Lévis – Michel Bard est catégorique: avant d'investir 500$ dans l'achat d'un nouveau bois un, peut-être faudrait-il songer à consacrer cette somme pour un fer droit, un putter, le bâton auquel il est le seul spécialiste de l'ajustement au Québec.
«C'est pourtant le bâton le plus utilisé au cours d'une partie et, on le dit souvent, c'est sur les verts que la partie se gagne», précise-t-il lorsque rencontré récemment dans son local de l'Académie de golf de La Tempête, à Lévis.
L'air réservé, certes, mais très attentif, on a devant nous un vrai de vrai, pour ne pas dire un maniaque. À travers les pièces de toutes sortes sur les établis, les machines bizarres sur roulettes et les ordis disséminés ici et là, il est dans son monde. Il se plaît d'ailleurs à le dire souvent lors de l'entrevue: «Le putting, c'est tout un monde!»
Deux types
Michel Bard a commencé comme spécialiste de l'ajustement des bâtons, au début des années 90, aux côtés du vétéran enseignant André Gingras. Puis, il y a sept ans, il a décidé de développer plus particulièrement le fitting des fers droits.
«Je suis le seul au Québec, mentionne-t-il. Il y a quelques gars qui font cela au Canada anglais et c'est aussi plus développé du côté des États-Unis, mais ici, dans la province, je suis le seul.»
Il es devenu le «disciple» de David Edel, un ancien joueur de la PGA qui avait abandonné la compétition justement parce qu'il… puttait mal! Il en a fait une spécialité et aujourd'hui, Edel Golf vend des putters haut de gamme ajustés aux clients.
C'est cet homme qui a établi, après ses travaux de recherche sur l'art de putter, qu'il y a deux types de gens lorsqu'on parle de l'exécution des coups roulés: les linéaires et les pendules.
«En résumé, explique Michel Bard, le putteur linéaire fait travailler ses mains alors que le pendule y va plutôt avec les épaules. Sur le circuit de la PGA, 75% des joueurs sont de type linéaire, les autres, pendule.»
Plusieurs éléments

Mais il y a bien plus d'éléments à tenir compte lorsqu'il s'agit d'ajuster un fer droit à une personne, tient à souligner Michel Bard.
«Il y a plein de composantes à regarder, dit-il, que ce soit la posture du golfeur, la longueur de la tige du bâton, la grosseur de la prise, le poids ou, encore, la forme de la tête. Vous n'avez pas idée à quel point la perception des formes est importante, à quel point quelqu'un peut être à l'aise avec une tête de putter en demi-lune et complètement perdu avec une tête régulière, soit une simple lame droite.»
Quand un client se pointe, Michel Bard sort d'abord son laser, question de vérifier l'alignement. Car tout se joue là: être capable de bien s'aligner pour diriger la balle là où l'on veut qu'elle aille. Pour y parvenir, il faut donc tenir compte de ces fameux éléments cités plus haut, pour en arriver à «créer» le putter permettant d'augmenter l'efficacité sur les verts.
«Parfois, raconte-t-il, les gens s'habituent à putter d'une certaine manière, se satisfaisant de leurs résultats. Un peu comme un tireur dont la mire, sur son arme, n'est pas bien ajustée. Le tireur le sait et corrige par lui-même le défaut pour obtenir de bons tirs. Pourtant, il suffirait d'ajuster sa mire et ce serait beaucoup plus facile pour lui. C'est la même chose avec les coups roulés. Il suffit juste d'ajuster le bon putter à la bonne personne et les résultats vont venir.»
Le prix de l'instrument
Au début de l'entrevue, on avait demandé à Michel Bard s'il était le gars à qui il fallait confier la tâche de trancher, advenant prolongation et que le tout se décidait sur les verts. Il avait souri, guère plus, avant de lancer:: «C'est un art, les coups roulés. Moi, mon travail se résume à l'instrument. Mais ça prend quelqu'un capable de bien lire les verts et de juger la vitesse de roulement pour maîtriser cet art à la perfection.»
C'est pourquoi il est conscient qu'il ne conseillerait pas nécessairement à tous les clients qui se pointent pour un ajustement, l'achat d'un putter Edel à 500$ et plus!
«Je peux très bien suggérer quelque chose d'équivalent dans les grandes marques connues, confie-t-il. Surtout si c'est un débutant ou une débutante. Les gens doivent d'abord apprendre à jouer, à être un peu plus à l'aise sur les verts.»
Mai on revient à la question: est-il un bon putteur, le gars qui va caler le roulé important lors d'une partie? Encore le petit sourire timide qui réapparaît, puis la tête se penche dans un geste modeste: «Quand je joue souvent, émet-il enfin, je m'en tiens généralement à environ 25 ou 26 roulés par parties.»
Oups! C'est pas beaucoup! Et comme on le dit souvent, il y a le bâton mais aussi la personne au bout du bâton…