Habituellement, quand le téléphone sonne chez les agences de voyage, c'est pour des réservations. Mais en temps de Covid-19… «Les deux premiers mois, le téléphone n'a pas dérougi mais c'était pour des annulations ou des remboursements… On a travaillé beaucoup pour finalement rien au bout du compte!»
Jeremy Hall de Voyages Merit, une agence ayant un département golf fort achalandé, résume bien ce qu'ont vécu les gens du voyage lorsqu'en mars dernier la pandémie a frappé. Des heures et des heures de travail au compteur pour, finalement, perdre de l'argent.
S'il y a un secteur d'activités qui a été fortement touché par ce virus encombrant, c'est bien celui du voyage. Pour les grossistes en voyages de golf, l'Année Covid, c'est l'enfer.
«Dans de telles circonstances, si j'étais plus jeune je réorienterais ma carrière», lance J. T. Kobelt de MyrtleBeachGolf.ca, un Québécois qui gère les réservations de centaines d'amateurs de golf (surtout du Québec) qui étirent ou débutent leur saison dans ce paradis du golf qu'est Myrtle Beach dans les Carolines.
«Cette année, souligne-t-il, je n'ai géré que 6 groupes et c'étaient des clients américains. On est loin de mon année record, soit 2018, où nous avions booké 233 groupes!»
Le téléphone a recommencé à sonner, disent messieurs Kobelt et Hall mais cette fois, c'est juste pour de l'info.
«On a de nouveau beaucoup d'appels, convient Jeremy Hall, mais les gens appellent juste pour obtenir de l'info sur la situation, pour savoir si les voyages vont pouvoir bientôt reprendre ou qu'en est-il de la quarantaine, plein de choses comme ça mais pas de réservations.»
«Les clients du Québec téléphonent pour avoir une idée du prix pour un forfait si jamais la situation revient à la normale à Myrtle Beach, spécifie M. Kobelt. Alors je prépare des estimés mais sans aucun retour.»
Rebondir
On le voit, les maniaques de golf s'informent pour être prêts lorsqu'une plus grande liberté pour voyager sera allouée. Tout cela va rebondir, croit Jeremy Hall de Voyage Merit.
«Certes, avance-t-il, il y a eu un peu d'activité cet été avec les voyages de golf intérieurs, au Canada, mais cela n'a rien à voir avec les séjours de golf à l'étranger. Quand tout va reprendre, il y aura alors un fort achalandage. Tout le monde va vouloir repartir de nouveau.»
Et là, craint-il, il faudra se battre pour les disponibilités.
«Je crois que les vols vont reprendre graduellement avant de revenir comme avant, estime M. Hall, donc il faudra aussi gérer cet aspect. De plus, les destinations populaires, telles St. Andrews, l'Arizona et autres, vont être très en demande. Il faudra offrir de nouveaux sites.»
C'est ainsi que Merit regarde du côté du Portugal ou de l'Irlande, certes déjà populaires, mais à des resorts nouveaux de qualité mais moins connus, donc plus abordables. «Ce sera une belle occasion de découvrir de nouvelles destinations», dit-il.
Au Québec
Comme les voyages à l'étranger étaient peu permis et même carrément interdits pour la plupart avec la fermeture des frontières, les Québécois ont donc pris la route des différentes régions de la province cet été. Ce fut de ce côté un succès.
Un établissement comme le Manoir Richelieu, dans Charlevoix, n'a pu ouvrir que la moitié de ses chambres pour respecter les mesures sanitaires et de distanciation. Eh bien le livre des réservations a été complet toute la saison!
«Ce fut une saison exceptionnelle au Québec pas seulement pour l'engouement qu'a connu le golf, mais aussi pour le secteur hôtelier. Ici, au Château Bromont, la majorité des clients réservent en général pour une nuit. Cet été, c'était deux à trois nuits par réservation», mentionne Martin Ducharme, directeur du golf et de l'établissement hôtelier.