Belle-Île-en-Mer, France – Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'opportunité de se retrouver sur une île bretonne, en France, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de s'élancer sur un terrain de type links perché sur des falaises immenses, encore moins tous les jours qu'on puisse jouer un parcours de 14 trous!!!
Et pourtant, c'est ce que nous avons fait récemment lors d'un périple en France. On s'est retrouvé sur la plus grosse île bretonne, Belle-Île-en-Mer, où le club de golf local, portant le même nom, suggère un parcours unique de par sa beauté, son décor hors du commun, ses panoramas spectaculaires mais aussi ses… 14 trous!
Ce terrain de golf construit sur la propriété autrefois appartenant à la grande Sarah Bernhardt, a toute une histoire derrière lui. Il semblerait que les premières balles de golf frappées à cet endroit l'auraient été au tournant des années 1890 et 1900. C'est le roi Édouard VII d'Angleterre, ami de la comédienne, qui s'y rendait parfois avec ses bâtons de golf pour s'élancer sur les herbes basses des champs sur la falaise.
Bien des années plus tard, en 1984, les insulaires de Belle-Île décidèrent de finalement y aménager 18 trous de golf. Sauf que certains de ces trous se trouvaient sur des terres agricoles qu'au fil du temps les fermiers ont récupérées. L'espace devenant de plus en plus restreint, les responsables du club décidèrent de s'en tenir à 14 trous.
«Avec le temps, finalement, tout le monde est d’accord pour dire qu'un parcours de golf de 14 trous, bien qu’atypique, est une taille idéale de parcours et qui correspond mieux aux attentes des joueurs : moins chronophage il permet de concilier sport et vie de famille, après-midi à la plage ou parcours à jouer après une journée de travail», explique Mme Florence Legros, responsable des communications au Golf Belle-Île-en-Mer à qui nous avions demandé des précisions sur l'historique du parcours.
Le Deux
Mme Legros précise toutefois que les amateurs ne paient pas pour jouer 14 trous, ils paient pour du golf à la journée. Lors de notre passage, nous nous sommes permis d'en jouer 17 mais 14 auraient suffi. La satisfaction d'avoir vécu une expérience de golf, pas juste y avoir joué une partie, nous comblait suffisamment.
Si on y va d'une brève description du parcours, il faut d'abord signaler que chacun des trous porte un nom particulier, du genre Le Poivre, Le Chameau, Sarah, Vent Debout, La Touffe et autres. Mais il y a un trou qui n'a d'autre nom que son numéro et c'est le deuxième.
Car Le Deux ne laisse personne indifférent. Cette normale 3 de 190 verges des jalons éloignés (150 des réguliers et 132 des rouges) n'a tout simplement pas d'allée! Il faut s'élancer du haut d'une falaise pour atteindre le vert qui, lui, s'étale sur la falaise opposée… entre le tertre de départ et le green, la mer tout en bas!
Bien sûr, les trous suivants ne créent pas tous autant de vertige mais la plupart ont un cachet particulier qui fait en sorte qu'on ne s'ennuie nullement sur ce terrain balayé par les vents, des vents «hypocrites» dont l'on perçoit la présence qu'en voyant notre balle, dans les airs, changer subitement de direction ou stopper abruptement. Parmi les autres trous à retenir, on pense au cinquième (par 4) qui est tout en descente vers la mer, suivi du sixième, une normale 3 qui nous ramène au haut de la falaise d'où le coup d’œil est spectaculaire.
Quand nous demandons à Mme Legros quelles sont les principales qualités du parcours Belle-Île-en-Mer, elle devient volubile:
«Le site est exceptionnel et c’est un golf qui a une grâce sauvage avec des fairways à l’irlandaise et des greens petits qui demandent de la précision, débute-t-elle. La mer est toujours présente et parfois on découvre au détour d’une mire un panorama à vous couper le souffle. On se pardonnerait presque d’avoir mis sa balle dans les ajoncs ! C’est un parcours qui demande d'être imaginatif et créatif car le vent est un élément toujours présent.»
Nous lui demandons également si un jour le terrain pourrait revenir à 18 trous, ce qui, explique-t-elle, est peu probable.
«Avec la loi sur la protection du littoral, dit-elle, nous aurions beaucoup de difficultés probablement insurmontables pour passer à 18 trous, même si nous le désirions. La côte, composée de landes à Bruyère vagabonde (Erica vagans), avec des associations végétales endémiques (dont 80% de la représentation française se situent sur l’île) est en effet très protégée. Gare à qui y touche !»
Honnêtement, peu importe, ces 14 trous en valent la peine et rien ne vous empêche de jouer le nombre souhaité, du golf à la journée comme on l'a spécifié plus haut dans ce texte. Et jouer un terrain de 14 trous, dans un tel décor, demeure quelque chose d'exceptionnel, tout comme séjourner sur Belle-Île-en-Mer. D'ailleurs, pour en savoir plus sur cette portion de terre isolée au large des côtes bretonnes, à lire notre chronique Hors-Limite: Charmante Belle-Île-en-Mer.
Feray
didierferay@orange.fr