Devant les décombres noircis, Yvon Racine insiste: «Ne me demande surtout pas de sourire pour la photo…»
Bien sûr que non. Le surintendant du club Alpin, en banlieue de Québec, peinait encore à se remettre de la catastrophe lors de mon passage, il y a une semaine. Trois jours plus tôt, le hangar du club avait été ravagé dans le temps de le dire par un violent incendie.
«Vers la fin d'après-midi, ce lundi, j'ai fermé le hangar et suis rentré chez moi, raconte-t-il. Une heure plus tard, mon directeur général me prévenait que le bâtiment était en feu et, une autre heure plus tard, tout était rasé!»
Dans les fameux décombres devant lesquels je lui demande de poser, il est facile de discerner les silhouettes de machineries calcinées, des équipement de toutes sortes distordus et d'outils précieux mais en ruine, tous entassés grossièrement, triste amas de débris dévoilant l'ampleur du sinistre.
Toutefois, ce qu'on ne voit pas et qui, malgré tout, consterne le surintendant, ce sont les souvenirs. Il ne reste plus rien…. Et c'est douloureux pour celui qui a grandi sur les terrains de golf et qui avait accumulé à cet endroit ses «trophées», entreposé son équipement de golf, affiché une multitude de photos représentant des moments forts de sa carrière ou encore ceux du club Alpin où il travaille depuis près de 20 ans, bref où il avait tant de souvenirs.
«Dans ce hangar, rappelle-t-il en hésitant, les émotions à fleur de lèvres, il y avait aussi la salle des employés de terrain et mon bureau. Tous mes souvenirs y sont passés…»
Tout comme lui, son équipe a dû encaisser le coup. «Les gars sont aussi secoués que moi», précise le surintendant vers qui quelques employés se sont tournés, dans les jours suivants, pour lui faire part de leur détresse.
Mais voilà, la vie ne s'arrête pas. Dès le lendemain du sinistre, Jean-François Côte, le directeur général, et Yvon Racine ont convoqué toute l'équipe à la première heure. Le but: leur confier la tâche de rassurer à leur tour les membres du club et les autres golfeurs qui allaient se pointer.
On le sait, le hasard fait parfois si bien les choses. Malgré tous les inconvénients qu'un tel incendie peut causer, il arrive que des circonstances changent la donne.
«Ce jour-là, mentionne M. Racine, j'avais fait transférer du petit entrepôt voisin, un tracteur et une pépine pour un entretien mécanique à effectuer dans le hangar, celui qui quelques heures plus tard était en flammes. Il avait donc fallu faire de la place. Ainsi, on avait retiré les trois tondeuses, celle du rought, celle pour les greens et celle pour les allées! Elles ont donc été épargnées!»
«De plus, ajoute Jean-François Côte, le dg, nous avions tout notre engrais dans le petit bâtiment voisin, on a ainsi sauvé cela également.»
Ainsi, le lendemain de l'incendie, les employés du club se dispersaient sur les stationnements et rassuraient golfeurs et golfeuses. La saison pouvait poursuivre son cours sans problème, tout serait fait pour qu'il en soit ainsi.
«Nos membres comprennent très bien la situation, souligne le directeur. Leur soutien est très encourageant.»
Et parlant de soutien, dans les jours, ou plutôt les heures ayant suivi le sinistre, le téléphone du surintendant Yvon Racine n'a pas dérougi.
«Fournisseurs, partenaires réguliers et confrères d'autres clubs, énumère-t-il, ils ont été si nombreux à me contacter pour m'offrir de l'aide ou tout simplement pour me dire qu'ils étaient derrière nous. C'était bon d'entendre cela.»
Oui, les allées du Alpin ont continué au lendemain du drame à recevoir des golfeurs et elles continueront pour le reste de la saison même si le travail sera un peu plus compliqué. «Mon ordinateur de travail, dit Yvon Racine, celui avec lequel je contrôlais entre autres les modes d'arrosage, a été détruit. On devra maintenant procéder de manière manuelle, comme on le faisait auparavant.»
Et encore oui la saison va se poursuivre, elle qui avait si bien commencé. «Le terrain est impeccable depuis l'ouverture, l'affluence toujours aussi bonne et, j'en suis sûr, tout va bien aller malgré le sinistre», spécifie Jean-François Côte.
Le Alpin est considéré comme l'un des très beaux terrains de la région de Québec. Toute l'équipe s'est relevée pour aller de l'avant. Des souvenirs précieux, irremplaçables sont certes partis en fumée mais, au moins, pas de perte humaine, pas de blessé, juste de la ferraille et des matériaux, des choses qui, elles, se remplacent.
La cause du sinistre est actuellement sous enquête.
Rappelons qu'au cours des derniers mois, d'autres garages de club de golf ont été rasés par des flammes à deux autres endroits. Au Grand Portneuf, en avril dernier et, l'été passé, au club Saint-Hyacinthe.