Longueuil – «Heureusement qu'il est tombé un bon pied de neige avant la première pluie… N’empêche, c'est pas le genre d'hiver qu'on souhaite en tant que surintendant de club de golf.»
Lors du salon Expo Golf Rive-Sud, dimanche dernier, nous avons échangé quelques minutes avec Terence Mansell, le surintendant du club Owl's Head en Estrie. Bien sûr, on a parlé de cet hiver qui s'en donne à coeur joie et qui, pas juste pour les golfeurs impatients de s'élancer à nouveau, commence à être pas mal dur à supporter pour plusieurs.
Et c'est plus vrai pour un surintendant de golf qui voit de multiples tempêtes de neige s'abattent sur les allées suivies d'épisodes occasionnels de pluie.
«C'est inquiétant, a rajouté M. Mansell. On va être très pro-actif dans les prochaines semaines pour s'assurer que le terrain soit en bon état au printemps.»
La pluie, l'ennemi juré
Le mot inquiétant est revenu souvent dans nos entretiens avec les quelques surintendants qui ont bien voulu commenter.
«Oui, je suis inquiet, de dire Charles Ouellet du club de Chicoutimi, mais je ne suis pas le seul. Tous les collègues avec qui j'ai parlé, récemment, le sont aussi. De plus, les agents de distribution de produits d'entretien avec qui nous faisons affaires, le disent eux aussi que leurs clients n'aiment guère ce genre d'hiver.»
On le sait, la pluie pendant l'hiver représente l'ennemi juré, celui qui peut faire des torts majeurs aux verts.
«Chez nous, à Chicoutimi, relate M. Ouellet, il a plu avant les fêtes alors qu'il n'y avait pas assez de neige. Ça, c'est dangereux. Il faut que les verts respirent, qu'ils soient ventilés et non couverts d'une couche de glace. On va tout faire pour diminuer les dommages, s'il y en a, bien sûr.»
Neige compacte
Du côté de la Beauce, au club de Sainte-Marie, le surintendant Richard Rhéaume tenait des propos identiques. Il admettait être présentement sur un pied d'alerte…
«Dès que j'en ai l'occasion, a-t-il dit, je vais voir ce qu'il en est, quelle est la situation. Mais je t'avoue être inquiet. Dans 95% des cas, notre terrain sort bien d'un printemps à l'autre. J'espère que ce sera ainsi encore cette année.»
Selon lui, les clubs pouvant installer des tuyaux d'aération sous les toiles recouvrant les verts, réduisent de beaucoup les risques justement parce que leurs verts peuvent respirer (voir photo en manchette fournie l'automne dernier par Michel Tardif, surintendant au Royal Québec).
Par ailleurs, une autre contrainte issue de cet hiver assez douloureux, demeure une neige trop compacte avec, en plus, des couches de glace.
«D'une année à l'autre, explique Sylvain Patry, directeur général du club International 2000, à Saint-Bernard-de-Lacolle, nous ouvrons tôt notre parcours et, pour s'y faire, nous passons la souffleuse à neige sur le terrain. Habituellement, la souffleuse avance à une vitesse d'environ 7 kilomètres/heure. Cette année, avec toute la glace à casser et la neige compacte, ce ne sera pas plus de 2 kilomètres/heure.»
Donc on se croise les doigts pour que, 1) cet hiver 2019 se calme un peu le pompon, et 2) que les terrains sortent en bonnes conditions dans quelques semaines!
Murray Henley
On prépare déjà psychologiquement le terrain en cas de dommages importants au printemps.
Les pluies hivernales au au Québec ne sont rien de nouveau. Il y en a toujours eu. C’est la conséquence de notre climat semi-continental et semi-maritime. Environnement Canada indique que les probabilités historiques de pluie en janvier pour la ville de Québec sont de 96%. Alors imaginons plus au Sud.
Les clubs qui n’ont pas de budget à consacrer aux systèmes plus sophistiqués de protection hivernale (toiles multiples, tuyaux, ventilation périodique à l’air comprimé) sont davantage à la merci de la température. Mais les cotisations à ces clubs sont également moins coûteuses.