Un talent gaspillé

John Daly vient tout juste d'avoir 50 ans. Il est donc éligible pour jouer sur le Champions Tour, le circuit réservé aux joueurs âgés de 50 ans ou plus. Doté d'un talent de golfeur supérieur à la moyenne, Daly a connu une carrière mouvementée autant sur le terrain qu'à l'extérieur de la surface de jeu.

J'ai eu la chance de voir jouer John Daly à quelques reprises, au cours des 20 dernières années. Et à chaque fois, j'ai pu constater la popularité de ce golfeur. Les gens accourent sur le terrain pour pouvoir apprécier le plus près possible le talent immense qui habite ce golfeur natif de la Californie.

Je me souviens, entre autres, du Skins Game présenté au club de golf Le Fontainebleau en 2004. Daly y participait avec Phil Mickelson, Hank Kuehne et Vijay Singh. Le plus affable, celui qui était le plus sympathique avec les spectateurs était sans l'ombre d'un doute John Daly. Il était sûrement dans une bonne séquence au niveau mental. Il interagissait avec la foule, il s'amusait. On a donc eu la chance de voir le meilleur de cet homme.

Comportements répréhensibles

Le talent brut seul ne suffit pas pour connaître une carrière à la hauteur. Et John Daly en est le meilleur exemple. En 1997, Daly est devenu le premier golfeur de l'histoire à maintenir une moyenne supérieure à 300 verges sur ses coups de départ pour une saison complète. On le surnommait alors Long John.

Mais une série d'évènements et de comportements déviants ont entaché la réputation de Daly au fil des 25 dernières années. Quitter un tournoi en plein milieu d'une ronde, lancer sa carte de pointage aux officiels parce qu'insatisfait de son pointage, tirer des bâtons à l'eau… les exemples sont multiples et démontrent un problème évident au niveau de l'attitude pour cet ancien de l'université Arkansas.

Hors terrain

John Daly n'a jamais pris soin de sa forme physique. Il a joué avec un surplus de poids pour la majorité de sa carrière. Mais le plus dommageable a sans doute été sa consommation abusive d'alcool et de drogues. Il a vécu des problèmes de santé au fil des ans et c'est même un peu surprenant de le voir compétitionner encore sur la scène du golf professionnel.

Halleran-847-Daly — John Daly sera sûrement un attrait de plus pour le Champions Tour.

«J'ai gaspillé mes talents, surtout dans les années 90», a admis Daly plus tôt cette semaine en point de presse à l'aube de son premier tournoi chez les seniors, le Inspirity Invitational présenté au Texas.

«Les bourses ont augmenté au cours de cette période et je n'ai pas su en profiter. Je n'ai que moi à blâmer, je ne me préparais pas suffisamment pour pouvoir exploiter mon talent au maximum. Je n'ai pas travaillé assez fort pour espérer l’emporter», a aussi dit candidement le populaire golfeur.

Sa carrière

Malgré tous ses déboires hors terrain, John Daly a réussi à remporter deux tournois majeurs. En 1991, il a profité de retrait de Nick Price (devenu papa) pour prendre part au Championnat de la PGA comme 9e substitut. Et sans avoir joué une seule ronde d'entrainement sur le parcours Crooked Stick en Indiana, Daly a remporté le tournoi avec trois coups d'avance sur Bruce Lietzke. Une performance exceptionnelle qui prouve le talent de golfeur de cet individu. Et Daly a aussi gagné cette année-là le titre de recrue de l'année sur le circuit de la PGA.

Puis en 1995, Daly a remporté un deuxième majeur, cette fois sur le mythique parcours de St Andrews en Angleterre. À la maison du golf, il a vaincu après une prolongation de 4 trous l'Italien Costantino Rocca. Un fait saillant dans la carrière de n'importe quel golfeur, le plus haut fait d'armes dans celle de John Daly.

Chanteur à ses heures, Daly aime s'amuser dans la vie. Il sort assurément des sentiers battus. «Je suis au bon endroit mentalement. J'ai compris plusieurs choses et je me sens bien. J'aimerais avoir les qualités physiques que j'avais plus jeune, j'aurais encore plus de plaisir sur le terrain.»

Attraction

Qu'il le veuille ou non, John Daly est une vedette dans le monde du golf. Les gens reconnaissent son talent et sa personnalité attachante. Le Champions Tour est un circuit près des spectateurs. L'ambiance est plus relaxe que sur le tour régulier.

J'ai bien hâte de suivre Long John à compter de vendredi sur le circuit senior. Je m'attends à le voir gagner plusieurs tournois surtout dans les premières années, souvent les meilleures pour les joueurs qui joignent ce Tour. Pas de doute pour moi, Daly sera une attraction sur le circuit.

Certes, il aurait dû connaître une carrière plus fructueuse sur le PGA Tour. Il a quand même accumulé plus de 10 millions de dollars en bourses. Voilà une belle occasion pour lui de se racheter quelque peu.

Au 19e trou

– Le capitaine de l'équipe américaine pour la Coupe Ryder, Davis Love III, ne ferme pas la porte à Tiger Woods pour cette année, mais il veut voir des résultats sur le terrain.

– Parlant de Tiger, les rumeurs parlent de plus en plus d'un retour au jeu imminent.

– Jordan Spieth est sorti de son mutisme cette semaine après une ronde d'entrainement au club de golf Oakmont, en Pennsylvannie, site du US Open au mois de juin prochain. Il dit bien se sentir et ne croit pas qu'il vivra les contrecoups de sa déconfiture au Masters il y a quelques semaines.

– Rory McIlroy a eu 27 ans mercredi. Sa dernière victoire en sol américain est survenue il y a un an exactement au tournoi Wells Fargo qui a lieu cette semaine en Caroline (parcours Quail Hollow).

– Après une longue absence suivant une opération au poignet gauche, le vétéran Jim Furyk dispute son premier tournoi de la saison 2016 cette semaine sur le circuit de la PGA.