Le titre de cette chronique est une phrase entendue de la bouche de Marc Messier, acteur québécois prolifique dans son personnage de Bob dans le film Les Boys. Cette phrase représente aussi très bien le sport du golf.
L’exemple de Jordan Spieth dit tout, à mon avis, de l’importance de l’aspect mental dans le jeu d’un golfeur. Arrivé sur le Tour en 2014, Spieth s’est imposé rapidement sur la scène du golf professionnel.
En un peu plus de 3 ans, ce Texan a remporté 11 tournois dont 3 titres majeurs (Masters et US Open 2015 et Omnium Britannique en 2017). Il a même occupé le premier rang mondial pendant quelques semaines. Et tout ça avant l’âge de 25 ans!
Jordan Spieth n’a pas gagné de tournois depuis 2017. Et ça commence à peser lourd sur ce jeune golfeur maintenant âgé de 27 ans. «Les dieux du golf sont en train de me tester», a-t-il dit en entrevue il y a quelques jours.
Spieth vit difficilement ce qui lui arrive au niveau professionnel. Compétiteur féroce, il a peine à cacher ses émotions sur le terrain. Personnellement, je ne déteste pas cela en autant qu’il ne dérange pas ses partenaires de jeu.
J’aime bien Jordan Spieth. Je pense que le PGA Tour est meilleur et plus intéressant avec Spieth sur le terrain. J’aime sa fougue, sa façon de se comporter en général. J’aime le voir communiquer avec son cadet Michael Greller. Les deux forment un duo depuis les débuts de Spieth sur le circuit.
Mais visiblement, Spieth n’est pas le même golfeur confiant que l’on voyait au sommet de la pyramide de 2014 à 2017. Quelque chose a changé. On le sent plus hésitant, moins performant et rarement dans la course le samedi et le dimanche.
Qui dit vrai?
L’analyste David Duval (ancien numéro 1 mondial lui aussi) a raconté récemment une conversation qu’il avait eu avec Spieth il y a quelques années. Duval aime bien conseiller les jeunes golfeurs lorsque ceux-ci le demandent. Et je crois qu’il peut assurément aider les plus jeunes dans le développement de leur carrière.
Dans cette conversation, Duval avait donné un conseil à Spieth: «Don’t Chase distance.» N’essaie pas d’aller chercher de la distance avec tes coups de départ.
Jordan Spieth n’est pas le plus long des frappeurs sur le Tour. Il est dans la moyenne, peut-être même un peu au-dessus. Mais il ne peut rivaliser avec les plus longs cogneurs.
Et lorsqu’on est un compétiteur comme Spieth et que l’on a atteint les sommets, on veut y rester. Il est là le danger. Tenter de faire des choses qui nous sortent de ce qui a fonctionné pour garder sa place parmi l’élite.
Cette semaine, un journaliste est revenu sur cette affirmation de Duval avec Spieth. Et ce dernier a assuré ne jamais avoir tenté de gagner quelques verges sur ses coups de départ pour rivaliser avec ces longs cogneurs.
Lorsqu’on regarde les statistiques de Spieth depuis quelques années, on constate une bonne différence au niveau de la précision de ses coups. Le nombre d’allées atteintes et le nombre de verts en coups réguliers sont en forte diminution.
Souvent lorsque l’on frappe plus fort, on frappe avec moins de précision. Bien que Spieth dise qu’il ne tente pas de frapper plus loin, les chiffres nous font croire le contraire.
Le pain et le beurre de Jordan Spieth sur le Tour à ses premières années, c’était la prévision de ses coups et son jeu sur les verts. Il avait aussi le don de réussir un coup important quand cela comptait.
Spieth semble avoir dévié quelque peu de ce qui fonctionnait. Il semble être devenu trop mécanique et pas assez créatif sur le terrain. Récemment j’ai vu une vidéo de Spieth dans le champ de pratique. Il s’écoule précisément 24 secondes entre l’adresse à la balle et la fin de l’élan. Visiblement, Spieth semblait hésitant et pas très en confiance.
Cette semaine les séries éliminatoires du PGA Tour s’amorcent dans la région de Boston. Spieth occupe le 100e rang au classement de la Coupe FedEx et a donc besoin d’une excellente performance pour participer au championnat du Tour (qu’il a d’ailleurs gagné en 2015).
Spieth n’est pas le premier joueur à connaître une mauvaise séquence. Par contre, ce sport est tellement difficile au niveau mental qu’il est parfois très ardu de se relever.
Je ne crois pas que Spieth soit le 100e meilleur joueur sur le Tour. Il est meilleur que ça, mais pour revenir parmi l’élite il doit faire preuve de caractère et d’une bonne force mentale.
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Bonne semaine!
Germain Pepin
Ce qui ajoute à la pression que s’impose Jordan Spieth, c’est de constater que Justin Thomas a eu plus de succès que lui depuis 2017. Or les deux sont proches. En entrevue l’an dernier, Justin Thomas avait mentionné qu’il était inquiet des performances récentes de Spieth sur le PGA Tour. Pour un compétiteur tel que Spieth, ça doit être difficile à accepter.
Bernard P.
Après 3 années d’insuccès, il semble devenu nécessaire que Jordan Spieth remplace son entraîneur Cameron McCormick par quelqu’un qui a une approche moins mécanique et plus intuitive.
Je reçois périodiquement des vidéos de conseils de Cameron McCormick et à chaque fois, je n’en reviens pas comme il a le don de rendre complexe et mécanique ce qui est souvent un simple réflexe pour un bon golfeur.
Dans la même ligne de pensée, son caddie Michael Greller pourrait aussi céder la place à quelqu’un d’autre. en effet, les discussions préliminaires entre Greller et Spieth avant chaque coup sont interminables et pourraient introduire le doute chez Spieth.
Donc, pour Spieth, ce serait le temps de « nettoyer la cabane ».