Harmony, Floride – Il aura fallu qu'il mette de côté son sac de golf pour porter celui d'un ami pour enfin atteindre la PGA… Mais Yohann Benson ne s'en plaint pas, bien au contraire, il adore!
«En plus, j'ai jamais autant appris sur ma partie de golf, sur la façon de jouer, depuis que je suis cadet sur le circuit. Si j'avais su tout ce que je sais maintenant que je travaille avec Mark, peut-être que j'aurais pu moi aussi faire de la compétition à ce niveau», raconte le Québécois Yohann Benson qui, depuis l'an passé, agit comme cadet pour la recrue de la PGA, Mark Hubbard.
Ce dernier, natif de Denver au Colorado, s'est promené sur les circuits canadiens, latinos et autres avec Yohann Benson avant de gravir les échelons jusqu'à la PGA. Une fois à ce niveau, il a demandé à son ami québécois de devenir son cadet.
«J'avais déjà agi comme cadet pour un autre ami, Russell Knox, à quelques reprises, et j'avais bien aimé, explique-t-il. Quand Mark me l'a demandé, je savais donc à quoi m'attendre. J'aime cela et je suis content de faire ce travail.»
Keegan Bradley
C'est la pause du Masters pour Yohann Benson, au moment de la rencontre. Son joueur ne joue pas, alors un petit saut à la maison avant de repartir sur la route faire les différents tournois du grand circuit. Nous sommes donc au Harmony Preserve, un club de golf entouré de maisons dont l'une appartient justement au Québécois et à son épouse Shanna, une Américaine de Toledo, en Ohio.
Dans le champs d'exercice, le golfeur de 33 ans devenu cadet s'élance pendant que les questions déboulent. Il frappe encore une balle solide. Au Québec, il y a quelques années, quand Benson venait faire quelques tournois de l'AGP, les amateurs étaient témoins du jeu d'un pro dominant, qui était à l'aise sur n'importe quel terrain et qui accumulait facilement les victoires.

Puis il retournait aux États-Unis, poursuivre sa quête du Saint-Graal, tenter d'atteindre la PGA.
«La marche est haute, dit-il, mais c'est possible. Sauf que les blessures arrivent et te ralentissent. Moi, ce sont mes lombaires qui font mal. Quand je m'élance souvent, à la longue, ça devient insupportable. Pour porter le sac de Mark, toutefois, il n'y a pas de problème.»
Puis il s'élance à nouveau, un coup de fer 7 bien droit et solide. Il pointe alors le fond du champ d'exercice: «Je demeure là-bas», fait-il en direction des toitures se dessinant au-delà des allées du Harmony Preserve. Mais pourquoi avoir choisi cet endroit? «C'est à cause de Keegan!», répond-il en riant.
Il y a quelques années, Yohann Benson a remporté au Harmony Preserve, un tournoi du mini-tour Hooster. Un certain Keegan Bradley, celui qui peu après allait gagner le Championnat de la PGA, devait s'en tenir à un coup roulé au dernier trou pour forcer la prolongation, mais il en a fait deux.
«C'est sûr que quand tu gagnes, tu aimes le terrain, tu aimes l'endroit, précise-t-il. Je me sentais bien ici et j'ai décidé de m'y installer. Maintenant, sur le circuit, presque à chaque fois que je croise Keegan, je lui rappelle ses deux coups roulés qui m'ont donné la victoire. Et on en rit!»
Un peu de hockey
L'endroit lui plaît donc, il s'est fait un cercle d'amis qu'il retrouve lorsque son joueur ne fait pas de compétition. Il y a entre autres le Beauceron Renaud Langevin avec qui il joue au hockey à l'occasion. «On regroupe quelques golfeurs (car il y en a beaucoup dans le coin) et on saute sur la glace pour une partie de temps à autre, raconte-t-il. Mark, en plus d'être bon golfeur, excelle dans bien des sports comme le basketball, le baseball, la natation, bref, c'est un gars très athlétique. Mais au hockey… ouf! Il patine presque sur les bottines!»
Et justement, qu'en est-il de «son joueur», de ce nouveau membre de la PGA, Mark Hubbard? Celui-ci occupe le 153e rang dans la course à la Coupe Fedex.
«Mark a gradué très vite, explique son cadet. Il n'a fait qu'un an le circuit PGA Canada Tour avant de monter au Web.com. Dès la première année, il a terminé 18e et s'est donc retrouvé tout de suite sur la PGA.»
Le 14 février dernier, dans le bulletin de nouvelles de golf, Mark Hubbard a fait l'actualité lorsqu'au 18e trou du terrain Pebble Beach, lors du pro-am AT&T, il a demandé en mariage sa copine Meghan en ce jour de Saint-Valentin.
«Cela a été bien compliqué!, se rappelle Yohann. On a mis tellement d'effort dans ce projet (s'entendre avec la PGA, négocier pour être les derniers à partir, etc…) que cela a nui à Mark. Il n'a pas bien joué ce jour-là et je soupçonne que c'est à cause de cette fameuse demande en mariage sur le 18e trou de Pebble Beach.»
Des anecdotes à volonté
Yohann Benson l'admet, il a une «grande gueule», il aime parler, placoter. Alors quand on le rencontre, il vous sert des anecdotes à volonté, comme celle où il a tendu une bouteille d'eau à un gamin, sur le bord d'une allée, qui semblait souffrir de la chaleur, geste qui a eu de belles conséquences sur la carrière de Mark Hubbard!
«Le petit bonhomme avait visiblement très chaud, relate-t-il. Alors je lui donné l'une des bouteilles d'eau à Mark. Une aussi à son père et à la fin de la partie, celui-ci m'attendait. Il m'a donné sa carte d'affaires pour la remettre à Mark. Il voulait que Mark l'appelle. Le monsieur en question est à la tête d'une grosse, grosse compagnie. Il est maintenant l'un des commanditaires à Mark!»
Visiblement, il aime son aventure sur la PGA. Il n'hésite pas à en parler, comme il donne facilement son avis sur les démarches actuelles de l'association des cadets qui veut de meilleures conditions pour ses membres.
«On a de bonnes conditions, convient-il, mais parfois ce n'est pas facile. Quand il y a des orages, les installations pour les cadets sont douteuses. Ce que l'association souhaite, c'est obtenir une part des commandites pour nous assurer un fonds de retraite et des assurances maladie.»
Et qu'en est-il, de son côté, d'un retour possible à la compétition? Il arrête de s'élancer, soupire, son regard s'évade…
«J'y songe, émet-il, pensif. Je pense entre autres aux qualifications du US Open. Mais si je le fais, c'est mon travail auprès de Mark qui est en jeu.»
Le voilà qui s'élance à nouveau et que le coup qu'il réussit en convaincrait plusieurs à tenter leur chance sur les circuits majeurs. C'est à suivre, comme lui, suivra Mark Hubbard d'une compétition à l'autre au cours des prochaines semaines.
Gérald Désilets
29 janvier 2019
Yohann Benson est super intéressant comme analyste golf au réseau RDS, comme il l’a si bien fait lors du tournoi à Torry Pines, gagné par Justin Rose. Sa connaissance des joueurs et de leurs cadets, leurs forces, leurs faiblesses, etc.. Bravo Yohann vous nous faites du bien !
M Camille Quirion
Yohann tu es la relève no 1 à RDS .
J’adore écouter tes commentaires et
connaissances sur le golf longue vie à la télé.
Yohann Benson
Un gros merci