Boischatel – Il y a eu ce petit discours du champion qui, sans excès, ou plutôt avec beaucoup de retenue, remerciait tout le monde mais plus particulièrement ses proches. Vincent Blanchette contrôlait les trémolos dans sa voix comme il avait réussi à gérer son jeu au 16e trou, samedi, là où le tournoi Duc de Kent aurait pu lui échapper.
«Si je ratais mon roulé pour le bogey, a-t-il relaté, et que Joey (Savoie) réussissait le sien pour l'oiselet, le portrait n'aurait plus été celui souhaité. Mais mon approche au 17e (à moins d'un mètre du trou) m'a toutefois permis de mieux respirer.»
Sous l'épinette
Il y a eu effectivement ce 17e trou où son ami Joey Savoy, sur le même trio de meneurs, a connu une situation semblable à celle de l'an dernier où, cette fois, il bataillait contre un autre bon copain, Raoul Ménard. La balle du jeune homme s'est encore retrouvée au-delà du vert, encore sous un arbre, comme l'année précédente, et la même épinette en plus!
«Ouais… le même arbre, a-t-il souligné en échappant un long soupir. Je suis très, très déçu. Comme l'an passé, je menais pour débuter la dernière ronde, comme l'an passé, sans avoir vraiment mal joué, je n'ai pas gagné. C'est de la malchance, c'est tout.»
Deuxième place
Il y a aussi eu ce moment où un jeune compétiteur doit composer avec des émotions doubles et contraires… Ce moment où Pierre-Alexandre Bédard exprime sa fierté de mettre la main, pour une deuxième année consécutive, sur le trophée André Gagné (remis au meilleur athlète de la région de Québec à ce tournoi), tout en avouant sa frustration de terminer encore deuxième.
«C'est un peu frustrant car je le voulais, ce titre, a émis celui qui a perdu en prolongation à l'Alexandre de Tunis, il y a quelques jours. Je vais essayer d'en remporter un différent, celui du Championnat provincial, peut-être.»
Chimio et golf
Puis il y a eu ces paroles mouillées par les larmes d'un solide combattant, très fier de son 53e tournoi Duc de Kent. À 70 ans, André Gagné a joué 71 samedi pour obtenir la 17e place, quelque chose de très remarquable quand on sait que le lundi il était à l'hôpital pour des traitements de chimio et le vendredi, sur le parcours Royal pour la première ronde du tournoi.
«Je suis juste content d'être sur un terrain de golf!, a mentionné, visiblement épuisé, le vétéran. Je veux aussi montrer aux gens qui souffrent d'un cancer comme moi, qu'il ne faut pas abandonner et ne pas hésiter à en parler. Moi, cela me fait du bien, comme le bien que m'apporte le support de ma famille, de mes proches. Cela m'aide énormément…»
Puis le gagnant de trois Duc de Kent se retire, la voix étouffée mais le regard rempli d'une satisfaction sans prix…
Comme le disait le nouveau gagnant, Vincent Blanchette (et la plupart de ceux qui l'ont précédé ces dernières années), il y a un petit quelque chose de spécial au Duc de Kent. Il y a la foule, le prestige, le niveau de compétition… et il y a souvent 36 trous d'émotions pures!
Germain Pépin
J’ai adoré le dernier Duc de Kent. Une relève impressionnante existe au Québec, on le constate depuis quelques années. Une génération montante est là et prend sa place parmi les meilleurs golfeurs du Québec. Manifestement, ces jeunes ont appris à la bonne école.