Elle est apparue il y a quatre ans en devenant grande championne provinciale chez les femmes seniors. Depuis, Suzanne Ricard file vers le succès, engrangeant les exploits les uns après les autres, allant même jusqu'à signer, début mars, une importante victoire aux États-Unis, soit le PGA of America National Women Club Championship, un événement majeur qui regroupe toutes les gagnantes des championnats de clubs chez nos voisins du sud.

«Il y a une longue liste d'attente pour ce tournoi tellement il demeure une épreuve importante dont toutes les championnes de club souhaitent remporter. Cette année, nous étions 84 et j'ai eu la chance d'y participer parce que j'ai remporté le championnat féminin senior au Country Club of Florida, où je suis membre pendant l'hiver», explique-t-elle.
En passant, la semaine suivant cet entretien, Suzanne Ricard remportait encore le championnat de son club, un petit plus dans son livre d'exploits qui lui permet de retourner à l'événement national qu'elle a gagné le 9 mars dernier mais…
«Mais même si je n'étais pas à nouveau championne à mon club, précise-t-elle, je pouvais retourner compétitionner au championnat national regroupant les meilleures seniors de tous les États-Unis. Ma récente victoire me donne une exemption à vie!»
Cette victoire, elle n'a pas été facile. De grandes championnes y participent, des joueuses que l'on peut qualifier de légendes du golf amateur américain et contre lesquelles il faut se surpasser. De plus, les conditions de jeu étaient exécrables. La compétition se tenait à Lake Oconee en Georgie (entre Atlanta et Augusta) où il faisait entre 5 et 8 degrés avec des vents et de la pluie. Le tournoi devait se dérouler sur 3 jours mais le mauvais temps a forcé l'annulation de la troisième ronde.
«Au 18e trou de la deuxième ronde, raconte la championne, je menais par 5 coups quand je me suis présentée au tertre de départ. Mais je ne le savais pas car je ne prête jamais attention aux scores affichés ici et là sur le parcours. J'ai frappé mon pire coup de départ, j'étais par la suite toujours dans le trouble après mes coups, bref j'ai joué 8 sur une normale 4! Mais ce fut suffisant! J'ai gagné par un coup.»
Aversion envers le golf
Depuis quatre ans, donc, le nom de Suzanne Ricard apparaît régulièrement dans le firmament des compétitions amateurs au Québec, au Canada et aux USA. Après son titre en 2021 au provincial féminin, elle a récidivé deux ans plus tard en devant à nouveau championne et, par la suite, elle s'est mise à accumuler les succès dans de nombreuses épreuves, les remportant ou terminant dans le top 5 à plusieurs reprises.
Et dire que toute jeune, elle avait une aversion totale envers le golf. La fillette de Shawinigan, qui se faisait un peu d'argent de poche en gardant les enfants d'une partenaire de jeu régulière de la légende Jocelyne Bourassa, avait l'impression d'être orpheline de père, ce maniaque qui passait toutes ses journées de congé sur un terrain de golf. «Non, le golf, ce n'était pas pour moi», dit-elle futilement.
Sauf qu'un jour, son mari Pierre, professionnel de tennis, lui suggère de passer à une autre étape, de changer de sport. Le golf s'est ainsi installé dans la vie de Suzanne Ricard.
«Ce fut dès lors la piqûre, émet-elle. Je venais d'avoir 37 ans et je suis entrée à fond dans cette discipline. Je jouais bien mais je ne savais pas vraiment à quel point. Une fois membre au Royal Montréal, des compagnes de jeu m'ont conseillée de me lancer dans la compétition, jugeant mon jeu assez fort pour être de taille à affronter les bonnes joueuses. C'est ainsi que je me suis inscrite aux tournois de Golf Québec Montréal. Puis, peu à peu, j'ai monté mon niveau de jeu et, du même coup, j'ai gravi les échelons.»
Quiconque a déjà été témoin de ses exploits sur un terrain de golf, sait que l'on a affaire à une athlète concentrée à l'extrême, qui reste dans sa bulle, ne donnant jamais l'impression d'en sortir. Elle avance, ou plutôt elle progresse, telle une guerrière déterminée à ne rien céder aux adversaires.
«Pourtant, souligne-t-elle, je n'ai pas vraiment d'objectif en tête quand j'amorce une compétition. En fait, que ce soit lors de la préparation ou lors de l'épreuve elle-même, le seul objectif que je me donne reste celui de m'en tenir à mon élan, à la qualité de mon jeu, à bien faire les choses, tout simplement. Comme ce fut le cas en Georgie, je ne m'arrête jamais au classement. Bien sûr que je veux gagner, mais toute ma concentration est axée sur mon jeu, sur rien d'autre.»
C'est dans cet esprit qu'avec son mari Pierre, devenu cadet, qu'elle s'envolera en fin d'année pour la Californie. Elle ira défendre son titre de championne de club sur les allées de l'un des plus prestigieux parcours de golf, soit le PGA West Stadium Course à Palm Spring.