a dit Adam Scott plus tôt cette semaine. Scott, qui retrouve Stevie Williams comme cadet cette semaine, a gagné un veston vert en 2013. Et malgré un changement important dans son équipement (putter régulier au lieu du long putter), l'Australien arrive à Augusta en pleine confiance et prêt à compétitionner plus que jamais.
Et n'oubliez pas que le numéro un au monde est actuellement un Australien du nom de Jason Day. Lui aussi a eu de bons mots pour Norman, mais il reçoit les conseils de Tiger Woods par les temps qui courent. Aucun doute que Day peut témoigner de l'importance de ces deux joueurs dans sa carrière et dans le monde du golf.
Dimanche
On dit que le Masters ne débute véritablement que sur le deuxième neuf le dimanche après-midi. Par le passé, des joueurs comme Rory McIlroy (2011), Chris DiMarco (2005) et Norman (1996) sont passés bien prêt de réaliser leur rêve de gagner un veston vert. Ils ont joué du golf presque parfait pendant 3 jours mais le dimanche, tout s'est écroulé.
Ce serait surprenant que le scénario change cette année. Les deux premières rondes permettent aux 44 meilleurs pointages et égalité de se qualifier pour les rondes de la fin de semaine. Ensuite, le samedi est appelé le moving day, soit la journée pour grimper au classement et se donner une chance. Habituellement, le gagnant se retrouve dans le groupe de tête ou le suivant. Et puis dimanche, tout se décide.
Mes choix
Pour ajouter un peu d'intérêt, je vous suggère de choisir un gagnant ou un top trois pour ce Masters 2016. Bien difficile pour moi d'écarter Jason Day. Il vient de gagner ses deux derniers tournois et 6 de ses 13 derniers. J'ai adoré sa conférence de presse mardi à Augusta, il semble en plein contrôle. Il a l'expérience de ce tournoi.
Derrière lui, je vois bien Jordan Spieth connaître du succès à nouveau sur les terres d'Augusta. Son fer droit n'est pas à point, mais il a l'avantage d'avoir gagné. Et parmi ceux que je considère comme un «long shot», le Japonais Matsuyama serait mon choix. Il a tous les outils pour remporter un majeur. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne?
Je nous souhaite un tournoi à la hauteur. «A tradition unlike any other, The Masters».
Au 19e trou

– Quelle belle histoire que celle de Jim Herman. Champion du tournoi de Houston dimanche dernier, il s'est ainsi qualifié pour le Masters. Il en sera à sa première participation. Âgé de 38 ans, Herman compte deux victoires en carrière (en 224 tournois chez les pros).
– Tom Watson, 66 ans, jouera pour une 43e et dernière fois le Tournoi des Maîtres. Champion en 1977 et 1981, il a aussi pris le deuxième rang trois fois au cours de son illustre carrière.
– La dernière victoire européenne au Masters remonte à 1999 (Jose Maria Olazabal).
– Bubba Watson (champion 2012 et 2014 à Augusta) n'est pas en parfaite forme cette semaine. Il a été victime d'une infection des sinus dans les derniers jours.
– Les deux capitaines de la Coupe Ryder 2016, Davis Love III et Darren Clarke, jouent respectivement cette année leur 20e et 14e Tournoi des Maîtres.
– Bravo au Québécois Hugo Bernard, 21 ans, qui a remporté son premier tournoi universitaire aux États-Unis plus tôt cette semaine, en Floride. Représentant l'Université St-Leo, Bernard a complété son tournoi de trois rondes avec un cumulatif de 210 (-6) sur le parcours du Tiger Point Golf Club de Gulf Breeze.
– La Néo-zélandaise Lydia Ko a remporté le premier tournoi majeur de la saison de golf féminin, la semaine dernière, en Californie. Il s'agit de son deuxième triomphe en tournois majeurs en carrière. La Canadienne Brooke Henderson a pris le 10e rang.
SAVIEZ-VOUS QUE?
Seulement cinq joueurs ont remporté au moins une fois chacun des 4 tournois du grand chelem en carrière ( Jack Nicklaus, Tiger Woods, Gary Player, Ben Hogan et Gene Sarazen ). Il ne manque que le Masters à Rory McIlroy pour compléter son grand chelem.
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Bonne semaine!