Saint-Pamphile – «À deux, on finit par faire un bon joueur!», plaisante Réginald Lachance à propos de lui et de son petit-fils. C'est donc dire que ce même bon joueur s'est permis, lors de la même partie et sur le même par 3, deux trous d'un coup! Voici une petite histoire de trous d'un coup assez exceptionnelle…
Grand-papa Réginald et son petit-fils Jason Saint-Laurent jouent souvent ensemble à leur club de Saint-Pamphile, dans le comté de l'Islet-Kamouraska. Le 11 août dernier, alors qu'il était le premier à s'élancer au trou numéro neuf, long de 165 verges en montant, Jason propulse la balle directement dans la coupe!
Après les courtes célébrations avec son grand-père, ce dernier s'exécute à son tour… eh oui! ce qui devait arriver arriva, Réginald en fait autant. Un coup de départ et la balle tombe sur le vert et roule directement dans le trou. Deux trous d'un coup de suite! L'un fait par le papi et l'autre par le petit-fils!
«Mon frère Normand, raconte Réginald Lachance, était sur le tertre du 10e trou quand il a entendu Jason crier. Il a tout de suite regardé en direction du vert du neuf. Il n'a pas vu la balle disparaître dans le trou mais il s'est approché pour confirmer. Pendant qu'il s'approchait, j'ai frappé mon coup. Et là, il a bien vu ma balle rouler dans le trou elle aussi.»
Long cogneur
Quand nous avons été informés de cette histoire, nous avons fait les démarches pour les rencontrer. Et tant qu'à rouler jusqu'à Saint-Pamphile pour leur parler, aussi bien jouer avec eux.
Disons d'abord que Jason Lachance, 18 ans, étudiant visant à devenir électricien, n'est certes pas très jaseur, mais il est tout un cogneur! Le jeune, qui a déjà fait de la compétition junior, frappe solidement sa balle, lui qui a été entraîné par le pro du club, Kevin Saint-Laurent. Et sa balle, elle va loin!
En sachant cela, on est pas surpris d'apprendre que, pour réussir son trou d'un coup sur cette normale trois de 165 verges, il a utilisé son fer 8. La balle a atterri une dizaine de pieds au-delà de la coupe et, ensuite, l'effet rétro a fait son oeuvre, la balle tombant dans le trou à reculons!
On l'a dit, Jason Saint-Laurent ne parle guère, mais on réussit à apprendre que c'est son grand-père qui lui a donné, alors qu'il n'avait que 8 ans, des bâtons de golf coupés pour être à sa hauteur. Puis, après avoir frappé des centaines et des centaines de petits coups dans la cour arrière, il accompagnait enfin l'aïeul sur le terrain.
«J'ai donc eu la piqûre du golf avant même de vraiment jouer au golf», d'échapper discrètement Jason.
Le roi du jeu court
Si le petit-fils n'a pas la parole facile, le grand-père, lui, c'est tout autre chose. Un placoteux infatigable, prêt à raconter toutes les anecdotes lui passant par la tête, rieur comme pas un, bref, un bon vivant! Réginald Lachance, 70 ans, bûcheron à la retraite, joue au golf depuis 40 ans.
Et il joue souvent depuis qu'il n'a plus à se rendre au boulot. «Cinq à six parties par semaine, précise-t-il. À la fin de l'été, j'atteins les 100 rondes facilement.»
Pour réussir son trou d'un coup avec son petit-fils (car il en a déjà réussi deux autres auparavant), il avait utilisé un hybride 4. «Moi, j'ai une balle basse, spécifie-t-il. Si celle de Jason était haute et qu'elle a ensuite reculé jusque dans le trou, la mienne est tombée une vingtaine de pieds avant la coupe pour ensuite rouler dedans.»
Mais cela n'enlève rien, il l'a fait son trou d'un coup et, pas de doute, on a affaire à un bon et agréable golfeur. Dès le premier trou, il envoie son deuxième coup dans le bunker près du vert. «Ah! lance-t-il, c'est pas grave. J'ai pas de problème avec les trappes.» Et voilà qu'il fait gicler le sable et sa balle tombe à 3 pieds du fanion pour un par facile!
«Quand je bûchais dans le nord de l'Ontario, rappelle-t-il, il y avait beaucoup de sable autour de nos campements. Alors j'ai amené mon sandwedge et j'ai pratiqué à chaque jour!»

Et ce sera ainsi le reste de la partie. On apprendra comment il corrige, avec entêtement et application, tous les problèmes qu'il peut rencontrer sur le terrain. Et ce n'est pas parce qu'il va rater un coup de départ ou un coup dans l'allée, qu'il n'inscrira pas la normale malgré tout. C'est le roi du jeu court, coller la pine, comme on dit, il sait comment s'y prendre.
Complices
Réginald Lachance présente un handicap de 7, pendant que son petit-fils Jason se situe à 9. Il suffit de jouer avec eux quelques trous pour deviner que ce sont deux bons complices sur un terrain de golf.
«Nous nous complétons tellement!, se réjouit le grand-papa. On vient de gagner deux tournois en équipe. Jason frappe long et il putte très bien. Et quand il en dévisse une, moi je place la balle près du trou. Je vous l'ai dit, à nous deux, on finit par faire un bon golfeur!»
Il rit alors de bon coeur! Et ce rire révèle à quel point il aime le golf! À quel point on devrait tous aimer le golf car: «J'essaie de jouer sous les 80, dit-il, sauf que ce n'est vraiment pas toujours le cas. Mais ce n'est pas grave, je m'amuse quand même!»
Jean Guy Letarte
Félicitations les gars, c’est le »fun » de vous voir aller, avec une belle complicité….