Pont-Rouge – Sur le tertre de départ du premier trou, Paul Reny attendait patiemment. Il y avait du retard car le groupe devant comptait des débutants. «Ça va être long!», déplore une compagne de jeu et M. Reny de répondre: «Ce n'est pas grave, j'ai toute la vie devant moi!»
La réplique devrait être anodine, banale, même, mais quand on sait que Paul Reny fêtera dans un mois ses 102 ans, elle prend alors une toute autre tournure . D'abord elle fait rire puis, du même coup, nous incite davantage à parler de ce golfeur sans prétention mais plein de gentillesse et de gaieté.
Nous venions de terminer l'entrevue avec M. Reny, il y a une semaine au club Pont-Rouge, dans Portneuf, juste avant que ne débute sa partie de golf. On l'a suivi pour son coup de départ et lorsqu'il a lancé cette réplique, c'est comme s'il venait de résumer tout notre entretien en une seule phrase.
Tout au long de l'entrevue, on a compris que ce golfeur centenaire fait davantage confiance à la vie qu'il peut être stressé au golf ou encore amer à la suite d'un mauvais coup.
«Vous savez, monsieur, dit-il toujours sur un ton poli et respectueux, mon score au golf est bien le dernier de mes soucis. J'aime le golf mais il y a longtemps que je ne m'en fais plus avec cela. Je me réjouis simplement lorsque je réussis de bons coups. Je vais au golf d'abord et avant tout pour m'amuser. Le reste importe peu.»
Avant d'en savoir davantage sur la vie en général de ce gentleman, nous l'avons donc questionné sur son golf, un sport qu'il a commencé à pratiquer en 1964, donc à l'âge de 46 ans, au club de golf Lorette à Québec. Il a ensuite été membre au club Sainte-Marie en Beauce, puis quelques années au club Statsny et maintenant il a sa carte de membre au club Pont-Rouge, un beau terrain de neuf trous très agréable à jouer.
«Moi, monsieur, explique-t-il humblement, j'ai toujours eu un handicap de 15 dans mes bonnes années. Ma meilleure partie à vie c'est 84, au Bic, à Rimouski, où j'avais joué deux coups de mieux que mon handicap et cela m'a fait grand plaisir.
«Aujourd'hui, je dois frapper des drives d'environ 150 verges. Mon putting, toutefois, c'est ma force! Où j'ai plus de difficulté, c'est avec les bois d'allée», précise-t-il alors que les têtes en bois – oui, oui, en vrai bois – de ses Yonex 3 et 5 débordent de son sac à côté du driver R5 TaylorMade.
Il a débuté dans le golf en compagnie de son épouse Pauline qu'il a perdue il y a trois ans. «Nous avons fêté 74 ans de mariage, spécifie-t-il, un brin de fierté et de nostalgie dans les yeux. Et j'ai même connu Pauline à la toute jeune enfance. Je me promenais avec elle sur mon tricycle!»
Nous ne savons pas si l'on a eu l'opportunité de rencontrer le golfeur le plus âgé toujours en action (102 ans, entre vous et moi, il ne doit pas y en avoir beaucoup au pays et même sur la planète…), mais nous savons maintenant que l'altruisme, aider les autres, peut être le secret d'une longévité pour ne pas dire du bonheur.
«Toute ma vie, mon cher monsieur, j'ai fait du bénévolat, lance sans prétention ce conseiller financier de profession. Donner aux autres, aider les autres ont toujours fait partie de mes valeurs, de mes buts dans la vie, et cela m'a toujours procuré beaucoup de satisfaction. J'ai fondé des entreprises, des écoles (le cégep Garneau) et différentes associations d'entraide. J'ai toujours dit à mes enfants que si l'on ne peut faire profiter nos talents ou nos connaissances à d'autres, cela ne sert à rien.
«Outre le golf, j'occupe mes journées en marchant, l'après-midi et le soir, sauf s'il pleut, puis j'écoute de la musique. J'aime bien l'opéra… Et je lis beaucoup, aussi, surtout des biographies.
«Depuis deux ans, on me questionne sur ma longévité et je réponds toujours que 100 ans, ça peut paraître long, vieux, mais on n'est pas vieux quand on n'abandonne pas notre idéal, quand on a toujours le goût d'apprendre, de connaître et d'en tirer satisfaction.
«Il y a quelques jours, je suis allé jouer au golf sur l'Île d'Orléans. Il faisait beau et c'était tellement agréable! Qu'est-ce que l'on peut demander de plus. Oui, j'ai traversé des épreuves, j'ai enterré mes trois enfants, ma femme, j'ai connu les années de crise économique, j'ai vu une guerre mondiale, mais au final je peux toujours dire que la vie est belle et qu'elle en vaut la peine.»
Très volubile, on se plaît à l'écouter philosopher et relater des épisodes de sa vie. Mais on s'interroge aussi sur sa santé…
«Ces temps-ci, monsieur, répond-il toujours poliment, j'ai un peu mal aux doigts après une partie de golf, je serre trop ma prise. Mais je n'ai jamais vraiment eu de problème de santé. Il n'y a qu'à l'âge de 8 ans où j'ai passé sous un taxi dans le Vieux-Québec. On m'a amené à l'hôpital, on a craint pour ma vie mais j'en suis sorti sans aucune blessure grave ni séquelle.»
Nous osons lui suggérer qu'à force d'avoir donné, tout au long de ces 102 ans d'existence, la vie lui était redevable, lui rendait son dû…
Paul Reny devient alors songeur… «Peut-être, monsieur, je ne sais pas trop… Je sais toutefois que quand je me lève le matin et que je regarde le soleil briller… y a-t-il quelque chose de plus beau?»
André Paquet
Il y 5 ans j’ai eu l’honneur de jouer une ronde de golf en compagnie de ce philosophe alors âgé de 97 ans. Son entrain, sa gentillesse et ses réflexions face à la vie et au golf m’avaient enthousiasmé. Félicitations pour cet article.
GML
Merci M. Paquet pour nous avoir fait rencontrer cette merveilleuse personne.
Danie
Monsieur Reny!!! Quel bonheur de vous voir si en forme encore à 102 ans. J’ai eu le grand bonheur de vous côtoyer lorsque je travaillais au GPR! Un homme charmant et galant ! 😉
Pierrette René
Toutes mes FÉLICITATIONS mon cher monsieur. Vous nous donnez une bonne leçon de vie. Le golf est tellement un beau sport et bon pour le moral. Sur le terrain on ne pense qu’à cette petite balle!
Longuet viet encore et en santé.
Georgie Derome
Félicitations pour Monsieur Reny. J’ai eu l’occasion de jouer avec lui lorsqu’il avait 94 ans au club de golf de Pont-Rouge. On m’avait demandé si cela me derangeait de jouer avec le doyen. Eh bien non, Je ne le connaissais pas. Une personne très aimable et avait une excellente mémoire. Vous avez toute la vie devant vous, alors profitez en.
Nicole Reny
Je te reconnais bien oncle Paul , tu ne seras jamais un personne âgée !
Tu es un exemple pour nous tous .
Nicole Reny