Gatineau – C'est quand même incroyable, parfois, qu'une simple banalité comme regarder le voisin pratiquer son élan de golf dans la cour arrière, peut changer votre monde et, du même coup, tracer votre avenir. Ce fut le cas, justement, pour Pierre-Hugues Fortin qui, à l'âge de 10 ans, se plaisait à regarder le papa de ses voisins faire des élans de golf, un geste qui, moins de 30 ans plus tard, le mènera à la tête de trois clubs de golf!
«Dans ma famille, raconte M. Fortin, on ne jouait pas au golf. Mais notre voisin, oui, et il pratiquait régulièrement son swing. Cela m'intriguait et je lui ai demandé si je pouvais jouer avec lui. Il m'a dit que si j'avais un sac de golf, il m'amènerait jouer avec lui et ses fils.
«J'étais camelot à cet époque, continue-t-il, et avec mes économies je suis allé acheter un équipement chez Canadian Tire, des bâtons North Western. Dans les jours suivants, M. Brouillette, notre voisin, m'a amené jouer au club Mont Cascades, un terrain de golf que j'ai acheté 26 ans plus tard!»
Mais un an auparavant, soit en 2015, il avait pris les commandes du club Tecumseh, toujours à Gatineau, puis en 2019, il faisait l'acquisition du terrain Manderley on the Green du côté d'Ottawa. Ce qui fait qu'aujourd'hui, le Groupe Fortin gère trois beaux parcours de golf dans une région, celle de la Capitale canadienne, offrant de belles qualités de jeu pour les amateurs de golf.
Nous avons rencontré Pierre-Hugues Fortin au Tecumseh. L'entretien a duré un peu plus d'une soixantaine de minutes mais on serait resté des heures à l'écouter raconter son histoire. Une histoire de golf, d'abord, suivie d'une autre racontant ses succès en affaires pour ensuite revenir au golf avec l'acquisition des trois terrains. Et tout cela, relaté sans aucune prétention, juste avec une touche de fierté dans les propos, fierté bien méritée.
Et à l'entendre, on devine vite qu'on a devant nous un petit débrouillard. Car dès ses premiers pas dans l'univers du golf, le talent naturel ressort, si bien que le Royal Ottawa le prend sous son aile et c'est en tant que représentant de ce club qu'il est couronné, au milieu des années 90, champion junior provincial.
«J'ai fait partie de l'équipe du Québec, rappelle-t-il, avec des gars comme Jérôme Blais, Greg Matthews, Lee Curry ou encore Dave Kelly.»
Ses succès dans les compétitions feront en sorte qu'il abandonne le hockey pour se consacrer uniquement au golf.
«J'avais décidé, explique-t-il, que dorénavant, mon seul but dans la vie serait de jouer au golf et de le faire sur le PGA Tour. C'était mon plan de carrière, point à la ligne!»
Sauf que quelques années plus tard, il a subitement déchanté à l'occasion d'une épreuve du circuit canadien qui se tenait dans la région d'Ottawa.
«Je voyais le tableau des meneurs, relate Pierre-Hugues Fortin, et il y avait plein de scores entre 62 et 70. J'étais impressionné. J'avais fait de mon mieux et j'avais ramené une carte de 76. J'ai compris que je n'étais pas à ce niveau. La larme à l’œil, je suis rentré chez moi et j'ai décidé d'oublier ma carrière sur le PGA Tour et de me consacrer à mes études.»
Immobilier
Des études en administration qui le conduiront dans une carrière en immobilier.
«Un professeur à l'Université d'Ottawa, souligne-t-il, nous expliquait qu'avant d'avoir une grosse bagnole, on commence avec un vélo. Pendant mes études, j'étais emballeur dans une épicerie. Un jour, pendant que j’emballais ses articles, un client a laissé entendre qu'il avait un immeuble de 4 logements à vendre. Je lui ai,dès lors, fait une offre et c'est ainsi que j'ai commencé dans l'immobilier.»
L'immobilier qui, justement à cette époque, a connu un bond considérable, ce qui a fait en sorte que l'immeuble de 4 logements a soudainement pris de la valeur.
«J'avais l'impression d'avoir gagné à la loterie!», lance le jeune homme d'affaire, tout sourire en évoquant ce souvenir.
Cet investissement a mené à d'autres, puis à d'autres et aujourd'hui l'univers immobilier est devenu l'autre passion, avec le golf, de Pierre-Hugues Fortin.
Si l'on revient à ses débuts dans le monde du golf, soulignons que son premier membership à un club le fut au Tecumseh avant de faire le saut au Royal Ottawa. Quand en 2014 il a appris que le club était sur le marché, il s'y est tout de suite intéressé. La transaction a eu lieu et en 2015, il prenait les opérations en main du Tecumseh.
Sauf qu'à cette période, on s'en souvient, le golf ne vivait pas nécessairement ses plus belles années. On lui demande donc si l'idée d'acquérir à ce moment-là un club de golf n'était pas un peu risqué. Mais comme on l'a écrit plus haut, on a affaire à un petit débrouillard.
«On a su diversifier les activités, répond-il tout de go. Il y a ici, au Tecumseh, plein d'espaces à rentabiliser et c'est ce qu'on a fait pour que le club soit actif tout au long de l'année.»
C'est ainsi que les déficits sont tombés et que la rentabilité a été au rendez-vous dès les premières années avec l'instauration de différentes activités parallèles telles des ligues de fléchettes ou encore de volleyball, l'ajout de simulateurs de golf et même l'installation d'une tour de communication sur un espace inutilisé du terrain, bref les idées n'ont pas manqué et le jeune homme d'affaires a su bien les appliquer.
«Je suis fier aujourd'hui de tout ce chemin parcouru et du succès qui est venu avec. J'ai la chance de marier mes deux passions, golf et immobilier, et que cela marche bien», conclut-il en toute modestie.