Fort Lauderdale, Floride – «Je ne suis pas venu ici pour prendre de l'expérience, je suis venu pour passer. Alors oui, je suis déçu.»
Ça ne pouvait pas être plus clair! D'ailleurs, de la détermination, Hugo Bernard en a toujours fait preuve et c'est de cette manière qu'il nous explique qu'il n'avait qu'un seul but lorsqu'il s'était présenté au club Plantation Preserve, il y a quelques jours en Floride, pour le second tour des qualifs du circuit Web.com, soit tout simplement jouer pour obtenir sa place pour la troisième et dernière étape.
Mais voilà, ce fut une semaine de travail au bureau très ordinaire, a-t-il convenu peu après avoir signé sa dernière carte de pointage du tournoi, vendredi.
Agressif au début
«Il n'y avait pas vraiment d'aspect particulier de mon jeu qui faisait défaut, a-t-il observé, si ce n'est que j'aurais dû être un peu moins agressif au début du tournoi. Peut-être… je ne sais pas… Mais de toute façon, quand tu joues mal, tu joues mal. Et j'ai mal joué.

«Je réalise qu'à ce niveau, a-t-il poursuivi, des journées avec des scores de moins deux, moins un, sont des mauvaises journées. Ici, il faut coller les moins 7 et les moins 8. Je sais que je peux le faire, je l'ai fait lors du premier tour.»
Avec ses marques de 74, 75, 70 et 68 (le parcours se jouait en normale 71), il a terminé la compétition au 58e rang. Les 20 premiers passaient au troisième tour du Web.com.
Éthique de travail A-1
Hugo nous avait confié, peu avant ce tournoi, qu'il ferait le saut chez les pros si jamais il se qualifiait pour le troisième tour. Dans les minutes suivant la fin du tournoi, vendredi, il mentionnait: «C'est sûr que ce n'est pas ici et maintenant qu'une décision va se prendre si je reste amateur ou si je vais chez les pros. On va réfléchir à cela dans les prochains jours avec les coachs Derek et Daniel.»
Derek, c'est Derek Ingram, le coach en chef de l'équipe amateur canadienne sur laquelle a été nommé Hugo Bernard, pendant que Daniel, c'est Daniel Langevin, l'entraîneur qui le suit depuis de nombreuses années et qui, justement ces jours derniers en Floride, a agi comme cadet du grand gaucher.
«Il y a différentes options, a dit ce dernier, et on va prendre le temps de tout analyser.»
Par ailleurs, Langevin a tenu à souligner les efforts de son joueur au cours de ces qualifications. «Même s'il n'était visiblement pas dans une bonne phase, que son jeu n'était pas au top, il a quand même fini le travail de belle façon. Son éthique de travail, même s'il savait qu'il n'était plus dans le coup, a été A-1! Et cela, pour un entraîneur, voir ainsi l'athlète persister, c'est du bonbon!»
Niveau relevé
Deux jours plus tôt, le coach Langevin nous avait fait remarquer que le field, le niveau de compétition à ces qualifs de deuxième tour, était très relevé. «Une mauvaise ronde doit être absolument suivie de trois excellentes», avait-il émis.
Nous avons pu être témoins de cette observation en suivant Hugo Bernard, vendredi, qui avait alors comme partenaire de jeu, un certain Eric Onesi. L'Américain a joué 66 comme dernière ronde et a quand même fini le tournoi au 55e rang!
«Onesi avait gagné au Nevada, lors du premier tour, a rappelé Daniel Langevin. Il avait gagné avec un total de moins 21! Ici, il a connu une mauvaise partie de 77 et voilà, il ne passe pas lui non plus.»
Tous les joueurs qu'il nous a été donnés de voir pendant ce tournoi, jouent vraiment du golf à un niveau supérieur. Il la gèlent tous, la petite balle blanche, à des distances incroyables et avec des trajectoires parfaites! Même quand ils sont plus petits et qu'ils se retrouvent une vingtaine de verges derrière les longs cogneurs du groupe, il faut s'en méfier.
À titre d'exemple, vendredi, l'amateur Aman Gupta, jumelé lui aussi au Québécois, semblait minuscule aux côtés de Bernard et d'Onesi et pourtant, à ses deuxièmes coups, il collait la pine à chaque fois. Il a toutefois lui aussi fini 58e, son score de 76 le deuxième jour ayant été fatal.
Nous avons donc demandé à Hugo Bernard s'il s'agissait pour lui d'une première fois d'être confronté à un field aussi relevé?
«Bah non!, a-t-il lancé avec un petit sourire en coin. Le Canadian Open…»
Eh oui! on l'avait oublié, celle-là! Le jeune homme a déjà obtenu sa place pour ce tournoi de la PGA.
«Je vois bien, a conclu Hugo Bernard, que la ligne entre ici, les gens du Web.com, et ceux de la PGA, est très mince. Et je sais que je peux la franchir…»
francois Mathieu
Très bonne article. C’est dommage, mais la réalité vient de le frapper de plein fouet. Lorsque j’ai débuté dans le golf il n’y avait qu’un seul golfeur étranger que nous apercevions de temps à autres: L’anglais Tony Jacklin. Aujourd’hui, avec la mondialisation du golf, il y a une multitude de golfeurs assez talentueux pour jouer sur le PGA Tour. Nous sommes à quelques années de voir l’émergeance des asiatiques et de par le fait même, améliorer le calibre de jeu. Le PGA Tour deviendra comme le LPGA dans quelques temps: une mondialisation. Je ne crois pas que de mon vivant j’aurai la chance de voir un québécois jouer à plein temps sur le PGA Tour. Plusieurs raisons tendent vers cette réalité: des parcours trop courts au Québec, un bassin restreint de golfeurs comparativement à ailleurs, une question d’attitude aussi et j’en passe.
Huguo Bernard ne doit pas baisser les bras et s’essayer encore quelques fois. Il devrait s’inspirer de Tom Lehman qui lui, a persévéré et qui a réussi à avoir une très belle carrière. Il n’a pas à être décu. Au golf , cà prend du talent mais cà prend aussi de la persévérance.
Lâche pas…persévère.
Ton tour viendra.